Interview : Etienne Hubert
Ceci est une retranscription écrite du Podcast enregistré avec Etienne Hubert en décembre 2020.
Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?
Etienne Hubert : Ben écoute, je vais très bien aujourd’hui. J’ai la forme en cette période de fin d’année 2020.
Je sors d’un stage de 3 semaines à Séville avec le collectif équipe de France, j’étais plus particulièrement avec le groupe du 1000 mètres. On s’est entraîné pendant 3 bonnes semaines sur le bassin de Séville.
On ne va pas là bas pour les oranges mais pour rechercher la chaleur et des conditions d’entraînements propices à la performance.
On a fait un beau bloc d’entraînement avec les collègues / copains.
A l’issue de ce stage, j’avais besoin de décompresser, de retrouver un peu de fraîcheur, pourquoi ne pas aller faire un petit tour de ski de randonnée sur les hauts sommets alpins. Je suis donc allé au massif de Belledonne avec deux copains, petite cabane, petit repas et neige fraiche donc au top.
Les Secrets du Kayak - Un besoin d’aventure ?
Etienne Hubert : Quand j’étais gamin, aujourd’hui j’ai 32 ans, j’ai commencé le Kayak très jeune avec des parents passionnés par le Canoë-Kayak, plus par l’aspect aventure.
Ensuite, j’ai fait beaucoup de Handball pendant 7 à 8 ans, j’en avais marre et j’ai du faire un choix, choix qui a été fait assez rapidement. J’en avais un peu marre d’être toujours enfermé dans des salles. J’avais besoin de faire des espaces verts, de la nature, faire quelque chose qui bouge et qui sort de l’ordinaire et je me suis donc vraiment concentré sur le Kayak.
A côté de cela, j’adore voyager, j’adore faire des trips avec des copains.
J’ai fait la traversée de la Norvège en auto-stop, ce qui m’a permis de naviguer sur de très belles rivières en Kayak, sur des rivières à volume sur des petits bateaux où tu sautes des chutes, où tu fais de très beaux passages. Ca a été une très belle expérience.
Et après les Jeux Olympique de 2016, je suis parti au Chili où avec un copain, en arrivant à Santiago, on a acheté deux vélos et on a descendu comme on était, c’est à dire avec pas grand chose : un sac à dos, un saucisson dans la poche et on a traversé la Patagonie en 3 mois et demi.
Pendant cette période, on a réussi à faire pas mal de randonnées en montagne et des très belles rivières (mythiques) en Kayak. C’était une très belle expérience pour redémarrer une olympiade en vue des jeux de Tokyo.
Les Secrets du Kayak - Des débuts précoces ?
Etienne Hubert : Légalement, on n’a pas le droit de commencer le kayak à 3 ans, il faut savoir nager. Mes parents m’ont mis au fond du bateau et ca allait. C’était une autre époque aussi, les années 1990 où il y avait un peu moins de normes et de législation dessus.
J’avais une mini pagaie mais à 3 ans, on ne fait pas grand chose, on dort surtout.
Pour moi, c’est des souvenirs, peut être pas ceux de quand j’avais 3 ans. Après, on a fait pas mal de rivières entre mes 5 et 8 ans.
Je me souviens d’une fois où il faisait froid, il y avait un orage, on était en Belgique et mes parents nous ont laissé chez une grand mère et ils ont fini la descente. Ils sont venus nous rechercher le soir et c’est vraiment un bon souvenir car on naviguait dans des gros groupes, on était une vingtaine d’adultes et une bonne dizaine d’enfants.
En fait, mes parents étaient passionnés de kayak. Ils s’y sont mis entre 20 et 30 ans. Ils ont débuté quand j’ai débuté, en fait. Ils n’ont pas d’antécédents importants pour expliquer que je sois vraiment accro.
Au début, ils organisaient ca au sein d’un cercle d’amis et après ils ont décidé de créer un club quand j’avais 8-9 ans. Il y a eu un premier club puis un deuxième club un peu plus grand dans une plus grosse ville sur Sedan et les deux ont fusionné pour donner le club du pays Sedanais, le club où je suis toujours.
Je suis fier d’y être et j’y resterais jusqu’à la fin de mes jours.
J’ai fait beaucoup de VTT quand j’étais gamin avec des amis et beaucoup de randonnées. J’ai toujours baigné dans les sports Outdoor que ce soit VTT, randonnées, ski aussi.
A chaque fois, c’était l’esprit aventure qui primait, plus que la compétition.
Si aujourd’hui, je fais du kayak à haut niveau, c’est pour l’aspect environnement, découverte.
Aller chercher une médaille olympique, pour moi, c’est une aventure.
Ce n’est pas juste un simple objectif sportif. Je ne le conçois pas comme ca et c’est pas ma vision des choses.
Il y a toujours l’envie d’aller poser un drapeau sur un sommet sans passer par la voie normale.
Quand j’ai commencé le bateau, le club faisait beaucoup de randonnées que ce soit sur eau plate ou sur eau vive. Quand j’ai grandi, au club, on avait un beau spot avec une belle vague qui faisait un beau rouleau et tous les hivers, on y était.
On faisait du freestyle et on s’éclatait bien. Le moniteur du club nous mettait sous le pont le mercredi et on jouait pendant deux heures et le samedi.
Petit à petit, j’en ai fait de plus en plus et j’ai vraiment apprécié ce côté “eau vive”.
Par contre, le problème, c’est que la vague ne fonctionnait que deux ou trois mois dans l’année et après pour faire de l’eau vive, il fallait toujours se déplacer dans les Alpes ou d’autres contrées ce qui était assez compliqué.
Alors qu’à Sedan, on dispose d’un super beau lac ce qui fait que rapidement, je me suis mis à faire de la course en ligne, dès mes 12 ans.
Au début, ca n’a pas été évident, j’ai pris beaucoup de bains. Je me souviens de séances bien compliquées. En parallèle, je gardais toujours l’eau vive l’hiver pour me renforcer et aussi pour l’épanouissement personnel.
En 2004, j’étais cadet, à l’âge de 16 ans, j’ai intégré le collectif junior de l’équipe de France de course en ligne où j’ai participé au championnat d’Europe.
A l’issu, je me suis dit que ce serait dommage de faire une carrière de haut niveau en course en ligne sans toucher à la descente.
C’est pour ca qu’en 2005, j’ai décidé de consacrer mon temps à la descente de rivières sur des bateaux en carbone, typé vitesse avec comme objectif d’aller du point A au B le plus vite possible.
J’ai alors décroché ma sélection pour participer au championnat d’Europe de descente ainsi que pour les championnats du Monde qui était en Italie à Manzana.
Cette année là, j’avais fait le choix de ne pas faire de course en ligne car c’était compliqué de gérer les deux.
Après aujourd’hui, je fais encore beaucoup d’eau-vive après les grosses échéances internationales.
Je vais souvent faire du kayak de rivières avec les jeunes du club. Dès qu’il y a de l’eau, avec des copains, on peut aller en Ardèche ou dans les Alpes et on s’éclate.
Ma devise, c’est de s’amuser avant tout.
Les Secrets du Kayak - Quelle scolarité ?
Etienne Hubert : A 16 ans, j’étais cadet 2, c’est la période où on est en seconde. C’était compliqué de tout gérer car je m’entraînais en Kayak mais aussi en Handball ce qui faisait un à deux entraînements par jour tout au long de l’année sans compter les petits stages durant les vacances.
Après je suis parti en sport études à Lille où j’avais un emploi du temps aménager pour m’entraîner. J’étais sur une structure fédérale qui s’appelait un pole espoir où on était une dizaine d’athlètes entre 16 et 18 ans et on s’entraînait aussi avec des athlètes du pole France qui étaient sur Lille.
Les Secrets du Kayak - Aventure ou Compétition ?
Etienne Hubert : Même s’il y a toujours cette notion d’aventure, je reste aussi un compétiteur. Je n’allais pas quitter Sedan pour aller à Lille juste pour le plaisir.
L’objectif était de briller au niveau international.
Quand je suis arrivé, j’étais junior 1, c’est l’année où j’ai fait de la descente et c’est un peu paradoxal parce que je vais sur un pôle de course en ligne pour faire une année de descente. Ca montre que tous les chemins ne sont pas tracés à l’avance.
Quand je suis arrivé au pôle, l’objectif c’était vraiment de faire une carrière en Kayak, chose que j’ai pu faire en 2005 en intégrant l’équipe de France de descente et en 2006 en intégrant l’équipe de France de course en ligne et de marathon où je fais champion d’Europe sur le 500 m en K2 ainsi que 4 ème en K. Je fais également deux médailles d’or aux championnats du monde de marathon.
Je ne m’attendais pas à ces résultats mais c’était ma volonté d’être le meilleur sur les compétitions en Kayak.
Quand j’étais junior, le marathon ne faisait que 20 kilomètres, j’aimais bien ça. Maintenant, en senior, ca en fait 30 ou 35 de mémoire.
C’était complémentaire de faire du marathon par rapport à l’échéance et au calendrier. On attaquait par les championnats d’Europe de course en ligne, puis les championnats du monde et enfin les championnats du monde de marathon.
Maintenant, ce n’est plus quelque chose que j’ai envie de faire. Je ne me fais plus plaisir en marathon. J’ai complètement ces courses mais à côté, je fais beaucoup de surfski. Ca se vaut sauf que c’est en mer, qu’on surfe des vagues, il y a ce côté adrénaline qui excite qui est vraiment intéressant.
En 2006, j’étais junior 2. En 2007, j’étais senior 1 et je fais les championnats du monde de course en ligne à Duisburg où je finis à 7 ème place en K4 sur le 500 mètres et à la 12 ème en K4 sur le 1000 mètres. Ce sont vraiment de super belles performances pour moi.
En 2008, j’étais remplaçant olympique. Je me battais avec les meilleurs français sur le finales des Open ce que l’on appelait auparavant les sélections “Equipe de France”. J’étais souvent entre la 6 ème et la 9 ème place, j’avais 19 ans.
Cette année là, je fais aussi vice champion d’Europe U23 sur le 1000 mètres mais par contre, je ne me sélectionne pas pour les Jeux.
C’était un peu frustrant mais j’avais 20 ans, je n’ai pas eu de soucis par rapport à cela.
En 2009, j’ai été aligné en K2 500 mètres et K2 1000 mètres et je fais 5 ème et 6 ème avec mon fidèle acolyte, Arnaud Hybois avec qui j’ai partagé de très bons moments sur l’eau mais aussi sur terre.
En 2010, on gagne les championnats du monde en K4.
En 2011, il y a les championnats du monde, la fédération aligne un K4 où j’étais dedans. Il fallait qu’on soit dans les 10 meilleurs bateaux et on a complètement échoué. On a du finir à la 20 ème ou 25 ème place, je ne m’en souviens même pas. C’était la catastrophe ce qui fait que l’on n’a pas de quota pour les Jeux Olympique de Londres en 2012. Grosse déception et gros échec !
Suite à cet échec là, on avait deux autres possibilités pour aller aux Jeux : Soit d’être le meilleur français et de décrocher sa place sur les rattrapages continentaux en K1, soit d’être le meilleur K2 français et décrocher sa place suivant le même principe.
Malheureusement, je n’ai pas réussi à faire cela. J’étais deuxième en K1 et j’étais dans le deuxième biplace ce qui fait que je n’ai pas été aux Jeux en 2012.
C’était vraiment une grosse déception mais après je me suis dit que c’était la vie et que j’avais d’autres choses à faire. C’est à ce moment là que je suis parti faire mon tour en Norvège.
Entre 2010 et 2011, ce n’était pas le même équipage sur le K4. Il y a eu quelques évolutions, ce qui a mis des doutes, créé des tensions et puis ce n’est pas parce qu’un bateau gaze une année qu’il va gazé l’année d’après.
Il s’est passé quelque chose entre ces deux années, peut être au niveau de la planification, au niveau mental.
Quand on arrive aux championnats du monde en 2011, après avoir gagné avec un bateau d’avance en 2010, on a une cible dans le dos. On est perçu comme la bête à tuer. Je pense qu’on n’a pas réussi à résister à la pression et on a échoué.
Les Secrets du Kayak - Pourquoi le 1000 mètres ?
Etienne Hubert : Ce qui m’a poussé à faire du 500 et du 1000 mètres, ce sont mes capacités aérobies. J’ai toujours été passionné par les efforts semi-longs, je n’ai jamais été très explosif, j’ai toujours été plus fort sur la durée.
Quand il y a eu le 200 mètres qui est arrivé aux Jeux Olympique, ca ne m’a pas plus intéressé que cela.
Par contre, je fais toujours les sélections et les courses sur 200 mètres mais je ne me classe pas, généralement, sur le podium. J’essaie toujours d’être finaliste, parfois je fais des petites surprises mais ca reste rare que je me place en haut du podium sur 200 mètres.
Notre sport, étant aquatique, il y a un esprit de glisse qui est important, et c’est pourquoi il est primordial de faire beaucoup de kilomètres en bateau parce que la glisse, la transmission entre la pagaie et l’avancement du bateau, ca n’arrive pas d’un coup de baguette magique.
L’appui, il faut vraiment le créer.
Je compare souvent cela à l’image d’un nageur, si celui-ci ne nage pas pendant 6 mois, il va avoir du mal à se remettre dans l’eau.
Pour le kayakiste, c’est pareil, il y a vraiment cette notion d’appui et de déplacement qui est importante et tant que l’on n’a pas trouvé cette notion là, il est difficile de performer.
Ca ne se trouve pas restant dans son canapé ou en faisant des toutes petites séances, mais elle se trouve en faisant des bornes, des bornes et des bornes.
Et je suis plutôt d’humeur à travailler qu’à rester dans le canapé, j’ai vite fait mon choix et ca a toujours bien payé.
On est toujours dans une recherche perpétuelle de cet appui, un appui qui doit être facile et qui fait avancer le bateau facilement en s’économisant au maximum.
Les Secrets du Kayak - Et niveau entraînement ?
Etienne Hubert : Pour moi, le critère de réussite d’une course, c’est de réussir à faire une performance en s’économisant le plus possible.
Pour un spécialiste du 1000 mètres, 85 à 90% de mon entrainement est de l’aérobie.
Même si on fait beaucoup d’aérobie, il y a beaucoup de séances d’intensités qui peuvent se traduire par des séries qui peuvent être courtes, de 10 secondes à 5 minutes.
Il y a aussi beaucoup de séances dites de musculation. Pour être fort musculairement, il faut certes pagayer et il faut également s’entraîner en salle ce qui représente un certain nombre d’heures, ce qui correspond à 2 à 3 séances par semaine tout au long de l’année.
Quand il y a séance de musculation en salle, cela me frustre un peu car ce n’est pas toujours ce que j’aime. Après, ca dépend aussi de la séance. Ca permet aussi d’être au chaud quand il fait froid, d’échanger avec les copains, les entraineurs.
Il y a quand même toujours un petit côté sympa à faire de la musculation.
Je pense que quand j’arrêterais ma carrière de sportif de haut niveau, c’est pas la chose que je ferais en priorité la musculation.
En ce moment, je fais autour de 90 kg pour 1m85 mais je ne suis vraiment pas fort en force explosive mais là où je pète mes scores, c’est plus sur les force-endurance avec des longues répétitions et sur les force-puissance qui consiste en des longues répétitions également mais avec plus de poids.
On fait des tests, on met 50 kg sur une barre de développé couché et 55 kg sur une barre de tirage planche et l’objectif, c’est de faire le maximum de répétitions en 2 minutes. Là dessus, je me défends bien puisque sur le développé couché, j’en fais entre 90 et 115 et autour de 90 au tirage planche.
Après en puissance, généralement on met 80% de notre force maximale, je mets 100 kg au développé couché et en maximum de répétitions, je fais des super scores car c’est quelque chose que j’ai en moi.
A 80%, je fais entre 15 et 20 répétitions. Ce qui donne au tirage planche, entre 15 et 20 répétitions à 90 kg.
Comme on dit, un bon vieux diesel vaut mieux qu’une essence.
C’est à feux doux, ca mijote et ca envoie.
Je ne fais pas beaucoup de tests de lactate mais on en fait quand même de temps en temps. Il y a certains coach qui se spécialisent un peu dans ce domaine là.
On fait des tests VO2 max une à deux fois par an sur machine à pagayer ce qui permet de donner des seuils ainsi que la fréquence cardiaque maximale.
Après, j’ai envie de te dire que parfois l’entraîneur nous demande d’être au seuil 1, à 32 ans, j’ai l’impression que je n’ai pas besoin d’avoir un cardio fréquencemètre pour rester au seuil 1.
Je connais parfaitement mon corps et je sais quand je passe la ligne. On se connaît tellement que parfois on n’a plus besoin de GPS ni de montre.
Forcément, je mets mon cardio fréquencemètre de temps en temps pour réguler, pour voir si je suis toujours dans le vrai mais il n’y a jamais trop de surprises.
C’est des choses qui sont hyper intéressantes, mais l’expérience fait que l’on s’adapte vraiment sur chaque séance. C’est ca qui fait la différence par rapport aux petits nouveaux.
Nous, il y a les EB1, l’endurance de base 1. Après il y a l’EB2, l’endurance de base 2 puis l’EC, l’endurance de course. Il y a l’endurance de course pour le 200 mètres, pour le 500 mètres, pour le 1000 mètres.
Généralement, l’EB1, on fait un mix entre la fréquence cardiaque et une fréquence de coup de pagaies. C’est là où on peut se mettre pendant 5 minutes à 50 de cadence, puis pendant 5 minutes à 60 de cadence…
Et ça, pareil, quand l’entraîneur nous demande une cadence, c’est rare que l’on soit au dessus. Après sur des EB2 ou des EC, ca peut se jouer à 5 ou 10 coups de plus, mais notre corps s’adapte.
On peut parfois descendre à 30 ou 40 coups de pagaies à la minute quand on fait des séances à cadence basse, où on va chercher à envoyer le bateau sur l’appui en mettant le plus d’appui possible. C’est vraiment des séances intéressantes.
Il y a plusieurs types de séances de résistance. Souvent, on prend des balles de tennis qu’on met sous le bateau ou des petits tendeurs. Il peut nous arriver aussi de faire des séances lestées, on met du poids dans le bateau afin de mieux sentir sa glisse. C’est un peu différent mais c’est intéressant également car cela permet de travailler la glisse et l’appui grâce au bateau qui est plus équilibré avec le poids.
Je m’entraîne entre 15 et 20 heures effectives en Kayak par semaine et des fois, en stage, on peut monter jusqu’à 25 heures.
Cela donne en stage des semaines à 130-140 km alors qu’en hiver, sans stage, je vais être autour d’une centaine de km.
En hiver, je mets de sur une jupe, de bonnes fringues au niveau du haut du corps et un petit bonnet. Je ne suis pas trop manchons. C’est très rare que j’ai du avoir à en mettre.
Je fais aussi beaucoup d’aérobie en dehors du bateau comme du VTT, de la course à pied, en ski de rando, en ski de fond, en surfski aussi.
Tous les ans, depuis 4 ans, on part en Guadeloupe faire un stage d’aérobie en surfski ce qui permet, en même temps, de travailler d’autres habiletés.
Pour moi, le cœur, c’est aussi très important de le travailler en dehors du kayak parce que, d’une part, ca change, ca permet d’aérer la tête, et d’autre part, ca permet d’utiliser d’autres muscles.
Ca me permet de jouer également sur cette notion d’aventure, de découvrir de nouveaux endroits, de se perdre en vélo, de casser ses skis… et j’en passe :)
Cette année, on repart en stage de ski de fond à Bessans. Ce que j’aime bien, c’est de lier le ski de fond au ski de randonnée parce que faire 10 jours de ski de fond, ca me saoule un peu, j’aime bien faire des choses un peu différentes, comme du ski alpin.
Dans ce cas, c’est une autre forme d’engagement, une autre prise de risque, de vitesse, de la visualisation, de la trajectoire.. Toutes ces habiletés là sont forcément transposables dans notre activité qu’est le kayak de course en ligne.
Et puis même s’il n’y a pas trop de ressemblances et de corrélations, au final, si ca fait du bien à la tête, ca fait du bien à la performance.
Depuis que je suis rentré de Séville, je vais avoir du mal à faire de la course en ligne car je suis parti à droite et à gauche en famille, donc je pense que je vais faire facilement 3 semaines de coupures.
Après peut être que pendant les vacances de Noel, j’arriverais à trouver un bateau et j’irais faire quelques séances de kayak mais sinon, ce ne sera pas la mort.
Je fais autre chose, je garde ma condition physique et puis c’est parti !
Ca me manque un peu de ne pas faire de kayak, c’est sur mais ca permet aussi de faire autre chose et d’en profiter. Car là, on a fait un très gros stage d’entraînement à Séville, il faut souffler un peu pour pouvoir être en forme sur les prochains stages.
Pour moi, le meilleur spot pour faire du kayak de course en ligne, c’est dur à dire car ca dépend de la saison. Il y a un endroit que j’adore, c’est le lac de Vouglans à Bellecin.
Il y a une belle base d’aviron, on peut faire des bornes en bateau, l’eau est bleu claire / verte. On y était allé l’année dernière au mois de juillet et on avait aussi fait du Wake surf, du surf derrière un bateau, on s’était éclaté. On a fait du VTT, on a fait plein de sports Outdoor.
Pour moi, c’est vraiment un des meilleurs spots français.
Après forcément, le lac d’Aiguebelette, j’aime vraiment bien. Je n’y vais pas assez pour le mettre dans mon top mais j’adore l’endroit.
J’aime aussi, par chez toi, le lac du Lit au roi à Massignieu de Rives.
On a de super beaux endroits en France.
Après à l’étranger, il y en a plein. J’aime bien aller à Séville pour le côté ville où on peut sortir, vivre comme à la maison pendant 3 semaines.
Il y a aussi des petits lacs perdus en montagne en Espagne que j’aime bien.
Pour moi, un bon spot, c’est un spot où on ne fait pas de la course en ligne et où on peut faire d’autres activités.
Si on veut me punir, on me met sur un ergomètre. Je trouve ca chiant à crever. A 32 ans, je n’ai pas envie de me faire chier avec un truc pareil.
Il n’y a pas de glisse et pour moi s’il n’y a pas de glisse, il n’y a pas d’intérêt. Je préfère faire une musculation.
C’est une machine de torture, tout simplement.
Les Secrets du Kayak - L’hygiène de vie du Kayakiste
Etienne Hubert : Déjà, je suis un bon viandard. J’aime bien cuisiner aussi.
Après l’alimentation est importante dans la quête de la performance et du bien être. J’essaie de manger sain et équilibré et ne pas toujours manger de la viande, même si j’aime ca.
J’adore le fromage, le pinard, donc je me limite aussi de ce côté là.
J’essaie de ne pas rentrer dans les excès, ce qui est finalement l’objectif.
Je n’ai jamais pris de compléments alimentaires et ca ne me manque absolument pas.
Je ne fais pas appel à un diététicien car j’ai appris les bases de l’alimentation depuis longtemps et comme je ne prends pas de compléments alimentaires, ca reste assez basique.
Par contre, c’est toujours un plaisir de parler avec le médecin de l’équipe de France qui a fait une formation en nutrition ou de parler avec des nutritionnistes mais aujourd’hui, je n’ai personne qui me suit de ce côté là. Je n’en ressens pas le besoin.
Je fais de la préparation mentale depuis 2016 de manière ponctuelle par période et par cycle en fonction de mes besoins.
Je fais avec quelqu’un en qui j’ai vraiment confiance, avec qui c’est vraiment fluide. Je fais environ 10 à 15 séances par an.
Je fais pas mal d’étirements aussi, d’assouplissements.
J’aime bien parler aux gens, c’est quelque chose d’important pour moi que je fais quotidiennement tout en essayant de ne pas être enfermé dans mon téléphone.
J’essaie aussi de faire des siestes tous les jours, même si ce n’est que 20 minutes sauf quand je suis au bureau. Ca me fait du bien et ca me permet de remettre mes idées au clair pour bien attaquer l’après midi.
Les Secrets du Kayak - Le choix de l’entraîneur
Etienne Hubert : J’ai eu pas mal d’entraîneurs jusqu’à maintenant. Au début, c’était des entraîneurs de club qui m’ont bien mis sur la voie.
Ensuite, à Lille, l’entraîneur m’a fait découvrir de nouvelles méthodes d’entraînement, puis j’ai eu d’autres entraîneurs à Nancy et Toulouse et là mon dernier et actuel est à Paris.
Même si l’entraîneur était différent à chaque fois, l’objectif était de performer.
L’entraineur est au service de l’athlète ce qui fait qu’il doit y avoir une très bonne relation entre les deux ce qui signifie que l’athlète doit comprendre ce que veut l’entraîneur.
Ca n’a pas été perturbant pour moi de changer 5 fois d’entraîneur en 15 ans. Par contre, il y a toujours un petit moment d’adaptation d’où l’importance de rapidement poser les bases avec son entraîneur.
Là, ca fait depuis la fin des Jeux Olympique de Rio que je suis avec François During.
J’ai toujours changé d’entraîneur quand ca se passait bien, je souhaitais voir autre choses, de nouvelles méthodes d’entraînement, un nouveau site, un nouveau groupe, une nouvelle vision.
Pour moi, la relation entraineur-entrainé, elle ne s’arrête pas parce que ca ne va pas mais parce qu’il y a quelque chose d’autre à découvrir.
Ca, c’est vraiment quelque chose qui me passionne.
Actuellement, je m’entraîne sur Paris, sur le bassin de Vaires sur Marne, sur le Marne aussi à côté de chez moi mais après c’est vrai qu’on part beaucoup en stage.
C’est vrai que si on m’avait dit il y a 15 ans que j’allais m’entraîner à Paris, j’aurais demandé si c’était une blague.
Ca me change de Sedan, Nancy… Mais le plus difficile, c’était entre Toulouse et Paris mais on s’y fait.
Les Secrets du Kayak - Question matériel
Etienne Hubert : Je suis en Nelo Cinco parce que j’ai toujours été chez Nelo, ca a toujours été mon fournisseur de bateau.
J’aime bien la qualité et la rigueur qui y est développé.
J’ai eu des prix avec Nelo, j’ai eu des bateaux de prêt, des bateaux offerts. J’ai donc toujours pagayer avec.
Après, en Surfski, je suis en Fenn. Quand je vais en Guadeloupe, je prends ce qu’il y a.
J’ai testé le Nelo Sete mais je préfère le Nelo Cinco. J’ai l’impression de mieux glisser dans ce dernier. C’est peut être psychologique mais j’ai de meilleures sensations dans le Cinco.
Je n’ai pas de problèmes de stabilité dans le bateau quand je reprend après une coupure. Le plus dur, c’est de retrouver l’appui, l’avancement du bateau. Toutefois, avec l’expérience, ca revient assez rapidement, en une à deux séances.
Au niveau de la pagaie, je suis en Beta Rio de chez Jantex. Je ne suis pas en Gamma Rio car je trouve que la Beta Rio se place toute seule.
Je suis sur une taille de pagaie en Large et je suis en 2m19.5 en terme de longueur de pagaie.
Il y a de meilleurs internationaux qui ont des plus petites pagaies.
Quand j’étais plus jeune, j’étais sur du 2m22, j’avais peut être les yeux plus gros que le ventre. Au fur et à mesure des années, je “baisse” et ca va de mieux en mieux.
En K2, je monte sur du 2m20.
Les Secrets du Kayak - Objectif équipage
Etienne Hubert : Avec Cyril, on est un très bon duo. On a déjà été en équipage, en K4 en 2013.
Après ce K2 s’est constitué en 2019 parce qu’il n’y avait personne sur le biplace sur le 1000 m et qu’on nous a laissé la possibilité de le faire.
Et première manche de coupe du monde, on la gagne devant les Allemands ce qui était assez énorme.
Après on a fait les jeux européens et là, c’était moyen, on a fini 9 ème.
Par contre, après, au championnat du monde, on fait 3 ème. On fait une course de folie avec une super remontée.
On s’éclate vraiment bien avec Cyril, on a le bon état d’esprit. On est complètement différent l’un de l’autre mais on arrive à bien se sentir dans le bateau pour le faire avancer ensemble et ca, c’est hyper agréable.
C’est sur que les Jeux en 2021 sont l’objectif.
Après, on est attendu au tournant et il faut avoir en tête que ce sera les deux meilleurs français qui feront l’équipage. C’est donc à Cyril et à moi d’être parmi les deux meilleurs français pour pérenniser notre bateau à l’issu des prochains championnats de France qui auront lieu au mois de mai.
Les Secrets du Kayak - Et question boulot ?
Etienne Hubert : J’ai fait une licence Staps en management du sport, j’ai commencé à Nancy et j’ai fini à Toulouse. Après, j’ai passé un brevet d’état en Canoë-Kayak, et ensuite j’ai fait une école de commerce à Grenoble où j’ai eu un Master en 2016 juste après les Jeux de Rio.
Je travaille donc à côté du Kayak, j’ai décroché un CIP, un contrat d’insertion professionnel en 2019 ce qui me permet aujourd’hui de concilier le haut niveau et le milieu professionnel.
A 32 ans, j’ai besoin de ça pour performer.
Avant cela, j’avais un contrat “INSEP”. En fait, j’ai fini mes études à 28 ans et j’ai eu un contrat d’image à l’INSEP où je donnais aussi des cours sur les sujets de mes études.
Et par la suite, j’ai donc eu ce contrat à l’AFNOR.
C’est à moi de gérer les projets et de faire avancer les choses, c’est donc à moi de m’organiser. Aujourd’hui, par exemple, c’était une journée “boulot”.
Quand je suis en stage, parfois j’arrive à bosser un peu le matin, le midi, le soir…pour pouvoir tenir un maximum les projets.
Je pense tenir ce rythme au moins jusqu’au Jeux de Tokyo, de mener les deux de fronts.
J’interviens également à la demande dans des entreprises où je partage mon expérience et comme tu l’as compris, pour moi, le partage, c’est hyper important.
Il y a beaucoup de corrélation entre le niveau d’une entreprise et le haut niveau.
L’après carrière ne me perturbe pas. Je sais qu’après Paris 2024, j’arrêterais le haut niveau en course en ligne ce qui m’empêchera pas de continuer à pratiquer en rivière, en surfski…
Vous pouvez retrouver Etienne Hubert sur :