Interview : Sylvain Curinier

Ceci est une retranscription écrite du Podcast enregistré au mois de mars 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Sylvain Curinier : Très bien, je fête aujourd'hui mes 52 printemps donc c'est un grand jour !

Je balance entre le côté de la vieillesse et encore le côté de la jeunesse je suis entre les deux, tout va bien je suis en pleine forme.

Les Secrets du Kayak : Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter rapidement ?

Sylvain Curinier : J'ai passé 52 ans essentiellement dans le milieu du canoë-kayak.

Je suis né à Lons-le-Saunier à la frontière de l’Ain et du Jura, tout à côté d'Oyonnax.

J'ai passé beaucoup de temps au bord de l'eau et des rivières, et aujourd'hui je travaille à la Fédération de Canoë-Kayak depuis bientôt sept olympiades.

J'ai longtemps été entraîneur national de canoë-kayak en slalom, et aujourd’hui je suis plutôt sur l'accompagnement des projets olympiques et para-olympiques à la fédération.

Ça me passionne.

Les Secrets du Kayak : Tu as commencé par la pratique du canoë-kayak en slalom, c'est ça ?

Sylvain Curinier : Oui, j'ai attaqué cette belle discipline dans un tout petit club qui était principalement orienté sur la navigation en rivière, et le slalom.

Dans ma jeunesse l'idée était de participer au championnat de France dans ces catégories pour développer la multidisciplinarité, pour faire en sorte d'avoir pratiqué tous les milieux.

J'ai attaqué vers 11 ans, tranquillement.

Je pratiquais d'autres sport de plein-air avant ça.

J'ai commencé tranquillement car quand tu commences la navigation à Oyonnax, ça caille que ce soit l'hiver, le printemps ou bien même l'automne.

Je me suis vraiment engagé autour de mes 15 ans.

Les Secrets du Kayak : Au début avais-tu des objectifs de compétition ? Ou bien c'était seulement pour t'amuser ?

Sylvain Curinier : Seulement pour m'amuser !

Pour arriver à mieux me débrouiller sur une rivière, ou sur dans les piquets de slalom, mais aussi dans des bateaux directeurs qui sont pour la descente.

Mais surtout être avec un super groupe de potes.

J'ai attaqué avec mon professeur de sport, Paco Martinez qui m'a appris le kayak mais qui m'a aussi débauché de plein d'autres activités.

Il débauchait les meilleurs éléments au cross du collège pour leur faire pratiquer le kayak d'eau-vive.

J'étais sportif de base : je courais bien , je skiais bien, je nageais bien ; c'est à dire que je me développais.

Je n'étais pas dans une démarche de club de performance. J'étais dans de l'apprentissage.

Les Secrets du Kayak : Quel est ton premier souvenir de compétition ?

Sylvain Curinier : Mes premières compétitions devaient être vers 12 ou 13 ans, sur des petites compétitions départementales ou régionales.

J'ai un petit cumul de coupes qui sont restées chez mes parents. De très bons souvenirs !

On était très peu. Dans la catégorie minime il y a maximum dix ou quinze jeunes.

C'est vraiment un tout petit comité.

Les Secrets du Kayak : A partir de quand tu t'es inscrit dans cette démarche de haut niveau, et ainsi performer ?

Sylvain Curinier : Je crois que c'est lors de ma première année cadet, où j'ai eu l'occasion de me sélectionner aux championnats de France.

Donc vers mes 15 ans en équipe avec le club, c'était sur Bourg-Saint-Maurice.

On a gagné le titre de Champions de France en descente de rivière.

Ça m'a sur-motivé pour l'année suivante, pour être dans les meilleurs cadets pour le championnat de France.

Il me semble que c'est à partir de ce moment là que je me suis entraîné d'avantage ! Ça commence à dater !

J'étais très motivé mais je ne me suis pas entraîné plus en kayak car à Oyonnax tu ne pouvais pas t'entraîner de façon spécifique tout au long de l'année.

On s'entraînait quasiment tous les jours avec Paco qui avait les clefs du gymnase.

On faisait des circuit-training, du roller dans le gymnase du collège, beaucoup de ski de fond, beaucoup de sport-collectif (foot, handball…)

Et à la fonte des neiges avec l'arrivée du printemps, il y avait beaucoup d'eau qui tombait, les rivières qui montaient.

On avait des spots excellents pour faire du kayak d'eau-vive, et là on pratiquait tous les jours.

Je me souviens que c'était toujours au moment du changement d'heure.

Je n'étais pas beaucoup à la maison à partir de cette période, tous les jours après l'école on partait à la rivière.

Rendez-vous au club, charger le camion, descendre à la rivière.

On naviguait, on ne s'entraînait pas !

Je ne crois pas m'être entraîné avant junior. Pour moi, la navigation c'était le jeu !

Le jeu et la joie sont le fondement de mon travail !

La joie de pratiquer, de s'entraîner, pour moi c'est une émotion fondamentale pour générer une progression, et arriver comme par magie au plus hautes performances.

Chose que j'ai pratiquais depuis mon plus jeune âge avec Paco que je n'arrête pas de citer, parce que c'est lui qui m'a fait expérimenter que finalement, l'entraînement n'est pas suffisant, il fallait avant tout s'amuser, s'éclater pour être super enthousiaste et progresser et arriver aux compétitions au top !

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'en cadet 2, tu as performé à la hauteur de tes attentes ?

Sylvain Curinier : Oui, j'ai eu de la chance, c'est à dire que j'avais des qualités.

J'ai gagné le titre en cadet de slalom, même si ce n'était pas ma spécialité de base j'avais une grosse caisse et une bonne technique, j'ai fait troisième en descente.

Il y avait le combiné, et je le gagne.

Donc je gagne deux titres individuels, je fais un podium en descente, et on gagne les deux titres par équipe avec les potes du club, donc c'était une super année, et un super souvenir.

A ce moment je suis rentré en équipe de France junior.

J'y est découvert les premières dotations, les premiers gilets avec écrit équipe de France dans le dos.

Des trucs de dingue pour un jeune !

La possibilité d'avoir des pagaies comme des grands, à prix préférentiel.

J'ai acheté une pagaie comme celle des seniors, j'avais une pagaie 2.6 pale 20 en slalom.

J'étais cadet, un gabarit pas très costaud assez longiligne, et j'étais comme un dingue avec ma pagaie toute en carbone.

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Les Secrets du Kayak : Je sens beaucoup de naïveté, de joie d'avoir pu faire comme les grands mais tu devais t'y attendre à tout cet univers non ?

Sylvain Curinier : Non je ne m'attendais pas à ça, ça m'est tombé dessus, c'était des cadeaux tombés du ciel.

Se sélectionner, pour moi c'était avoir accès à un stage et une compétition internationale en Autriche, donc voyager, aller à l'étranger avec tous les meilleurs jeunes français qui sont tous devenus des amis après.

Ça c'est déjà exceptionnel !

Mais les dotations à savoir un survêtement, un gilet, c'était très symbolique.

On naviguait avec France dans le dos, comme les grands.

C'est une valeur ajoutée incroyable qui motive énormément et même encore aujourd'hui.

J'ai commencé le niveau international en cadet 2, j'avais trois ans de différence par rapport aux meilleurs de ma catégorie.

Ça ne m'a pas marqué cette différence, l'idée c'était de continuer sur cette lancée sans avoir un plan prédéfini.

Je n'ai jamais espéré aller sur des équipes de France senior ou junior. J'ai pris ce qui était bon à prendre, sans pression.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as eu un parcours scolaire aménagé à partir de ce moment là ?

Sylvain Curinier : Non parce que à mon époque il n'y avait pas tout ça.

Par contre l'aménagement était pratiquait par mon professeur d'EPS, qui au printemps nous donnait la possibilité de nous conduire après les cours après 17h et on revenait vers 20h30 tous les jours !

Sinon on pratiquait le mercredi et le week-end.

Je me suis fait mon propre aménagement, j'ai la chance de savoir travailler très vite, sans exigence hors du commun, et j'ai choisi mes études correspondantes.

J'ai fait un Bac Scientifique avec option biologie, moins chargé que si j'avais pris maths ou physique.

Je me suis orienté vers l'humain et le sport, et du coup je me suis orienté vers le STAPS.

Une voie d'étude à la base aménagée pour les sportifs. Ce n'est pas du haut niveau d'étude où tu bosses comme un dingue.

On était un petit groupe d'une dizaine de jeunes, embarqué par le prof d'EPS.

Aucune fille, c'était très sectaire, je ne sais pas si c'était voulu.

Que des kayak, pas de canoë.

C'était plutôt un esprit commando au début. Et après trois ou quatre ans le club de Paco s'est orienté vers une pratique plus diversifiée, avec du canoë, et des filles.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que d'autres copains de ce groupe ont aussi atteint l'équipe de France ?

Sylvain Curinier : Oui, mon mentor Philippe Vuitton qui avait deux ans de plus que moi, qui m'a montré la voie pour accéder aux équipes de France.

Il avait gagné le titre de champion de France junior. Et avec les copains du même âge on a partagé des sélections, des moments en équipe de France.

On est allé jusqu'en senior pour gagner des titres aux championnat de France senior.

Et après ça j'ai retrouvé des copains, à mes cotés, entraîneur national.

Mon premier poste d'entraîneur national était à Toulouse, on était en binôme avec Philippe Vuitton, mon modèle de l'époque !

On s'est retrouvé à entraîner ensemble les équipes de France, et aujourd'hui j'ai un pote qui est entraîneur national de Russie, on se retrouve dans nos métiers aujourd'hui.

On doit une grande reconnaissance à Paco et à tous les parents qui l'ont énormément aidé au niveau de la logistique, l'organisation, d'avoir eu des bons camps de base.

C'était pas évident, j'ai construit mon premier kayak ! Ça ne s'achetait pas des kayak de compétition.

On avait des moules, on fabriquait tout ça avec de la résine, les normes sanitaires d'aujourd'hui n'étaient clairement pas respectées.

On maniait la résine, l'acétone, et tous les produits chimiques...

Les Secrets du Kayak : Quand tu es sélectionné en équipe de France, tu es sélectionné pour la descente ou pour le slalom ?

Sylvain Curinier : Pour le slalom.

J'ai été sélectionné et j'ai fait toute ma carrière en slalom, même si j'aurai pu choisir d'être dans les meilleurs nationaux en descente, mais mon cœur balançait du côté du slalom.

Et les programmes étaient incompatibles, donc j'ai choisi slalom même si je continuais à pratiquer la descente jusqu'en junior, voire même jusqu'en senior.

J'ai fait des marathons de l'Ardèche, j'aime beaucoup cette navigation en bateau directeur (c'est son nom maintenant).

Avec les pales creuses, un appui quand même très différent de celui du slalom.

Au niveau du club on ne pouvait pas faire les deux en même temps, ça demandait trop d'organisation, trop de temps.

La rivière qui coule à coté d'Oyonnax était aménagée pour le slalom. Je trouvais ça beaucoup plus ludique.

Mais je pense que si Paco avait été fan de descente, on aurait trouvé tout autant ludique la pratique de la descente.

On ne faisait que s'amuser en fait !

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Les Secrets du Kayak : Quand tu es arrivé en équipe de France, est-ce que tu as du changé d'entraîneur ?

Sylvain Curinier : Oui car l'entraîneur de club ne suivait pas.

J'ai découvert de nouveaux entraîneurs. C'était une équipe d'entraîneurs et non pas un entraîneur attitré.

Il y avait un référent junior. J'ai changé d'entraîneur de façon très ponctuelle en fonction des stages ou des compétitions.

Avoir une palette d'hommes et de femmes en tant qu'entraîneurs ça a beaucoup servi.

Hormis le référent national il n'y avait pas d'entraîneurs à plein temps.

Donc c'était la possibilité de découvrir d'autres perceptions de l'activité, d'autres champs d'investigation.

Pour moi c'était une vraie chance. Tout ce que je pouvais prendre je le prenais et c'était top !

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'à un moment tu as pris les compétitions très au sérieux, ou bien tu es toujours resté dans cet esprit de jeu ?

Sylvain Curinier : Quand je me préparais pour les sélections, pour les championnats de France, pour les championnats du monde j'étais très focus et très sérieux dans l'idée d'y arriver !

Mais le maître mot était de garder cet enthousiasme à naviguer, à progresser et avoir envie d'avancer et de profiter.

J'ai fait beaucoup de voyages qui font parti de la progression et de l'aventure.

Je n'étais pas obnubilé par les compétitions mais plutôt à franchir les étapes le plus vite possible et aller vite au delà de ce que je pouvais faire.

En junior, je n'ai pas été excellent mais j'étais dans les finales.

Je n'ai jamais vraiment percé de manière significative en international. Je suis toujours tombé sur plein de junior internationaux qui étaient tout simplement meilleurs que moi.

Je pense qu'il y avait un autre niveau de maturité de l'entraînement.

Moi j'étais peut être un peu neuf et pas tout à fait finit en terme d'entraînement et de préparation aux grandes compétitions.

Mais ça ne m'a pas porté préjudice. J'étais très très bon au niveau national, puisque j'ai gagné les championnats de France cadet.

Je gagne les championnats de France junior lors de ma première et deuxième année, et j'enchaîne très vite en senior.

Ma première année senior je fais troisième aux championnats de France. Au niveau national je vais beaucoup plus vite qu'au niveau international. Mais ça ne m'a pas atteint au moral.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'il y avait déjà une concurrence exceptionnelle au championnat de France comme on peut le voir aujourd'hui pour les sélections olympique en slalom où il y a trois ou quatre gars qui sont au top du top et qui pourraient gagner les Jeux ?

Sylvain Curinier : Il n'y avait pas les Jeux à mon époque !

Il y avait une très grosse densité oui, avec quatre ou cinq junior qui pouvaient atteindre le podium.

Il y avait une lutte serrée entre tout ce petit monde sur chaque compétition.

Le contexte Olympique à une place est arrivé bien plus tard.

Les sélections en équipe de France c'était quatre places, que ce soit en junior ou en senior.

Ça ouvre le débat et ça change complètement la donne.

Les jeux n'existaient pas pour le slalom donc moi le plan de carrière c'était de progresser, d'intégrer les équipes de France et de pouvoir participer aux plus de compétitions internationales possibles et de voyager.

Donc les coupes du Monde et les championnats d'Europe.

Pour la petite histoire les Jeux Olympiques en slalom ont été organisés pour les Jeux de Munich en 1972, sont sortis du programme ensuite et ont été réintégrés vingt ans plus tard en 1992.

Donc quand j'étais en cadet et en junior cette perspective olympique n'était pas dans ma tête.

Et quand les Jeux sont arrivés, pour moi ce n'était pas un rêve. C'était un objectif, une opportunité incroyable.

J'ai donc fait les Jeux à 23 ans.

Mais à la différence d'aujourd'hui, c'était le début, la réouverture du canoë et du kayak slalom.

En slalom il y avait la possibilité d'avoir trois kayak homme et trois canoë homme en fonction des quotas obtenus.

Et moi je me suis sélectionné troisième français pour les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 et j'y ai gagné la médaille d'argent.

Les Secrets du Kayak : Parallèlement tu étais toujours en STAPS ? Est-ce que tu arrivais toujours à bien aménager ton temps entre les études et l'entraînement ?

Sylvain Curinier : J'ai toujours réussi à passer les examens et à bosser à côté.

J'étais en collocation avec d'autres amis qui me filaient les cours quand je ne pouvais pas y accéder.

On devient senior à 19 ans. On est encore tout gamin, c'est une grosse étape.

Aujourd'hui il y a des programmes moins de 23 ans.

Il y avait quand même un statut d'espoirs internationaux mais si on voulait se sélectionner pour participer aux compétitions internationales il fallait être dans les quatre meilleurs senior de l'époque.

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Les Secrets du Kayak : En entrant en équipe de France, tu gardes la dimension multi-disciplinaire à l'entraînement ou tu ne fais plus que du kayak ?

Sylvain Curinier : Jusqu'à 18 ans, j'étais multi-sports : footing, ski de fond, vtt, sport collectif, très peu de musculation.

A Oyonnax, je ne pouvais pas naviguer de décembre à mars, on naviguait dans une piscine extérieur deux fois par semaine en slalom, il fallait au préalable casser la glace, la galère mais on aimait ça.

En mars on arrivait sur les premières compétitions à la ramasse sur le spécifique mais on avait une très grosse caisse, d'ici les sélections plus tard dans l'année on serait revenu au niveau.

A mes 19 ans, je passe senior, je fais le choix d'aller faire mon service militaire à Joinville et intégrer l'équipe de France, là j'ai franchi un cap sur l'entraînement spécifique avec du bi-quotidien notamment.

L'augmentation du volume d'entraînement était obligatoire pour le passage en senior.

Je m’entraînais déjà beaucoup en junior mais j'étais encore loin du volume senior, loin de la pratique annuelle spécifique slalom, loin de la PPG musculation... j'avais donc une marge énorme de progression.

Et ça paie : premier championnat de France senior je fais podium, c'était exceptionnel !

Un peu court au niveau international, je n'étais pas suffisamment bon il faut le dire.

J'avais du mal à être dans les finales. J'avais le potentiel mais pas réussi à l'exploiter à l'international, du moins avant les Jeux.

J'avais un esprit jeune : beaucoup d'enthousiasme, beaucoup d'inconscience, mais ma navigation n'était pas assez mature, je manquais de temps de pratique à haut niveau.

Mais j'y croyais, ma confiance était entière ! Toujours l'envie d'y retourner !

L'entourage était un grand soutien. Mes parents ne m'ont jamais mis de pression pour les résultats, ils m'ont bien protégé.

Et les entraîneurs m'ont propulsé dans une dynamique positive : s’entraîner, toujours y croire, pratiquer, et le résultat suivra même si ce résultat n'est pas si important, c'est la progression continue qui compte.

Les Secrets du Kayak : Les Jeux de Barcelone c'est la concrétisation ?

Sylvain Curinier : Oui je me sélectionne de justesse, c'est une opportunité de dingue.

J'avais 23 ans, je ne voulais pas attendre encore une olympiade suivante, je voulais matcher direct !

Pourtant je rate un peu la première manche en bas, résultat à la ramasse.

Heureusement il y a deux manches et j'étais confiant.

Il me manque 17 centième pour être premier !

Aujourd'hui je n'en retiens aucune frustration, j'étais l'outsider c'était une opportunité folle.

Je partais en début de catégorie, j'ai fait une descente de dingue et ça a failli aller au bout.

Un paquet de leaders mondiaux se sont cassés les dents sur ma manche et un seul a réussi à me passer devant avec 17 centièmes.

C'était un athlète au cv bien plus fourni que le miens, j'étais déjà content de ce que j'avais réalisé.

C'est une superbe histoire même si j'ai parfaitement compris ce jour là la différence entre gagner et faire deuxième.

Entre être champion olympique ou vice champion olympique il y a une énorme différence au niveau reconnaissance nationale mais à l'époque ça m'importait peu.

Je suis passé de petit jeune prometteur à leader français !

Je suis propulsé au devant de la scène nationale et internationale en 107 secondes en réalité.

Ça m'a perturbé, en si peu de temps en arriver là, on change de dimension.

Je n'avais pas prévu ça, c'est encore maintenant des souvenirs incroyables.

Ça te propulse sur l'idée que les Jeux c'est sympa donc faire les prochains sera chouette.

C'est des moments de carrière incroyables que je souhaite à tout le monde.

Les Secrets du Kayak : Ensuite tu n'as pas re-performé au niveau mondial ?

Sylvain Curinier : Exactement, j'ai enchaîné très vite une seconde carrière.

J'ai fait un choix : rebasculer dans des études pour devenir professeur de sport.

Je me voyais bien entraîneur national pour l'après carrière donc dans cette perspective j'étais à l'université mais il me fallait un plan B garanti, une sécurité professionnelle.

J'ai fait 2 ans d'étude à l'INSEP et ça m'a plombé sévère !

Impossible de m’entraîner à Paris comme je le souhaitais.

En 1992 je suis en pleine réussite et le système national me fait changer d'entraîneur... et ça ne m'a pas convenu.

Je gagne ma seule coupe du monde en 93 mais ça s'effrite ensuite jusqu'à une non sélection en 96.

J'avais déjà en tête de devenir entraîneur, vers 23 ans l'idée s'est forgée en STAPS.

Je me suis embarqué sur un bac+5 mais sans débouché professionnel.

A 25 ans je n'avais pas de travail, d'où le professorat de sport.

Au final ça ne m'a pas aidé à préparer les Jeux, tout le contraire !

J'étais toujours bon en national mais pas plus loin.

Je loupe ma sélection en 96 et je loupe aussi ma sélection monde en 97. Je suis la ramasse complète à ce moment là.

Dans ces années là, j'ai beaucoup appris pour orienter mes choix et directions d'entraîneur d'aujourd'hui.

C'est dans l'échec que je me suis forgé mes meilleurs outils d'entraîneur.

Les Secrets du Kayak : Tu as donc stoppé ta carrière très tôt ?

Sylvain Curinier : Oui à 27 ans ! Carrière fulgurante.

Ce n'étais pas prévu pour moi de m'arrêter si tôt.

Quand je deviens professeur de sport à 27 ans, mes résultats en kayak sont en deçà des attentes du DTN de l'époque, toutes les catégories sont au top mais pas le kayak homme.

Moi je suis moyen à ce moment et mes camarades homme également.

On me propose alors de passer entraîneur national avec le gros défi d'amener un kayak homme sur le podium à Sydney !

Surpris, je me fais confirmer que j'ai bien compris la proposition.

« Tu arrêtes ta carrière d'athlète Sylvain et tu embraies aussitôt sur une carrière d’entraîneur élite pour préparer les meilleurs français pour nous ramener le titre olympique en kayak homme pour la première fois en France »

Un choix très difficile car inattendu !

Je voulais devenir entraîneur c'était prévu mais de manière progressive, faire le parcours classique.

Là coup de poker du DTN, un gros pari.

Ils m'ont donné 24h de réflexion. J'ai consulté mes copains, mon entraîneur de jeunesse etc... j'ai réfléchi, et j'ai fini par me dire banco je le tente.

Me voilà à 27 ans à Toulouse entraîneur national des kayak homme, c'était mon premier poste.

Un chantier énorme d'entrée de jeu.

Je n'avais jamais entraîné auparavant, je n'avais qu'un bagage théorique, ça paraît invraisemblable en y repensant.

Mes années d'études m'avaient donné une crédibilité aux yeux des dirigeants, d'où leur proposition.

Je n'avais qu'une condition : qu'on me donne les moyens d'être accompagné pour apprendre très vite et ne pas rater.

Je croyais dans ce défi mais je n'étais pas dupe je connaissais la difficulté, je voulais quelqu'un pour m'aider.

Les Secrets du Kayak : Raconte nous ces premiers mois !

Sylvain Curinier : Ça s'est bien passé, un chantier comme prévu.

Une équipe de pagayeur vieillissante puisque c'était ma génération, mes concurrents directs de l'époque ; et derrière une belle génération en devenir qui arrivait.

J'ai posé une stratégie avec l'horizon de deux olympiades : Sydney dans l'immédiat avec la première génération, et la nouvelle génération de jeunes pour la suite.

Une vie de dingue, c'est quasi obsessionnel comme métier.

Tu ne vies et ne pense qu'à ça ! Très intense !

J'avais la double casquette : entraîneur et préparateur physique grâce à mes études.

Ils m'ont fait confiance pour intégrer la préparation physique en slalom, à l'époque c'était assez novateur.

J'ai amené la préparation musculaire que j'avais moi même expérimenté personnellement en 92.

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Les Secrets du Kayak : Objectif rempli à Sydney ?

Sylvain Curinier : Non. En sélection, je n'ai qu'un gars donc le niveau français est faible.

Je pars avec le meilleur français du moment, il avait fait quatrième à Atlanta.

Prometteur mais grosse désillusion en finale, il fait huitième.

Au debriefing, il est déçu mais content d'avoir tenté sa chance et du travail accompli ensemble.

Moi en revanche gros coup au moral : autant de travail pour faire huitième, je me suis interrogé sérieusement.

Je suis un gagneur je n'avais pas envie de ça, j'ai douté, je me suis demandé si j'allais y arriver et surtout si j'avais l'envie de retenter.

Il fallait préparer Athènes maintenant, et j'avais sous ma coupe des jeunes que j'avais préparé depuis plus longtemps.

Ça valait donc la peine d'y aller mais avec quelques changements quand même.

Je ne pouvais pas accepter le risque à nouveau de tout faire bien pour ne pas avoir le résultat escompté en finale.

J'ai donc testé d'autres pistes et ces jeunes m'ont permis d'être créatif, inventif.

Les Secrets du Kayak : Qu'as tu donc changé ?

Sylvain Curinier : Déjà changer d'état d'esprit : comprendre que faire tout bien ne paie pas forcément aux Jeux.

Ça peut fonctionner en cadet junior senior international mais pas à l'olympiade, ce n'est plus la méritocratie, on change de monde !

Dans le champs des possibles il y a beaucoup plus de risque de rater que de chance de réussir.

Mais on peut défier les pronostics, j'en suis la preuve en 92.

J'ai exploré le domaine des préférences motrices : individualiser son potentiel le moment venu.

Gros changement entre 2000 et 2004.

J'ai eu la chance d'avoir des athlètes qui ont performé très vite à haut-niveau.

Dès 2001, Benoît Peschier gagne une coupe du monde.

Fabien Lefèvre gagne un championnat du monde en 2002 à Bourg-Saint-Maurice.

Ça y est ça gagne les premiers résultats sont là.

La nouvelle génération prend la main.

J'ai fait éclore cette jeune génération, ils ont pris la place des anciens, on allait de l'avant.

Fabien gagne à nouveau en 2003 et se sélectionne pour Athènes.

On arrive à Athènes avec deux quotas avec Benoît.

Mais moi je savais que malgré tout rien n'était joué mais on allait le jouer à fond !

Les Secrets du Kayak : Tu transmets une philosophie du progrès avec malgré tout une culture de la gagne ?

Sylvain Curinier : Pour Athènes, cette culture de la gagne était fondamentale mais pas liée au résultat.

Un contexte porteur pour jouer tous nos atouts, et à la fin on comptera les points.

Fabien était favori, il fait une course en demi teinte.

Benoît a pris les devants.

Quand tu es entraîneur, tu pars aux Jeux avec deux athlètes et tu reviens avec un titre olympique et une médaille de bronze, tu ne peux pas rêver mieux !

Après 7 ans d’entraîneurs et deux olympiades, mon contrat était rempli.

Les Secrets du Kayak : La suite lorsqu'on est au sommet ? Remise en question ou on repart pareil ?

Sylvain Curinier : Le système fédéral évolue après 2004.

Orientation multi-discipline sur les pôles France pour que les athlètes se côtoient et puisse échanger.

J'étais exténué après deux olympiades à 200%.

Dans le nouveau système pour Pékin je ne m'y retrouve pas, je me repositionne sur le pole France de Toulouse qui devient énorme : 35 athlètes au lieu de 15 ; 5 entraîneurs au lieu de 2 ; l'arrivée de la course en ligne...

Je voulais me poser.

En France, il y a parfois besoin d'avantage de s'excuser de réussir que quand on rate.

En 2004, le terrain ne m'est pas favorable.

Je suis fatigué, j'ai géré une équipe de pitbull pendant 4 ans. L'équipe de France kayak homme est devenu la référence mondiale !

Gérer les individualités au sein de l'équipe est très fatiguant.

Les mettre dans un contexte porteur pour que chacun puisse s'exprimer individuellement.

Le kayak est un sport individuel mais à progression collective.

Les Secrets du Kayak : Tu n'hésites pas à t'entourer, à te faire aider lorsque tu ne maîtrises pas un domaine je me trompe ?

Sylvain Curinier : Tu as bien compris. Déjà étant athlète j'ai toujours fait appel à des gens pour m'aider, je n'ai pas de problème à demander si je ne suis pas à 100% connaisseur dans un domaine.

Entraîneur, j'ai continué ce fonctionnement en faisant intervenir des personnes extérieures spécialistes.

Préférence motrice à l'époque des Jeux d'Athènes, c'est précurseur !

Je rencontre Ralph Hippolyte en 2000 professeur à l'INSEP et il m'a convaincu, on a appris mutuellement sur le domaine, on apprenait en même temps qu'on expérimentait

Il m'explique qu'avec certains pagayeurs, j'avais un excellent feeling technique et avec d'autres beaucoup moins. Ça me perturbait ça.

Fabien par exemple je voyais les pistes d'amélioration, on se comprenait bien sur le langage technique.

Benoît à l'inverse j'avais l'impression que je devais lui réapprendre à pagayer, que je devais tout lui réexpliquer. Tu ne peux pas dire au leader mondial qu'il est nul.

Ralph a expliqué la notion de différence motrice. Ça m'a donné une puissance d'individualisation de coaching incroyable.

Comprendre mes pagayeurs et comment les faire progresser sur la base de leur point fort plutôt que vouloir corriger leur point faible.

Il y a un lien incroyable et fort avec la psychologie, on peut faire un lien entre comment on bouge et comment on pense.

Quel contexte environnemental est le plus porteur pour la pensée, c'est une idée de culture, il y a besoin de créer les conditions extérieures et intérieures pour aller plus loin que les autres.

On nourrit le corps à l'entraînement, il faut aussi nourrir le psychisme.

Les Secrets du Kayak : A la base tu es entraîneur de kayak, préparateur physique, et à la fin tu es entraîneur « humain » si on peut dire.

Sylvain Curinier : Sur un pole, 35 athlètes à manager, à individualiser. Ça donne 15 à 20 athlètes à gérer puisqu'on se partage.

Mais tu es susceptible d'intervenir sur une tranche de 35-40 athlètes.

J'ai débuté par la préparation physique car indispensable à mon sens, liée à la préparation spécifique évidemment.

Puis au fil de mon parcours, j'ai découvert les préférences motrices.

Aujourd'hui, je me considère comme préparateur méta.

Je ne suis pas préparateur mental.

C'est aller au delà de la préparation physique, mental, technique... je me positionne en supervision dans le but d'apporter le plus possible à tous les niveaux à ceux qui s'inscrivent dans un schéma de performance.

Le but est de produire cette culture de la gagne.

Les Secrets du Kayak : En 2008, comment se passent les Jeux ?

Sylvain Curinier : Je ne suis pas entraîneur direct, je suis entraîneur des jeunes.

Le DTN me demande d'intégrer le staff olympique pour Pékin.

Il me missionne sur un poste stratégique : l'analyse vidéo et des données.

Je fais les retours aux entraîneurs, et je fais office de chronométreur.

Pour l'anecdote, j'ai une accréditation du Togo à Pékin : on avait un arrangement à l'amiable avec Benjamin Boukpeti qui est franco-togolais, pour éviter d'utiliser d'une accréditation française sur ce poste puisque les places sont chères.

Désillusion du slalom à Pékin, Tony Estanguet courait pour son troisième titre olympique et là n'accède pas à la finale.

Fabien Lefèvre mon ancien athlète décroche l'argent au slalom.

Une olympiade compliquée en slalom donc.

J'avais un rôle annexe oui et suite à cette désillusion Tony me demande de faire son bilan.

Il est en plein doute sur la suite à donner, il me demande un avis extérieur.

Il finit par affirmer sa volonté de continuer et de gagner à nouveau aux Jeux mais à la condition d'être entraîné par son frère et par moi pour Londres.

Ainsi, je fais mon retour dans la haute performance après Pékin.

C'était un nouveau défi pour moi.

Je m'engage avec un double médaillé olympique qui vient de se planter à la dernière compétition, donc beaucoup de pression, j'en avais envie j'étais motivé par l'enjeu.

Remonter un projet olympique avec Emilie Fer et Boris Neveu, on était partis pour ramener 3 titres olympiques de Londres.

Je ne prends pas d'autres athlètes que ces trois là.

La différence avec Sydney et Athènes, c'est qu'il y a moins de quota et donc une seule place.

Pour se sélectionner, Tony ne peut pas imaginer que j’entraîne sa concurrence si on peut dire.

La question a été : comment monter un groupe élite au sein même de la fédération pour répondre au besoin du leader français.

Le DTN a donc accepté que je ne sois pas l’entraîneur d'un seul athlète, tout grand champion qu'il soit, donc je réussie à intégrer les deux autres athlètes.

Un team dans le team avec ces trois champions.

Tony voulait une référence en terme de vitesse à l’entraînement donc je prends Emilie et je prends un petit jeune qui monte que je connais bien et qui servira de lièvre à Tony sur les entraînements, Boris.

Je travaille encore avec Ralph Hippolyte et je fais appelle à un préparateur mental avec qui j'apprends des nouvelles techniques d'accompagnement.

Les Secrets du Kayak : Au final, cette team performance ça donne quoi ?

Sylvain Curinier : Le DTN me donne carte blanche sur un an pour voir, mais on a très peu de moyen...

Heureusement que Tony avait un nom, grâce à ça je monte un staff des plus grands spécialistes pour donner toutes les chances à ce team performance.

A la fin de l'année, on réévalue le projet donc il faut que ça fonctionne vite.

En 2009, Tony gagne les championnats du monde à Séoul donc ça a marché !

Après avoir raté Pékin, il est de retour c'était assez incroyable pour prouver qu'on était sur le bon chemin.

Emilie fait vice championne d’Europe, Boris une médaille en coupe du monde, le team est lancé.

Le DTN me redonne un an supplémentaire avant le bilan suivant.

2010 est encore une belle année : Tony regagne les championnats du monde en Slovénie.

Tony veut aller de cette manière aux Jeux donc on signe pour 2 ans cette fois !

Boris n'est pas sélectionné pour le kayak homme olympique malheureusement.

Je pars avec Emilie et Tony, et nous revenons avec les deux médailles d'or, une expérience incroyable !

Je suis très vigilant par rapport à ma réussite.

Il faut savoir rester à sa place. Il faut parfois s'excuser en France d'avoir autant de réussite.

Les anglo-saxons sont à l'inverse très fiers de leur réussite, ils en parlent très facilement.

En France, faut être discret sur tout ça, c'est mon expérience qui parle.

Les Secrets du Kayak : La variabilité de la fréquence cardiaque, tu peux nous en parler ?

Sylvain Curinier : Ça sert à évaluer la charge interne, son niveau de ressource qui n'est pas toujours corrélé au ressenti.

Ça permet d'évaluer son niveau de fatigue.

Ainsi, tu ajustes plus professionnellement le contenu et les volumes d’entraînement.

C'est basé sur la variabilité que peut avoir ta fréquence cardiaque que tu peux analyser grâce aux ceintures et aux montres dernières générations.

Tu répertories les fatigues classiques et voulus, et les fatigues néfastes qui tirent sur le sur-entraînement ce qu'on veut éviter à tout prix.

Ça fait pour moi partie des outils indispensables pour les entraîneurs.

A notre époque, maintenant les sciences de l'entraînement sont là pour éviter d'avoir un athlète en sur-entraînement.

Lorsque tu es sur de l'inédit à l’entraînement, tu as besoin de ces indicateurs pour en mesurer l'impact et ainsi valider ou invalider la méthode.

Le sur-entraînement arrive vite chez les jeunes, donc très utile pour surveiller ces athlètes en devenir qui veulent toujours imiter l’entraînement des grands.

C'est un bon indicateur de prévision des blessures.

Les Secrets du Kayak : C'est quoi l'entraîneur du futur selon toi ?

Sylvain Curinier : C'est un entraîneur qui sera spécialiste dans la management des meilleurs expertises dans des domaines qui lui semblent appropriés pour ses athlètes.

Un Adrien Bart en canoë n'a besoin des mêmes expertises qu'une Sarah Guyot ou un Maxime Beaumont par exemple.

Chacun a sa propre marge de progression.

L'entraîneur du futur devra entraîner tous les aspects humains mais aussi être un préparateur pour que ses athlètes réussissent à exprimer leur plein potentiel au bon moment.

On ne peut pas y arriver seul en fait.

L'entraîneur du futur devra savoir s'entourer des meilleurs sans pour autant être trop d'intervenants autour de l'athlète.

Les Secrets du Kayak : Comment arrive ta fin de carrière ?

Sylvain Curinier : Ça se termine avec l'aventure slalom en 2016.

J'ai orienté depuis mon envie sur l'apport de mes compétences sur toutes les disciplines olympiques et paralympiques de la fédération.

Aujourd'hui je travaille avec le DTN, des head-coach et des managers. Je suis très ciblé haute performance, tout ce qui m'intéresse c'est gagner les Jeux.

Il y a beaucoup de choses qu'on peut encore faire car aller en finale ça ne m'intéresse pas, je veux qu'ils aillent au delà !

J'ai monté à la fédération une cellule d'accompagnement de la haute performance qui propose aux athlètes et leurs entraîneurs des moyens.

Mon intervention n'est plus cantonnée à une spécificité.

J'ai pu travailler pour d'autres fédération comme la voile, la gym, l'équitation, le tir à l'arc...

S'ouvrir à d'autres choses pour toujours apprendre et devenir toujours meilleur pour gagner les Jeux de Paris !

Ce qui me passionne le plus en ce moment c'est la philosophie.

En l'étudiant, ça donne du sens à notre intervention, à notre préparation, à notre entraînement.

C'est fondamental de trouver ce sens pour ne pas perdre son temps car dans le sport de haut-niveau il n'y a qu'un gagnant. Que fait-on de tous les autres ?

Tony se dont il se souvient le plus, c'est de ses échecs tellement il en a eu.

Donc que faire avec tout ça ?

C'est leur donner un sens et ainsi évoluer, mieux se connaître mieux comprendre le fil de la vie.

Être satisfait de ce qu'on fait, on est ainsi content et tout va bien.

On peut en parler longtemps, j'en ferais sûrement un livre un jour !

Je lutte contre l'idée de travail à l’entraînement, je milite pour des mots tels que l'engagement, l'envie, des mots plus puissants que le travail.

Le travail mène à une finale olympique mais jamais à une médaille d'or.

C'est le désir suprême qui permet de l'avoir cette médaille d'or, cette envie fait la différence !

On accède à la finale avec le travail, mais ensuite la victoire c'est autre chose c'est émotionnel, à chacun de trouver cette émotion qui le fera gagner.

Vous pouvez retrouver Sylvain Curinier sur son compte Linkedin.

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