Interview : Maxime Cousin

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Maxime Cousin en décembre 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Maxime Cousin : Salut Rudy, ça va pas mal car pour une fois il fait beau en Île-de-France.

Les Secrets du Kayak : Peux-tu te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Maxime Cousin : Je suis ostéopathe près de Vaires-sur-Marne. Cela fait 15 ans que je suis en cabinet libéral. Je travaille avec des kayakistes et depuis plus longtemps encore en ostéopathie. J’ai travaillé dans un pôle espoir, puis au pôle France, mais aussi avec des étrangers.

Côté kayak, j’ai commencé en 1991 j’avais 10 ans. J’ai commencé le sport par le judo mais ce n’était pas mon truc. Puis le foot, mais ce n’était pas mon truc non plus. J’ai suivi des copains au kayak, l’ambiance était bonne, j’aime le goût de l’effort et le côté nature.

Ça fait trente ans que je suis au club de canoë-kayak Lagny, à 30km de Paris, à côté de Disney. On est plutôt branché compétitions, mais il y a aussi un groupe loisir. On est axé slalom, descente à l’époque, on a eu des mecs en course en ligne qui ont été en équipe de France aussi. C’était multi-activité.

Moi j’ai commencé par le kayak, en cadet je faisais le combiné slalom/descente et de la course en ligne. Je navigue sur la Marne, ce n’est que du plat. Un peu plus haut il y a un petit bassin près de chez moi.

Ensuite, on faisait de l’eau-vive à gauche et à droite. Il y a La Cure, Le Morvan… c’était les spots des franciliens. En France, tu trouves de partout des spots de descente.

Les Secrets du Kayak : Tu préférais le slalom, la descente, la course en ligne ? Tu as fait également du canoë ?

Maxime Cousin : Quand j’ai commencé en 1991, on n’avait pas de canoë, on avait un vieux C1, ça ne me donnait pas envie d’en faire. Ensuite on a récupéré un athlète, Nicolas Leprêtre, qui faisait du canoë. Je suis ensuite passé au C1 et ça me booste maintenant. Je fais encore des compétition en C1 en slalom, en deuxième division.

En descente on n’en fait plus beaucoup, parce que c’est le circuit non olympique. Du coup ce n’est plus une priorité pour le club. Je fais encore du kayak en slalom pour la troisième division.

L’hiver je fais pas mal de kayak de course en ligne, pour la glisse et le plaisir de naviguer. Là depuis cet été, j’ai commencé le canoë de course en ligne. Je devais m’y mettre quand on s’est rencontré, mais au final j’en ai fait en août et suite à un petit souci au club, ce qui fait que je n’ai plus accès à mon bateau dans les mêmes conditions, et maintenant il fait froid.

Donc l’eau froide dans le vent, sans vestiaire pour se changer, c’est un peu pénible. Mais je m’y remettrai.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que pour toi le canoë de slalom c’est plus dur que le kayak de slalom ou inversement ?

Maxime Cousin : L’équilibre n’est pas le même. En canoë de slalom tu es à genoux, donc tu es plus haut dans tes appuis, tu as une instabilité un peu plus grande mais tu as une meilleure visibilité. Tu as une allonge plus forte. Tu as une seule pale.

Le kayak de slalom, c’est plus stable que le canoë. Les bases sont les mêmes dans le coup de pagaie. Le jour où tu esquimautes c’est gagné parce que tu vas vraiment évoluer rapidement. Il y a davantage de jeu avec les courants. Pour moi, la difficulté est la même pour les deux.

Les Secrets du Kayak : Lorsque tu es passé en C1, de fait tu étais meilleur en comparaison aux autres ?

Maxime Cousin : Non, fin des années 90 il y avait moins de canoës, moins de concurrence. Mais dans mon club, les trois mecs avec qui j’étais, ils allaient super vite. En cadet 1, eux ils étaient champion de France en cadet en slalom en équipe. En descente, l’un était aux portes de l’équipe de France en descente, l’autre était parti faire des coupes du Monde en junior. Le troisième c’était Benjamin Boukpeti, il a été médaillé à Pékin en kayak pour le Togo en slalom.

Donc j’étais avec une génération de forts. C’est bien c’était une émulation, mais du coup de passer en canoë ça a changé la donne. J’ai pu m’épanouir un peu plus.

Les Secrets du Kayak : Cela te démotivait d’avoir des gens si forts devant ?

Maxime Cousin : C’était des ados, donc un peu des coqs dans la basse cours. Il y a une émulation mais c’est compliqué. Dès que tu arrives sur des rivières d’eau vive, le principe de la descente c’est la reconnaissance. Tu fais le petit train pour pas qu’il y ait de prise de vague. Sauf que quand tu as un écart avec les gars parce que tu es en fond de classement, il y a une trop grosse marge et tu prends toutes les vagues.

Quand j’étais cadet, j’avais des juniors il y avait que des forts, ils revenaient tous avec une médaille. Sauf moi. Donc je suis passé C1 histoire de faire quelques petites médailles à gauche et à droite quand je le pouvais. 1998-1999 on a était champion de club de descente. Il y avait la lute contre Marseille.

J’étais davantage motivé par le C1.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’à un moment, tu as du choisir entre la descente et le slalom ?

Maxime Cousin : Non ça s’est fait naturellement parce que le club a aussi changé les objectifs. Il y a eu l’intérêt des contrats d’objectif qui rapportent de l’argent au club. Du coup il y avait les sports olympiques tel que le slalom et la course en ligne.

Il y avait un intérêt que de basculer plus sur la course en ligne pour les descendeurs et plus vers le slalom pour les autres. Moi j’ai basculé sur le C1 slalom.

En terme de résultats, je ne me suis jamais rapproché des meilleurs. En cadet, j’avais une petite surcharge pondérale. Donc j’étais loin dans les classements. Puis je passe en junior, au lycée je passe en sport études et au pôle espoir à Vaires-sur-Marne en m’entraînant sérieusement.

Mais je commençait le canoë donc je partais avec du retard par rapport aux autres. Ma meilleure année, c’était en passant mon Bac, en terme de poids et d’activité j’étais pas trop mal. J’ai eu une année off après le Bac parce que je me suis trompé dans les études, du coup je me suis davantage entraîné. Donc les résultats sont arrivés, je suis monté dans le haut de la N2. Sauf qu’après, les études m’ont rattrapé.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce que tu penses qu’il te manquait pour percer et être à haut niveau ? Est-ce parce que tu n’as jamais atteint le haut niveau que tu n’as pas perdu la notion de plaisir pour continuer aujourd’hui ?

Maxime Cousin : Je partais avec cette fameuse surcharge pondérale, j’ai été élevé avec un régime à la française culturelle. La nutrition ce n’était pas ça. Actuellement je suis à 70kg, je suis monté à 86kg quand j’avais 18 ans. 15kg d’écart c’est énorme !

2001-2004, je me suis beaucoup moins entraîné. Il y a des générations au club que je n’ai pas connu.

J’ai continué parce que j’aime la glisse et la compétition. J’aime me démonter la tête sur une course, sauf qu’à 40 ans ça fait mal. S’entraîner c’est tricher. Quand je monte sur l’eau maintenant, ça fait mal.

J’ai même fait un 5000m en course en ligne alors que ce n’est pas ma discipline. J’y vais pour donner des points au club, pour les gens et la transmission aux jeunes. Normalement je m’entraîne avec deux natations par semaine et deux entraînements de bateau par semaine. Mais ça c’était avant les problèmes du club. Mais j’ai un gamin de huit ans qui va bientôt me pousser davantage sur l’eau.

La natation, je le fait pour le travail respiratoire et le foncier. La natation me fait travailler sur des rythmes, sur des séries, du travail de glisse. Ça m’a fait sécher. Et je peux le faire l’hiver tranquille.

En revanche je ne fais pas de musculation, c’est prévu, mais pas pour cette année. Je préfère privilégier mon cardio pour le slalom, avoir la caisse de ce point de vue. Je préfère arriver encore frais à la fin de la course.

Ensuite, je fais de la course à pieds mais à un moment les articulations aiment moins bien ; et du vélo mais il faut avoir le temps de partir pour quatre heures.

Si j’avais pris en compte tout cela avant ça aurait pu changer la donne, mais je ne regrette rien. Ce que j’apprends encore aujourd’hui, j’essaie de le transmettre à ceux qui le souhaitent.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce qui t’a amené à faire des études d’ostéopathie ?

Maxime Cousin : A la base je voulais faire kiné, m’occuper des gens, et travailler dans le sport. Donc c’était kiné qui me paraissait le plus évident. J’avais une tante kiné.

Après le Bac, je devais partir en province faire ces études dans une école, et à un mois de la rentrée scolaire l’école me contacte pour me dire qu’ils ont trop d’inscrits et qu’ils ne me prennent pas.

Du coup le bec dans l’eau, j’ai du prendre mon deuxième choix dans mon parcours sup, c’était fac de médecine, un truc que je ne voulais pas faire. Avec une ambiance très spéciale. J’ai fait trois mois, et le reste de l’année je me suis entraîné. C’était ma meilleure saison.

Je me suis rendu compte que la Fac ce n’était pas pour moi, il me fallait une école, j’ai vu une annonce en école d’ostéopathie. J’y suis allé et j’y suis resté, et sur un coup du sort en fait je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais faire.

Les Secrets du Kayak : Quelle est la différence entre kiné et ostéopathe ?

Maxime Cousin : Le kiné dépend de la prescription médicale, et c’est remboursé par la sécurité sociale. Donc le patient ne paie quasiment rien.

En ostéopathie on va davantage parler de rééducation, de réhabilitation, donc il y aura plein d’accessoires tels que des électrodes... et en ostéopathie ce n’est que du travail manuel sur la globalité du corps.

Ça se rapproche de la chiropractie puisque c’est l’étude de la globalité du corps. Comment travailler dessus, comment l’améliorer. On est donc sur une pratique indépendante.

J’ai commencé mes études d’ostéopathie, ce n’était pas encore légalisé en France. Depuis c’est devenu réglementé. Maintenant il y a de plus en plus de pratiquants. Il existe des types de pratiques différentes. Tu appliques celle que tu préfères avec les affinités que tu as, et tu as ta patientèle qui se forme comme ça.

Moi je préfère appliquer les techniques douces. L’idée, c’est de s’adapter au patient. Je commence par du soft, je finis par deux minutes de craque, pour déverrouiller avec un effet rapide, et que ça tienne sur le temps. Et s’il faut faire des techniques crâniennes, pas de soucis (c’est un peu comme l’étiopathie). L’étiopathie au début c’est un peu mystique mais tout est question d’adaptation.

Les Secrets du Kayak : Combien de temps tu as mis pour travailler avec des sportifs ?

Maxime Cousin : J’ai commencé mes études d’ostéopathie en 2000, et en 2002 j’avais un pote de club qui était en équipe nationale belge de slalom, qui me demande de le suivre sur le championnat du monde de kayak à Bourg-st-Maurice.

Je ne connaissais pas grand-chose mais j’ai fait ce que je savais. J’avais 21 ans et officiellement je n’étais pas ostéopathe. Je pense que quand tu fais un sport olympique, l’objectif c’est les JO. C’était une première étape pour moi. Je leur ai fait faire de la récupération musculaire et articulaire, et rentrer dans le système.

2004-2006, je me remets à fond dans les études.

2006 je suis diplômé, et 2007 je reviens dans le circuit.

Ensuite Benjamin me propose de le suivre sur différentes courses pour préparer Pékin. Sur une course nationale 1, je rencontre le coach de Benoît Peschier qui était médaillé olympique en 2004. Il me propose de suivre Benoît sur les piges slalom en 2008 pour les sélections olympiques. Du coup je suis parti à Barcelone. Et par le réseau, je pars bosser sur les JO de Pékin. Et là ça commence à être sérieux.

Donc 2008 j’avais 27 ans, j’étais super jeune pour bosser aux JO. Tu as déjà du entendre parler de la course aux accréditations ? Donc il y a ceux qui le sont et qui ont le ticket d’or, et ceux qui ne l’ont pas, ils bossent mais à côté sans le ticket officiel. Ce qui était mon cas.

Donc je ne pouvais pas aller au bassin à 50km du village olympique. J’étais logé avec des sud africains, et les athlètes faisaient la récup à la maison. Les conditions climatiques étaient chaudes et humides. J’ai passé quasiment tous mes JO dans la maison, à ne pas bouger pour être au top physiquement pour les athlètes.

C’était en 2007 que j’ai commencé à travailler avec le pôle de Vaires-sur-Marne. J’ai bossé avec des gamins de 16-18 ans jusqu’en 2010.

En 2011 j’ai Christophe Rouffet DTN qui vient me voir parce qu’il lui manque un kiné. J’ai accepté.

De 2011 à 2019, j’ai travaillé en officiel avec le pôle France, et de 2019 jusqu’à aujourd’hui non-officiellement avec les athlètes du pôle. Ça veut dire qu’ils peuvent venir me voir quand ils le veulent, au cabinet.

Je suis à 15min du pôle France. Donc quand ils se blessent ils m’appellent et on s’arrange. Ça m’arrive de les voir le dimanche, je suis plus flexible de cette façon. Tout est une question de budget et de volonté. Par exemple, ça fait dix ans que je suis Guillaume Burger.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que ça t’es arrivé d’avoir eu une accréditation pour suivre des athlètes étrangers ?

Maxime Cousin : En 2012, je bosse pour un athlète autrichien. Il y avait un kiné officiel qui était son beau frère, il ne voulait pas bosser avec lui mais avec moi. Donc sur la compétition j’avais un accès journalier avant les jeux seulement.

Mais pour les JO je me suis débrouillé, j’ai récupéré une lanière officielle que j’avais récupéré d’une accréditation ressemblante à l’officielle, et du coup j’ai passé les contrôles le jour de la course avec un ticket officiel spectateur. Je me plie en quatre pour mes athlètes.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que c’est parce que tu n’as pas réussi toi en tant qu’athlète que tu veux aider au maximum les autres à réussir ?

Maxime Cousin : Non, je fais un métier qui aide les gens donc j’aime les gens. Et je vois les athlètes galérer au quotidien. Je préfère avoir moins de confort pour moi et en avoir plus pour les athlètes. C’est à eux de performer. Moi si je suis crevé ce n’est par grave, c’est eux le plus important, c’est eux qui s’entraînent le lendemain. Je me bats pour eux.

Mais j’ai déjà eu une vraie accréditation en 2013 avec la France aux championnats d’Europe de course en ligne. Ensuite sur des coupes du Monde. Mais la vraie accréditation sur les JO, je ne l’ai jamais eu.

En 2004, je n’ai pas bossé aux JO mais j’y suis allé. Et là le rêve olympique à Athènes je l’ai vécu en tant que spectateur, et c’était une grosse claque. Cette expérience m’a forgée pour la suite. Je n’avais plus ce rêve en tête, ça m’a permis d’être focus pour les athlètes.

Les Secrets du Kayak : Pourquoi depuis 2019, tu n’es plus au pôle France, on peut en parler ?

Maxime Cousin : On peut parler de tout. En gros, les JO devaient avoir lieux en 2020 et j’avais un contrat non officiel pour suivre les athlètes avec la fédération. En juillet 2019, je discute avec le dirigeant du pôle et il me parlait de gérer davantage d’athlètes et de voir ensuite pour m’augmenter. Et au 31 août, il me dit du jour au lendemain qu’on arrête de travailler ensemble, la veille des marathons pour certains, et à six mois des JO.

En fait, depuis le début il y a un petit conflit entre mon club de kayak et la fédération qui met le bazar, et comme le disent certains élus « faites attention à votre famille, vos enfants, et à votre travail » effectivement ils ont tapé dans mon travail.

Donc les athlètes ont demandé à savoir qui avait décidé, et officiellement c’est la décision de la direction technique nationale. Bon il y a peu de monde là-bas.

Moi de toute façon je fais de la gestion humaine, donc je leur ai dit que je le faisais gratuitement jusqu’aux JO. Ils ont refusé, ils m’ont payé 140 € le suivi pour l’année. Donc de septembre à février.

Puis le covid est là. Ils reviennent en juillet août quand tout rouvre. Et en septembre quand ils viennent pour repayer je leur ai dit que les JO n’étaient pas passés, donc j’ai refusé qu’ils payent.

Les Secrets du Kayak : C’est quoi l’histoire avec ton club ?

Maxime Cousin : Pour résumer, il y a eu un conflit entre le président du club et un adhérent qui a voulu faire un petit putsch en interne qui n’a pas fonctionné. Du coup il s’est retourné vers la mairie pour torpiller le club, la mairie n’avait pas à s’en mêler donc n’a rien dit.

Donc la personne a changé de club et est devenue vice président de la région Île-de-France de canoë kayak, et ensuite il recontacte directement la ville. Et là la ville suit le mec. Ils ont demandé des documents pour les faire analyser à la ligue, et on nous accuse d’être des tueurs d’enfants au conseil municipal, on nous accusait de ne pas avoir de diplômes pour encadrer tout en sachant qu’en kayak dans un club tu n’en as pas besoin réellement.

Il nous accusait de ne pas avoir les assurances des locaux alors qu’on était assuré. Nous, on laisse couler parce qu’on ne sait pas que ça vient de l’extérieur. Ensuite ils se font une réunion pour prévoir de désaffilier le club de la fédération, et créer un club un temps masqué pour récupérer les adhérents.

Donc un jour la police municipale arrive avec les gens de la ville pour ouvrir le cadenas du club, et tu te retrouves face à la police. Tu te retrouves ensuite en mairie pour justifier de qui tu es. Ils ont fermé le local, ils l’ont soudé. En fait ils ont fait une violation de propriété privée, on a eu un procès pendant deux ans, donc fermé pendant deux ans.

On gagne le procès du coup ils attaquent direct, sauf que le juge les envoie balader. Et ensuite ils refont le truc un peu plus dans la procédure. Du coup pour nous expulser ils disent qu’ils veulent récupérer le terrain.

Ils envoient un courrier en AR avec avis d’expulsion à notre siège social qui est en mairie. Donc ils garde l’accusé de réception. Par conséquent nous on n’est pas au courant de l’avis d’expulsion. Ça part en justice. Et un jour le juge nous appelle pour nous dire qu’il restent trois semaines pour rendre nos conclusions.

Donc tu arrives devant la justice sans avocat, sans pouvoir te préparer et tu perds forcément, et tu dois rendre le terrain et dégager en évacuant 230 bateaux. Sinon on paye 50€ par jour de présence.

Donc dans le fond ils ont créé une autre association, pour faire du business.

Là on est juste à 10km de Vaires-sur-Marne, c’est un énorme business local. S’il n’y avait pas eu les Jeux de prévu à Vaires, on ne se serait jamais fait torpiller.

Les Secrets du Kayak : Donc tu as récupéré tous les bateaux dans ton grand jardin ?

Maxime Cousin : Je n’ai pas un grand jardin mais oui maintenant j’ai 224 kayaks dans mon jardin. Donc si tu veux faire de la descente, de la course en ligne, du slalom, du K2…

L’association existe encore. Quand tu grattes un peu, les gens te suivent. On est 80 adhérents aujourd’hui. On a presque triplé.

On rapporte de l’argent pour le club, pour les gamins. Les kayaks sont la propriété du club. L’idée c’est que le gamin qui arrive et qui n’a pas d’argent puisse avoir un bateau pour pratiquer. Un gamin, ça change de bateau régulièrement en deux ans de pratique.

Un gamin qui vient au club il apprend au niveau nature, sport, investissement, au niveau de l’éducation. Et d’autant plus pendant les années covid. On prépare les remorques le dimanche matin pour eux.

Les Secrets du Kayak : En tant que sportif, est-ce qu’on va voir un ostéopathe seulement lorsqu’on s’est bloqué quelque chose, ou bien on y va aussi par prévention ?

Maxime Cousin : A la base, l’ostéopathie c’est du préventif pure pour tout le monde. Pour un sportif, pour du préventif on va se caler par rapport à sa saison. Ensuite on s’adaptera suivant les événements.

Pour les ligneux, l’année pré-olympique, je les vois une fois par mois au cours de l’année, en fonction de leur calendrier sportif. Ensuite je les revoyais après les courses. Mais l’année post olympique, ils sont moins sérieux, ils lâchent la bride.

Tu as des formations qui te vendent la pratique de l’ostéopathie pour le sport, mais c’est comme pour tout. Tu peux travailler dans le sport sans formation spécifique. Moi je suis content quand en sortant de formation, j’ai appris une ou deux choses.

Ostéopathe du sport, je n’ai jamais eu un confrère m’ayant dit que telle ou telle formation du sport déchirait. Mais il y a des choses intéressantes.

Les Secrets du Kayak : Quelles sont les problématiques que tu rencontres le plus avec les kayakistes ?

Maxime Cousin : Tout dépend, il faut distinguer les slalomeurs des ligneux. Tu vas avoir des pathologies au niveau du dos et des lombaires. Vu la musculature des ligneux, il existe beaucoup de gars ayant des hernies discales, des tensions musculaires énormes.

Il y a un vrai gros travail au niveau psoas et les adducteurs (niveau du bassin). Après tu vas tomber sur des pathologies d’épaules, plus en trauma pure chez les slalomeurs (luxations d’épaules), tout ce qui va entraîner des tensions de la nuque et des cervicales.

Tu peux aussi avoir des épicondylites externe ou interne suivant le type d’embarcation. Donc c’est surtout épaule-dos. Ce n’est que de la thérapie manuelle, mais voir le truc dans la globalité.

Le plus souvent, le kiné dépend d’une prescription médicale, ils sont donc restreint dans leur travail. C’est comme ça que les premiers kinés sont devenus ostéopathes. Parce qu’ils se sont rendus compte que ce qui leur étaient demandés ne convenait pas au patient. Donc ils ont fait des trucs en dehors du corps normal et ça a marché. Il faut trouver la source du problème.

Quand tu as une trauma pure, là tu pars du problème central pour ensuite t’éloigner progressivement pour voir ce qu’il se passe autour.

Quand tu as un problème qui arrive sans réelle cause, tu pars de l’extérieur et tu te rapproche progressivement. De cette façon, tu ne loupes presque rien.

Les Secrets du Kayak : Quels sont tes projets aujourd’hui ?

Maxime Cousin : Je reste ouvert à tout. Je ne suis pas si rancunier que ça, il ne faut juste pas se moquer de moi, et je privilégie toujours les athlètes. Quand la fédération me paie je bosse pour les athlètes, pas pour la fédération. Je gère de l’humain en direct.

On est décembre 2021, avec objectif des JO 2024. En course en ligne, j’ai des athlètes qui reviennent, d’autres qui vont vouloir travailler autrement, mais ce n’est pas un soucis tant qu’ils s’éclatent et performent.

Mon souhait, c’est de continuer jusque 2024 avec les athlètes de course en ligne. Je travaille avec des athlètes autrichiens, du coup je vais faire la saison avec eux, ce sont des slalomeurs. Il faut les suivre sur des coupes du monde, des camps d’entraînement, sur les championnats du monde, et si tout se passe bien on continue après jusqu’aux JO. Je fonctionne par olympiade. Si d’autres veulent bosser avec moi, pas de problème.

Les Secrets du Kayak : Tu voulais aborder d’autres points ?

Maxime Cousin : Oui, bosser sur le préventif !

Pour moi, il y a un axe non développé dans le kayak, et dans tous les sports. C’est la prévention musculaire et alimentaire auprès des jeunes de 16-18 ans. Il faudrait qu’il y ait un gros travail de fait pour leur faire comprendre que l’étirement, le yoga, l’alimentation, l’hydratation, prendre du temps pour soi, pour sa famille… tout cela est important.

Tu as fait un podcast avec Yann Gudefin, je trouvais que son discours était vachement bien. Je pense qu’il faudrait dupliquer ça dans tous les pôles espoirs pour que les gamins, une fois arrivés en senior, aient réellement toutes les bases.

Ne pas faire de nos gamins que du consommable. Il faut un réel suivi, parce que dans le kayak il y a eu des problèmes de dépression, de boulimie et d’anorexie, des problèmes de suicide aussi. Il faut vraiment prévenir de tout cela. Il faut former nos gamins.

Je parlais de toi avec un patient, il se demandait comment tu avais fait pour prendre autant de masse, il se demandait si tu avais pris des trucs. Donc je lui ai dit que je t’avais croisé quelques fois, et que sincèrement vu le travail que tu fais depuis 20 ans ton évolution est logique.

Et on ne deviendra pas tous champions olympiques ou on intégrera pas tous l’équipe de France, mais il y a aussi l’importance de ceux qui ne sont pas devant et qui peuvent toujours aider leur club. Chaque personne est importante et a son rôle.

Les Secrets du Kayak : La prévention est un point que j’aborde dans mes autres activités. Et récemment dans la formation gratuite Des secrets du Kayak que tu as pu lire. Pour moi, cette notion de prévention et de sensibilisation ne peut passer que par les athlètes de haut niveau. Ce sont eux les exemples. A mon sens ça ne fonctionne que si c’est eux qui vont en parler autour d’eux, dans les pôles espoirs…

Ce n’est que l’exemplarité qui peut fonctionner. Ensuite par rapport à la fédération, ça serait à eux de le mettre en place, même si je ne sais pas comment ça passe.

Maxime Cousin : Autre exemple du coup. Quand j’étais cadet, donc fameuse surcharge pondérale, il y avais un mec en senior super fort, qui me dit «  pour perdre ton poids c’est simple, pendant une semaine tu sautes un repas, et ensuite une journée de repas, et après tu fais ça ».

Du coup quand tu analyses le discours, tu te rends compte que c’est un mec qui est en haut niveau qui te donne ce type de conseil, qui est une hérésie totale, et tu vas le suivre. Donc il y a un souci. Et à cette époque j’ai suivi le conseil.

Les Secrets du Kayak : Après on a aussi besoin de faire ses propres erreurs pour apprendre, et le but du podcast c’est justement de montrer cette exemplarité. Je me souviens du podcast de Maxime Beaumont qui avait expliqué beaucoup de choses pour sa préparation de 2016 et j’avais trouvé ça extrêmement exemplaire.

C’est tout un travail de communication qu’il reste à faire. Je fais « ma part » mais je ne peux pas aller plus loin pour le moment.

Maxime Cousin : Maxime a fait un gros travail de 2012-2016 que de s’ouvrir aux autres. Sincèremen,t je pense que Maxime restera dans les livres parce qu’il s’est démocratisé, il est allé voir les autres compétiteurs, les clubs,… moi je dis respect, il a une parole qui porte.

Oui, le discours doit venir des athlètes de haut niveau.

Vous pouvez contacter Maxime Cousin via son compte Facebook.

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