Interview : Anne-Laure Viard

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Anne-Laure Viard en juillet 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Anne-Laure Viard : Salut, moi ça va très bien je te remercie.

Les Secrets du Kayak : Je voulais faire ce podcast parce que j’ai interviewé ta partenaire de l’époque avec qui tu avais fait une médaille de bronze aux Jeux de Pékin. Et tu as inspiré pas mal des filles qui sont aujourd’hui en équipe de France, qui ont grandi avec cet exemple de la médaille. Comment as-tu fait pour aller aussi haut ?

Anne-Laure Viard : J’ai commencé le kayak j’avais dix ans. J’ai commencé grâce à mon voisin qui pratiquait déjà depuis quelques mois. Un jour il me propose d’essayer, à Auxonne, petite ville à 30-40 km de Dijon.

Ça m’a plu tout de suite. C’était le sport que je voulais faire !

J’avais fait un peu de basket, sinon rien d’autre. J’étais plus grande que la moyenne.

Mon club était principalement axé sur l’eau plate, c’était sur la Saône. De temps en temps on allait dans le Jura faire la descente de la Loue pour découvrir un peu d’autres pratiques.

Je ne me suis pas forcément rapidement trouvée meilleure que les autres. On avait un bon petit groupe avec des jeunes assez doués, c’était motivant.

Au début c’était un peu compliqué j’étais dans les bateaux en plastique, de découverte et d’initiation. J’ai passé plus de temps à faire des ronds sur l’eau que du kayak.

Je suis vite montée dans le bateau de course en ligne pour suivre les autres. J’ai du faire quatre cinq séances dans les bateaux plastiques, les CAPS, c’était très stable. Et ensuite j’ai dû mettre un an pour passer sur des bateaux moins stables, mais je ne m’en souviens pas vraiment.

Ma première compétition de course en ligne devait être à Nevers, j’étais plus grande que les autres et tout le monde me regardait, j’ai été vite remarquée.

Le kayak a vite pris de l’importance dès que j’étais en minime, en monoplace. J’ai fait des médailles sur le 500m et le 2000m sur les deux années. Et j’ai fait championne de France en minime 2, en K1 500m.

A cette époque je découvrais l’animation nationale, les championnats de France et le haut niveau viendra plus tard. Tu y penses un peu, mais je continuais mon petit bonhomme de chemin.

Je m’entraînais le mercredi et le samedi. La fréquence d’entraînement augmente dès cadette. Ensuite j’ai intégré le pôle espoir de Dijon toujours en cadette, c’était quatre-cinq séances par semaine.

J’ai commencé à découvrir la musculation, ensuite les entraînements étaient plus durs, plus réguliers avec davantage de confrontation. J’étais athlétique à cette époque, je me débrouillais bien.

Les Secrets du Kayak : Tu fais quelles études en parallèle du pôle espoir ?

Anne-Laure Viard : J’ai fait un lycée sport étude en lien avec le CREPS de Dijon. J’ai bénéficié d’horaires aménagés dès la Première. On faisait une séance le matin et le soir.

A cette époque je n’étais pas championne de France mais j’étais sur le podium. Dès cadette 2 j’étais dans les meilleures. J’ai intégré l’équipe de France en junior 1 en 1992, il y avait deux piges : une première sélection pour faire les coupes du Monde et une autre pour pour les championnats d’Europe.

Moi j’ai intégré l’équipe de France à la deuxième sélection. Cette première expérience internationale s’est bien passée, on a du faire huitième en K4 en finale.

Et l’année d’après c’était notre première course ensemble avec Marie. On a fait les coupes du Monde et les championnats du Monde en K2. Et dès junior on a fait sixième en championnat du monde.

J’ai toujours eu un peu de qualités de sprinteuse, on ne le travaillait pas vraiment.

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Ma première compétition internationale en K1 je pense que ça devait être les championnats d’Europe moins de 23 ans en 2004. Beaucoup commence en équipage, seule la toute meilleure pouvait faire du K1, il fallait se détacher du lot. Mais il n’y avait pas vraiment de K1 c’était plutôt K2-K4.

En sport-étude, on a un entraîneur dédié au pôle espoir, il nous suivait sur toutes les séances. Pour ce qui est d’un préparateur physique, je ne crois qu’il y en avait déjà à ce moment là. Ce n'était pas comme maintenant.

Les Secrets du Kayak : Avec la confrontation qui existe, comment peut-on rester motivé et encourageant pour les autres si tu veux être devant eux ?

Anne-Laure Viard : C’est vrai que c’est un peu bizarre, mais même si on fait beaucoup d’équipage le plus gros de l’entraînement c’est en monoplace.

C’est un peu ambiguë oui, mais au final dans le bateau il faut avancer ensemble, mais ce n’est pas mal. Ça fait travailler plusieurs domaines.

Mais oui, on fait un sport collectif dans un sport individuel.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu trouves que l’équipage t’a fait progresser en monoplace ?

Anne-Laure Viard : Oui ça apporte, l’équipage te pose des problèmes que tu n’aurais pas forcément eu en monoplace et ça peut te faire réfléchir sur l’évolution technique, comment placer la pagaie, comment pagayer.

C’est une bonne école. Tu essaies de faire des efforts, compenser c’est compliqué, il faut travailler ensemble, être sur la bonne gîte. Il faut composer avec « les défauts de l’autre » et prendre conscience de ses défauts pour les gommer.

Donc je suis senior 1, pour passer mon Bac, et ensuite je pars en fac de langue, j’ai vite abandonné. Je me suis réorientée sur un DUT GEA (gestion des entreprises). J’ai pu le faire en quatre ans au lieux de deux ans.

J’ai eu la chance d’avoir un directeur de DUT passionné de sport, il m’a aidé en acceptant de dédoubler mes années. Et il a tout fait pour que ça marche.

Ma vie sociale à cette époque, mon entourage, c’était principalement des gens du kayak. Je rencontrais les autres élèves, mais pas tout le temps. Je changeais souvent de groupe, j’ai retrouvé un copain du collège, mais oui, ça s’est bien passé. Même quand je partais en stage, on me faisait parvenir les cours.

Je faisais régulièrement des stages de deux-trois semaines. Des stages de ski de fond, des stages au Maroc, à Temple-sur-Lot. Il fallait jongler, être un minimum organisée.

C’est arrivé de faire des stages avec des étrangères une année, mais on ne s’entraînait pas avec elles. On était parti en 2004 en Floride, on s’entraînait avec les canadiennes.

La dernière année j’étais partie m’entraîner au Portugal. Autrement, il y a des lieux comme Séville, où on allait souvent faire des séances ponctuelles. C’est toujours sympa d’échanger sur les séances et les contenus. Avec les portugaises, j’étais en immersion dans leur fonctionnement.

Par rapport à nous françaises, ils ne coupaient pas forcément le bateau l’hiver. Mes premiers jours ont été un peu compliqué, moi c’était ma reprise de bateau, ce n’était pas simple. Sur les contenus, il y avait beaucoup plus d’intensité que nous.

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Les Secrets du Kayak : Est-ce que de ne pas avoir fait beaucoup d’eau-vive ça t’a gêné dans ta carrière pour ta stabilité ?

Anne-Laure Viard : Non je ne crois pas, mais dans mon club on faisait un peu de rivière dans le Jura, j’en ai fait un peu sur le pôle de Toulouse, j’ai fait un peu de slalom.

Je ne crois pas que ça me manquait, j’étais à l’aise en cas de vague.

Les Secrets du Kayak : Où es-tu allée t’entraîner après le sport étude ?

Anne-Laure Viard : Je reste à Dijon mais sur le pôle France, je change juste d’entraîneur et de partenaires d’entraînement. Ces changements ne sont pas perturbants, c’était la continuité.

A ce moment là je « rêvais » des JO. Dès 1992 sur une petite compétition il y a Philippe Aubertin qui vient me voir, et pour le coup il est très grand donc moi toute jeune c’était impressionnant, il nous partageait son expérience mais à cette époque ce côté trop cool que d’aller aux JO c’était une réflexion de gamine.

Je crois que c’est quand même resté dans un coin de ma tête. Et au bout d’un moment, oui c’est devenu un objectif. J’avais 23 ans quand j’y ai participé la première fois, pour les JO d’Athènes.

On a été sélectionné tardivement avec Marie. En 2003 on était déjà alignées en K2 pour les premiers quotas, on a fait troisième de la finale B, donc on le loupe.

Aux rattrapage de l’année d’après c’est pareil. Et c’est avec la détermination du DTN de l’époque, Antoine Goetschy qui maîtrisait la libération de quotas, il était sur le qui-vive et c’est cinq jours avant qu’il a su que des places se libéraient, donc on continuait de s’entraîner pour les JO, on était prêtes.

Il nous y emmenait pour qu’on se rende compte de la dimension des Jeux. C’est un monde à part.

Au final on a fait plus que voir, on a participé, sans pression sans objectif, pour nous ce n’était que du bonus.

On s’est fait plaisir, on a fait de belles courses et ça a été le déclencheur pour Pékin.

On a finit dixième à Athènes et on a réussi à aller voir l’athlétisme, en plus on était logé au cœur de l’événement. On croisait les grands champions.

Donc on rentre d'Athènes et moi mon objectif c’est la médaille à Pékin.

Et pour y parvenir dès ce moment là je me suis donné les moyens de réussir pour atteindre mon objectif, donc m’entraîner un peu plus, intégrer des paramètres autres, comme la diététique.

Je me suis bagarrée pour perdre du poids. La préparation mentale n’est pas venue de suite, mais je l’ai intégré un peu.

Dès 2005 ça a commencé à payer avec une première médaille aux Mondiaux. On faisait des gros volumes d’entraînements, beaucoup d’EB1, beaucoup de kilomètres. Et toutes les années d’après c’était l’endurance aussi. Le but aussi de l’EB1 c’était de placer sa technique, la maîtriser pour bien l’appliquer en course.

Donc après les Jeux, le pôle France de Dijon ayant fermé, je décide de partir au pôle France de Toulouse qui venait d’ouvrir. J’avais envie de changer d’air, je tournais en rond dessus.

A Toulouse au final avec le recul, ce n’était pas la meilleure idée en fait. Je pensais qu’il y ferait beau mais en fait il faisait trop chaud l’été, la rivière était souvent en crue. Je ne regrette pas complètement.

J’ai assumé mon choix, j’y suis restée jusqu’à la fin de ma carrière et puis j’y avais mon premier emploi que j’aimais beaucoup, dans un cabinet d’expert comptable, c’est pour cela que j’y suis restée.

Et puis j’étais la seule fille, il y avait Boris Saulnier qui est arrivé en premier, puis Sébastien Jouve quelques temps après. On n'était pas nombreux mais on partait souvent en stage.

En 2006 aux championnats d’Europe, K1 200m : je ne sais pas si ça vient de moi ou si on me l’a proposé, mais j’étais contente puisque j’ai fait une médaille. On avait fait le K2 500m aussi.

2007 c’est l’année des quotas, la qualification se passe bien, c’est tout l’avant qui a été un peu compliqué, dans notre K2 on s’est fortement disputée.

Du coup les quelques semaines avant les mondiaux n’ont pas été simple. Aux championnats d’Europe c’était individuel, notre relation était très compliquée, ça a clashé très fort. Tout d’un coup on a décidé de ne plus faire de K2.

Mais toutes les deux on s’est rendue compte qu’on avait un objectif commun. On a tout mis au clair, sur des bonnes bases, on a décidé de se faire confiance et quelques semaines plus tard aux mondiaux on fait une médaille de bronze, inespérée !

Donc oui c’est d’abord un sport individuel, qui se fait en sport collectif. Il faut composer, s’entendre techniquement. On avait ce respect mutuel l’une pour l’autre.

L’année d’après c’est les Jeux, donc on touchait l’échéance du doigt. On était les deux meilleures, donc pas de doute même si le K2 lui est sélectionné. Tu ne vis plus que pour ça.

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Les Secrets du Kayak : Est-ce que ce coup ci, vous aviez la pression pour les Jeux de Pékin ?

Anne-Laure Viard : Oui et non. Aux Mondiaux de 2007 on fait troisième, et en fait l’attention des média était basé sur le K1 qui a fait champion du Monde la même année. Donc ça été une chance pour nous de ne pas être le bateau phare.

On a été assez expérimenté par rapport aux JO d’Athènes, et ça nous a servi.

Cette fois ci, on n'était pas dans le même état d’esprit, on était là pour performer. Et à Pékin on n'était pas dans le village olympique mais dans un hôtel tout proche du bassin. On était loin du village, et donc le staff avait fait ce choix, on est restée isolées et focus.

C’est vrai qu’avec le village olympique, tu peux vite être distrait.

Donc on a atteint notre objectif de décrocher une médaille. On vise toujours l’or mais le bronze me satisfaisait. On a fait une de nos meilleures courses. Cette médaille c’était un objectif de carrière.

L’après JO tu restes un moment sur un petit nuage. Tu dors avec au début. Tu es invitée partout, à des soirées, des spectacles. Tu vis pleinement ce qui t’arrive. En revanche quand ça s’arrête c’est un peu compliqué. Il a fallu le gérer. Il faut savoir passer à autre chose et te remettre à l’entraînement.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a des retombées quand tu gagnes une médaille, comme des sponsors ?

Anne-Laure Viard : Des sponsors, non. Pas plus que ça.

Des médias oui, tu es invitée partout. Après c’est de la satisfaction personnelle, c’est un peu de l’égoïsme pour le coup.

Les Secrets du Kayak : Comment tu fais pour te remobiliser après ça ? Tu vises les JO de 2012 ?

Anne-Laure Viard : Compliqué ! Moi je m’étais programmé pour la médaille à Pékin. La saison 2009 je l’ai faite sans but, je m’entraînais parce qu’il le fallait.

Je fais quand même troisième aux championnats du monde sur 200m. Mais il n’y existait pas de spécialiste à cette époque puisque cette distance n’était pas olympique.

Marie, elle fait une pause pour faire un bébé. Et moi je me retrouve en K1, la seule fille de l’équipe. Mais cette médaille ne suffit pas à me remotiver. Je n’ai pas retrouvé la même envie.

Tout 2009 je ne me projetais pas sur les JO de 2012. Décider d’arrêter sa carrière c’est un processus beaucoup plus difficile qu’on pourrait l’imaginer. Au final je crois que c’est à ce moment là que je me suis faite aider à passer le cap par la préparation mentale.

Je ne voulais plus aller à l’entraînement. Mais entre se le dire et le dire aux autres, il y a un cap à franchir. Donc je me suis faite aider par Christian Ramos. François m’a beaucoup aidé aussi.

Il a fallu l’annoncer au président de club, aux entraîneurs, et à la famille. J’avais en plus fait toute la saison hivernale et j’ai arrêté juste avant les piges. Je savais que je ne serai pas au rendez-vous pour décrocher une médaille.

J’ai voulu arrêter avant la course de trop. Je me suis arrêtée à 29 ans. Du coup j’ai travaillé à temps plein dans le cabinet dans lequel j’étais. Et ensuite je suis partie de Toulouse pour venir en région parisienne pour rejoindre François, vivre avec lui.

On s’est rencontré en 2005-2006 quand il a intégré le collectif senior, en tant qu’entraîneur.

Les Secrets du Kayak : Quand tu prends ta retraite, est-ce que tu arrêtes de faire du sport d’un coup ? Ou tu continues à naviguer un peu, à faire des footings… ?

Anne-Laure Viard : Je coupe complètement du jour au lendemain, je ne fais plus du tout de sport.

Après je tombe rapidement enceinte, donc forcément je me suis arrêtée. Et ensuite j’ai repris la navigation après mon accouchement, juste pour le plaisir.

Je me suis mise à courir un peu plus, tout simplement avec mes collègues de bureaux, je me suis prise au jeu. On s’est même mis à faire des petites courses, ensemble. Et on se challengeait ensemble sur de chronos. Du coup ça motive.

Et ensuite j’ai repris les compétitions de kayak en 2014.

Aujourd’hui je participe aux championnats de France tous les ans. Je suis loin des chronos que je faisais. Mais je suis double championne de France cette année en vétéran, sur 500m et 200m. Je continue de me faire plaisir avec les bateaux récents.

Je suis sur un Nelo Sete. Il me plaît beaucoup, je me fais plaisir dedans. J’y vais quand il fait beau et chaud.

Pour ma pagaie je crois que je reste dans les mêmes tailles, je varie en fonction de la force du vent. Je n’ai jamais eu une grande taille de pagaie.

Je ne fais plus du tout de musculation, le bateau me suffit. Je n’ai pas de douleurs d’épaule, et je n’ai eu que très peu de blessure au kayak. Un peu de tendinites aux épaules, c’est tout. Je n’ai jamais eu à m’arrêter plusieurs mois.

Aujourd’hui je m’entraîne à Créteil au club. Je vais de temps en temps à Vaires.

A Créteil c’est la Marne, tu navigues en fonction des intempéries et de la pluie. Même s’il y a du courant tu as des endroits protégés. Je suis souvent seule la semaine, sinon le week-end on fait de l’équipage. J’aimerai l’année prochaine faire un K4 vétéran.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que ton enfant fait du kayak ?

Anne-Laure Viard : Pas du tout non. Elle doit voir comme c’est galère. Elle en fait en Bretagne en vacance l’été. A côté de ça elle fait du tennis. Elle choisit son sport, mais le kayak c’est un non catégorique.

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Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a des choses que tu aurais voulu faire différemment dans ta carrière ?

Anne-Laure Viard : Non pas forcément, tout ce que j’ai fait ça a contribué à mon évolution et à ma performance. Peut être que si j’avais un peu plus réfléchi je ne serais pas allée au pôle de Toulouse.

Mais ce n’est pas non plus un regret et ça ne m’a pas desservi. Il ne faut pas regretter ses choix. Il y a sans doute des choses que j’aurais pu faire mieux ou différemment mais on ne le saura jamais.

Les Secrets du Kayak : J’ai l’impression qu’après toi et Marie, ça a ouvert la porte à la possibilité d’être performante en tant que femme ? Avant vous il n’y avait pas vraiment de femmes performantes, et maintenant on en voit qui ont de très bon niveau. Est-ce que toi , il y a eu des françaises qui t’ont motivé ?

Anne-Laure Viard : Il y avait des françaises, mais effectivement avant nous je ne saurais pas te dire qui ont été les médaillées aux JO, c’est sur que non parce qu’on a été les premières.

Mais en championnat du Monde je pense qu’il y a du en avoir, mais je ne saurais pas te dire qui.

Quand j’étais en pôle espoir ou en pôle France, il y avait des filles qui avançaient et c’était Anne Michaut, Isablelle Boulogne (Jegoux), Nathalie Koenders, Emmanuelle Tibault etc, les meilleures du moment.

Je ne connais pas assez bien leur palmarès, donc je ne sais pas quelles médailles elles ont pu avoir. Elles ont toutes arrêté dans les années 2000, il y a eu d’autres filles entres elle et nous. Mais oui on a un peu montré le chemin aux filles et aux garçons, puisque ça faisait quelques années qu’il n’y avait pas eu de médailles en championnat du monde, le dernier c’était Bâbak.

Donc oui on a ouvert la voie des podiums internationaux avec Marie. Et oui il y a un bon groupe, se dire qu’on a été à l’initiative de tout ça, c’est plaisant.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a des séances que tu préférais à d’autres ?

Anne-Laure Viard : Plus c’était court, plus je préférais. L’EB1 j’arrivais à me faire plaisir. L’EB2 c’était un peu plus compliqué. J’avais plus de mal à maîtriser. Mais dès qu’on repassait sur de la vitesse, c’était plaisant. Après c’était un ensemble.

Aujourd’hui s’il fait beau, je peut faire quatre à cinq séances par semaine mais ça ne dure pas longtemps. Je coure encore un peu, cet hiver j’ai plus couru que faire du bateau mais c’est très très irrégulier.

Je n’ai pas de manque quand je n’en fait pas. Après la période d’aujourd’hui n’est simple pour personne, j’ai fait beaucoup de télétravail. Après j’aurais pu avoir le temps mais c’était un peu dur à gérer tout ça. François été encore pas mal parti en stage aussi.

Les Secrets du Kayak : Je me permets une question personnelle. François est entraîneur, donc il n’est pas souvent là, c’est comme une relation à distance ?

Anne-Laure Viard : Oui on peut dire ça. Je ne suis pas certaine que ça lui fasse plaisir d’entendre ça. Effectivement, il est beaucoup parti. C’est une organisation à avoir. Ce n’est simple ni pour lui ni pour moi.

Parce que ne pas voir sa fille grandir la moitié de l’année, j’imagine que ce n’est pas facile. Moi toute seule à la maison avec elle, il faut gérer.

Aujourd’hui elle est un peu plus grande, c’est un peu plus facile. Mais bébé, c’était un peu compliqué mais je m’en suis sortie.

Aujourd’hui je suis dans un service comptable à la RATP. Et cette vie parisienne, je m’y fais.

Et c’est rigolo parce que j’avais choisi Toulouse parce que je ne voulais pas de la région parisienne. Et au final j’y suis. Et au final je m’y fait.

On n'est pas à plaindre. Bon il n’y a pas que des bons côtés. Dès que tu veux bouger en voiture tu ne maîtrises pas ton temps de trajet. Sinon c’est agréable.

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Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as eu un défaut technique que tu as gardé tout au long de ta carrière ?

Anne-Laure Viard : Sûrement. Peut être ma poussée de jambes.

C’est le directeur de l'équipe de France de l'époque qui a mis en place tout ce qui est préparation physique, musculation, course à pieds. Il y avait énormément de tests de musculation tous les deux mois. Il fallait faire le plus de répétitions en deux minutes.

Et c’est certain, ça m’a aidé pour tout le reste de ma carrière pour développer le force et la puissance. Mais il n’y avait pas de test pour les cuisses.

En bateau il y avait des tests de 200m à faire et les stages de préparation physique, notamment le ski de fond et ces tests servaient de base aux sélections. Je n’étais ni forte en musculation ni forte en course à pieds, donc je n’étais pas souvent sélectionnée les premières années.

Les Secrets du Kayak : Et ça ne te manque pas ce rythme d’entraînement intensif ?

Anne-Laure Viard : Pas du tout. Absolument pas ! Ce qui peut me manquer un peu c’est la partie compétition, l’ambiance, le stress, savoir si on va réussir ou pas.

Il existe pourtant des compétitions internationales pour vétéran, il faudrait que je me penche sur la question. Ça pourrait être sympa.

Vous pouvez retrouver Anne Laure Viard sur son compte Instagram.

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