Interview : Guillaume Berge

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Guillaume Berge en mai 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Guillaume Berge : Super bien, comme un vendredi de première coupe du Monde de l'année !

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

Guillaume Berge : Je suis entraîneur de canoë-kayak pour la fédération, je travaille sur le pôle France de Vaires-sur-Marne, je suis un passionné de sport de manière générale.

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Les Secrets du Kayak : Je voulais attaquer avec toi sur le sujet précis de « faut-il avoir été athlète de haut niveau pour être entraîneur de haut niveau ? »

Guillaume Berge : Et bim, d'entrée LA question !

Je ne sais pas, j'ai la conviction que non.

Il existe plein d'exemples qui démontrent qu'il ne faut pas savoir jouer comme Zinedine Zidane pour entraîner au football. C'est bien de connaître le sport dans lequel on va pratiquer, de là à avoir fait du haut niveau, j'ai l'impression que ce n'est pas nécessaire.

J'ai commencé le kayak à l'âge de sept ans, j'ai commencé dans mon club en pratiquant le mercredi et le samedi. Je suis plutôt issu d'un club d'eau plate, à Bouchemaine dans le Maine-et-Loire.

On faisait peu d'eau-vive, surtout quand le spot du coin fonctionnait l'été. Sinon c'était du plat devant le club, dans les prairies quand c'était inondé l'hiver.

Je n'étais pas du tout un gros gabarit, je nageais dans les bateaux. C'était des paquebots pour moi, et pourtant il y avait des minis kayak de slalom, construits par les bénévoles du club, en résine de vingt cinq ans. J'ai toujours été dans des bateaux non adaptés à ma taille.

Il a fallu attendre que je m'achète mon premier bateau pour en avoir un à ma taille, j'étais cadet 2.

J'arrivais quand même à m'en sortir, mais en course en ligne et descente, ce n'était pas du tout adapté.

Quand j'ai commencé le kayak je ne pensais pas faire des compétitions. Je voulais m'amuser entre cousins. J'en faisait pour être dehors, patauger dans l'eau, se retrouver dans la boue, dans l'eau...

J'ai commencé le sport tôt, je faisais du judo dès mes quatre ans. J'ai fait les deux jusqu'en cadet 1.

J'ai tenu dans un bateau de course en ligne au bout de trois quatre ans. A l'entraînement j'avais l'appréhension de monter dans le bateau de course en ligne, puis j'arrivais à tenir, mais je n'arrivais pas à me motiver à monter dans le bateau de course en ligne quand il y avait des compétitions.

J'étais certain de tomber à l'eau à chaque compétition. Donc je prenais mon bateau de descente, qui n'avançais pas, mais je ne tombais pas à l'eau.

Je pense que c'est venu par étape, pour rivaliser. J'ai commencé par un Joker, un bateau fait maison tout jaune, fait par un bénévole entraîneur du club. Il n'était pas moins stable qu'un kayak de descente, mais dans ma tête je bloquais.

Je ne me souviens pas de ma première compétition de course en ligne, en descente oui ! Ça doit être celle de Cholet dans le 49, lors d'un challenge jeune.

Il y avait une épreuve de slalom et de fond. Sur le fond, je devais être poussin, je me souviens juste d'être tombé à l'eau avant le départ, du coup j'ai ralenti le départ des trente ou quarante jeunes qui attendaient que je remonte avant de pouvoir partir.

Au fur et à mesure de grandir je me persuadais que je pouvais faire des compétitions. J'y croyais, j'étais motivé. Je me suis entraîné de manière correcte, j'ai intégré le pôle espoir de Tours, j'étais motivé par l'émulation de tous, je ne me mettais pas de barrière.

Pour intégrer la structure, c'est moi qui l'ai demandé. Il y avait des tests de parcours d'excellence sportive (PES), c'était surtout axé sur la préparation physique, des pompes des tractions... un chrono sur bateau en 200m et en 2000m. Un parcours slalom en eau-vive.

Je n'arrive même pas à me souvenir pourquoi je demande le pôle de Rennes. Ça devait être par idéalisation du milieu. Lors de la journée de présentation du pôle la directrice m'explique que je n'ai pas le niveau requis pour intégrer la structure, mais qu'il y avait le pôle espoir de Tours et que je pourrais les intéresser. J'y ai donc postulé et j'ai été pris.

Quand je l’intègre, je me suis entraînais pendant six mois pour ne pas être ridicule. Au lieu de m’entraîner une fois, j'essayais de faire quatre fois du kayak dans la semaine, deux courses à pieds.

Et quand je suis arrivé là-bas c'était entraînement tous les jours. Les cours étaient de huit heure à seize heure, on s’entraînait à seize heure, et parfois on faisait deux entraînements qui s’enchaînaient : un bateau une musculation, ou un bateau une course à pieds.

Avec ce nouveau rythme, j'ai vraiment progressé, mais je partais bas. Mais ce n'était pas à la hauteur de mes attentes. Je pensais que d'arriver sur un pôle c'était la solution magique.

En championnat de France, je ne passais même pas les séries en cadet. Tu restes en pôle autant d'années que tu veux tant que tu apportes au groupe, si tu as le niveau tu peux rester les trois ans, l'étape d'après c'est le pôle France, donc le haut niveau demandé est précis.

Moi je continue. Je suis passé du dixième français au trentième !

La deuxième année se passe dans la même philosophie. J'allais m'entraînais mais je ne sais pas trop pourquoi. Je ne m'étais pas assez questionné sur ce que serait mon quotidien et ce que je voulais.

Mais j'ai toujours pris du plaisir à pratiquer, même si à ce moment là un peu moins puisque je découvrais une façon de s'entraîner, de se déchirer, s'entraîner dans un état de fatigue.

J'étais avec un groupe de partenaires qui ramaient bien, on se marrait bien et on partageait beaucoup.

En junior 1, je passe des séries mais je ne sais plus où, je sais juste qu'avec le club on fait deux médailles sur le championnat de France en K4.

On avait un niveau sensiblement proche tous les quatre. On était à fond, le club avait acheté un bateau d'équipage à notre taille. On avait fait champion de France sur le fond et sur le sprint on avait fait bis au 500m.

C'était dingue, individuellement je savais que je n'étais pas trop dans le coup. Mon entraîneur, tu l'as interviewé c'était Yann. A la fin de la deuxième année on avait fait le point, et j'avais anticipé le problème en me demandant si je devais rentrer à Angers, comment je faisais pour m'entraîner.

Je m'étais renseigné auprès d'un Lycée à Angers. C'était limite pour mon niveau et Yann me disait que si je voulais rentrer il ne me retenait pas. Au final je suis allé au bout du truc, je suis allé en troisième année.

Et je ne remonte toujours pas dans le classement. Je progresse mais je pars de la soixante dixième place en cadet1, et je ne progresse pas plus vite que ça. Donc j'ai fait finale B ou C du championnat de France, mais je retiens surtout des rencontres de dingues.

Dans ma classe, il y avait des judoka, des filles que faisaient du football, des pongistes. Ce sont ces rencontres qui m'ont marqué.

Donc là j'ai mon Bac, tout juste, postuler sur un pôle France ne m'a même pas traversé l'esprit. Je m'inscris en fac de sport à Angers. Et dans mon club, les gens s'entraînent tous les jours, il y a une ambiance et une énergie, et j'ai décidé de me responsabiliser un peu plus sur mon entraînement.

Je choisis des études pour continuer à faire du sport. Je ne m'imaginais pas une journée sans sport.

Et sans le savoir en débriefant, Yann m'avait motivé en m'exprimant sa curiosité à mon sujet pour les prochaines années senior. Et j'ai tout fait pour bien m'entraîner. Au club, avec des ambitions non démesurées.

Ne pas griller les étapes, me faire ma place en senior, découvrir le niveau, prendre les courses qui viennent et faire de mon mieux. Je me suis éclaté sur toutes les distances : 100m, 200m. Je me suis fait super plaisir en équipage avec le 500m en K4 et K2, et des courses marathon.

Quand je rentre en STAPS, je voulais absolument travailler dehors. En dernière année de pôle espoir, je passais un diplôme, je filais un coup de main bénévolement au club pour les locations l'été, j'encadrais des jeunes le week-end quand je revenais du pôle.

Du coup le président du club, nous avais suggéré de passer le diplôme d'initiateur. Et à ce moment là j'adorais ça, d'animer.

On avait des formateurs du comité départemental, ils amenaient de façon concrète ce qu'on devait mettre en place dans une séance pour qu'elle se déroule bien, avec un échauffement, un corps de séance, un retour au calme.

Je voulais au début faire de l'animation et donc l'été entre la terminale et la première année de fac je trouve un poste dans une colo de vacances comme entraîneur de kayak auprès de jeunes défavorisés. On devait leur donner le sourire tous les jours.

J'aurais pu faire un BE kayak, mais je voulais d'abord suivre le cursus universitaire, sans doute sur les recommandations de mes parents pour être mieux reconnu. Et j'aimais bien les enseignements de la fac.

Quand je retourne à Angers, l'entraîneur c'était mon partenaire d’entraînement, c'était Florian. Il était encore cadre athlète à ce moment là. Il était toujours compétitif.

J'ai quand même privilégié la place du sport plutôt que des études dans ma vie.

Le fait de ne plus avoir d'entraîneur et avec le STAPS, je suis devenu mon propre entraîneur.

Du coup je faisais des choix compris, je faisais des tests, et j'avais essayé des trucs en musculation parce que pendant toute mes années cadet je n'étais pas vraiment musclé. Donc en sprint ça te pénalise si tu n'as pas de force. Ce n'est pas indispensable mais c'était important.

Et d’ailleurs je dois te faire une petite dédicace puisque je te suivais, du moins je regardais un peu tes vidéos à ce moment là en scrutant ce qui se faisait sur la toile en musculation. C'était cool.

Et du coup j'ai pris de la masse, de la force musculaire, j'ai fait ma première barre à 100kg au développé couché l'hiver qui a suivi. Et ça m'a aidé à fixer mon appuis dans l'avancement du kayak, chose que je ne faisait pas.

J'ai l'impression que d'avoir développé des qualités musculaires sur le grand pectoral, triceps et deltoïdes, ça m'a permis de mieux fixer ma pagaie dans l'eau.

C'est un raccourci direct mais ça y a participé pour mieux solliciter le muscle requis.

Les Secrets du Kayak : En STAPS, tu es allé jusqu'où ?

Guillaume Berge : Donc j'ai fait ma licence à Angers et mon master à l'INSEP, en prenant la spécialité de l’entraînement optimisation de la performance. Il s'intitulait « sport expertise et performance de haut niveau ».

Donc là, je voulais entraîner à haut niveau, de façon progressive pendant les années de STAPS.

J'avais un rôle bien défini au club avec l'animation de l'école de pagaie. Et je débordé sur l’entraînement des minimes, avec leurs premiers championnats de France. Et ça me tenait à cœur de faire en sorte qu'ils s'en sortent bien.

Donc ça passe de l'animation à l'entraînement, et à force j'ai voulu me rapprocher des meilleurs français. Donc j'ai écris au pôle France à Vaires pour y aller en stage d'observation dans le cadre de ma licence.

Je voulais voir ce qu'il se faisait avec les meilleurs entraîneurs en pôle France. J'ai passé un mois à observer, discuter et poser des questions à François During, à Nicolas Parguel, Nicolas Maillotte, et là j'apprenais tellement de chose et de voir cette relation humaine créée entre l'entraîneur et l'athlète, c'est incroyable.

Je voulais faire ça. Au début je voulais être entraîneur, ne pas me poser de limites. Je me formais pour avoir des connaissances en physiologie, en psychologie, et en sociologie. Je trouvais aussi que la PPG c'était aussi central dans l'entraînement.

Et parallèlement je faisais du kayak, toujours pour progresser. Je chercher à aller en championnat de France senior en monoplace, et claquer la meilleure course que je pouvais. Mais sans la prétention de me qualifier pour les mondiaux.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'il y a beaucoup de personnes dans cette optique, qui ne sont pas haut niveau mais qui sont amateurs et qui s'entraînent pour les championnats de France ?

Guillaume Berge : La frontière est assez fine. Quand tu es cadet 1 tu arrives avec un club, tu goûtes au championnat de France, c'est déjà un haut niveau !

Mais prétendre aller à l'international c'est à deux portes en fait. Tu vas dans le nord, tu côtoies Maxime Beaumont, vice champion olympique ! Tu peux t'aligner à ses côtés. C'est galvanisant, il y a de la proximité avec les athlètes.

Dans l'ouest, tu avais Vincent Lecrubier qui n'avait pas encore arrêté. Au club, Florian avait fait finaliste sur le 1000m au championnat de France, nous on était comme des dingues.

Le kayak tu côtoies facilement des champions, et donc oui il y a pas mal d'athlètes qui veulent prétendre aux championnats de France.

Mais aujourd'hui tu peux faire d'avantage de courses de kayak avec les opens, ces opens ont pour ambition de sélectionner des athlètes pour l'équipe de France. J'espère que pour tous ces athlètes c'est clair dans leur tête.

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Les Secrets du Kayak : A partir de quel moment tu souhaites devenir entraîneur de kayak alors ?

Guillaume Berge : Tout s'est fait progressivement. Donc je fais deux mois de stage à Vaires, Nicolas et François m'avaient quasiment donné le champs libre ou presque.

J'avais fait un petit stage en préparation mentale, et je travaillais sur les routines d'échauffement avec trois athlètes du pôle France.

Et du coup ça me rend légitime à intégrer le Master de l'INSEP, il y a des entraîneurs de grande renommée, des champions de dingue, donc je vais en tirer le plus de bénéfice possible.

Il y a des chercheurs, des gens pointus dans leur domaine. Et pareil pour mon stage de Master, je re-choisis le pôle de Vaires.

Je voulais me faire une petite place dans cet univers du canoë-kayak. Il fallait creuser. Donc c'est plutôt pendant mes années de Master que j'ai voulu être entraîneur pour la fédération.

Les Secrets du Kayak : Donc on peut être entraîneur de kayak en ayant fait beaucoup de kayak, en comprenant l'activité et en l'ayant pratiquée. Parce qu'au final tu en as bouffé du kayak. Donc tu comprends bien les besoins des athlètes.

Guillaume Berge : Oui c'est clair j'en ai fait plein, et de toute sorte. Bien connaître l'activité c'est un gros plus et je dirais à la différence d'une activité terrestre.

Exemple Guy Ontanon avait pratiqué le basket je crois, il avait un bon niveau sans être athlète de sprint international et pourtant il coach des grands sprinters français.

Le kayak par son univers aquatique, si tu n'a pas se feeling avec l'eau, tu peux vite te perdre auprès des athlètes. Tes mots ne sont pas justes.

Là dernièrement je voulais faire intervenir Stéphane Caristan, on fait un cycle d’athlétisme avec lui à l'INSEP. Et j'aimerais connaître de son œil de personne qui ne connaît rien au kayak, ce qu'il observe des séances de kayak.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire. Ca peut faire prendre du recul.

Sincèrement je réfléchis en même temps qu'on parle, mais je n'ai pas la réponse à ta question de « Est-ce qu'on peut ne pas avoir pratiqué du kayak et être entraîneur de haut niveau en kayak. »

Les Secrets du Kayak : Comment ça se passe pour te faire recruter en tant qu'entraîneur au pôle France ?

Guillaume Berge : J'ai postulé deux fois. La première fois il y avait un recrutement d'entraîneur sur un pôle France à Vaires, à ce moment là c'était François During qui était coach, j'étais encore en master et il me prévient de cet appel d'offre sur le pôle.

Vas-y postule, essaye tu verras bien, qu'il me dit. A ce moment là j'étais en plein cours sur les entretiens d''embauche, comment gérer un entretien. Je l'ai pris comme un exercice, je l'ai tenté.

Ça s'est super bien passé, mais c'est comme une compétition de sport, tu ne connais pas la performance des autres. Et il y avait un entraîneur bulgare, reconnu sur la scène internationale en kayak, Andrian Douchev. Donc je n'ai pas été pris mais ils m'ont dit que j'étais dans le top 3.

Il n'est resté que trois mois, et l'été même j'ai pu travailler avec la fédération dans le cadre de mon mémoire en master, sur l'analyse des mouvements du bateau. Voir l'impact de la gîte sur les vitesses de déplacement.

Et comme François avait le matériel nécessaire, j'ai récolté leurs données.

En fait je n'ai rien conclu, je n'ai pas été au bout. En discutant avec les chercheurs de l'INSEP, leurs recherches sont axées sur la physiologie et la biomécanique, alors que moi c'était la mécanique des fluides.

Il aurait fallu être avec des spécialistes des fluides, ma soutenance était pourrie. Je n'avais pas tiré de conclusion, mais à force d'échanger, on avait émis des hypothèses.

Les Secrets du Kayak : Nouvel appel à candidature suite au départ de l'entraîneur bulgare ?

Guillaume Berge : Je suis embauché pour six mois, de juillet à décembre, mais la saison internationale c'est de mai à fin août.

À la fin du mois d’août, c'était Jean-Pascal Crochet en poste, je l'interpelle sur la suite et il me file le poste.

Les Secrets du Kayak : Comment ça se passe avec les athlètes car tu es plus jeune qu'eux ?

Guillaume Berge : Bien, ça fait deux trois ans que je gravite autour d'eux. Oui je suis plus jeune, mais ce n'est que des gens bienveillants. Moi j'ai un peu d’appréhension, mais je suis parti confiant. Et j'en avais pour trois mois.

Moi je ne voulais pas qu'au bout de trois mois, si mon contrat s’arrêtait, les laisser tomber. Donc je n'étais pas référent d'athlètes, je travaillais avec les jeunes et les dames. Je fais du soutiens aux entraîneurs.

J'ai été intégré par les entraîneurs comme un des leurs.

Le pôle n'a pas pu de suite me reconduire, donc ça s'est arrêté là. C'est là que j'ai été frustré.

Entraîneur c'est un métier à plein temps, voir plus, donc je suis reparti à l'école, finir mon mémoire.

Jusque juillet je ne bosse plus et Jean-Pascal fait ressortir le poste, je postule, je fais l'entretien et c'était parti dès le premier juillet 2019.

Comme j'arrive en pleine saison internationale, je n'ai pas d'athlètes directement. Je suis catapulté au centre de tous les collectifs, et j'interviens auprès des senior.

Fin de saison, là je démarre avec Jérémy Leray, Maxime Lebon, et Sarah Guyot. Je n'en ai pas la responsabilité totale, mais je suis le suppléant à Vaires.

Tu dois suivre une logique de course, tu ne peux pas te diviser en sept dans la journée, les athlètes que tu suis font le même type de course.

Tu optimises ton temps. Et ça se fait par affinité. Et c'est Jean-Pascal qui me les a proposés. Je n'avais pas d'attente particulière.

Les Secrets du Kayak : As-tu appliqué la théorie que tu as apprise, qui ne se faisait pas habituellement ?

Guillaume Berge : Oui, mais ce n'est pas que de moi. Mon mémoire je l'ai fait sur la répétition de sprint en hypoxie.

Donc ça c'était nouveau. J'ai fortement collaboré à cette nouvelle méthode d'entraînement.

Les Secrets du Kayak : Vanina expliquait qu'elle était prête à arrêter le kayak parce qu'elle n'y trouvait plus de plaisir, mais que de travailler avec toi, elle l'a retrouvé, et que les séances qu'elle n'aimait pas faire, tu as réussi à les lui faire faire de manière différente. Est-ce que ça se faisait auparavant ?

Guillaume Berge : Je ne pense pas avoir inventé un truc. On a surtout beaucoup discuté pour établir le plan d'action, partir de ses besoins, ça c'est central dans ma conception de l'entraînement.

Si elle me dit faire 15km de bateau ça me prend la tête, si en faisant du vélo elle s'éclate et s'engage plus dans sa séance d'aérobie, je l'encourage à le faire.

Les choix peuvent être différent en fonction des individus.

Quand tu entraînes quelqu'un tu as un filtre, mais j'essaie de partir de eux et pas du coup de pagaie idéal pour moi.

Pour Vanina, être ancrée un peu devant, elle se sent stable et efficace. Et donc je lui fait confiance.

Si ça avait été moi, certainement que ma posture aurait été différente. Ce n'est pas ma touche perso, mais il s'agit de leur préférence.

Les Secrets du Kayak : Tu parles de préférence, j'ai acheté un livre La bible des préférences motrices, est-ce que tu le lis aussi ?

Guillaume Berge : Ce parpaing ! J'en ai fait acheté deux, mais je n'ai pas encore ouvert une page.

Ça m'intéresse. Dans le monde du kayak c'est beaucoup utilisé, et je suis curieux. Il faut que je m'y mette.

Aujourd'hui je ne suis pas formé en préférence motrice, j'ai quelques connaissances. Mon fil, c'est l'athlète, je m'adapte à leur sensation.

Et je ne dois pas être très loin d'un profil préférentiel pour Vanina et Jérémy qui se situent un peu devant. C'est à creuser.

Les Secrets du Kayak : Ca ressemble à quoi la journée d'un entraîneur ?

Guillaume Berge : C'est interminable. Tu te lèves avec le jour, et après jusqu'au moment où tu t'endors le soir tu es à fond.

Tu as une première séance le matin, le bassin est moins sujet au vent, une autre l'après midi ou bien c'est musculation. C'est énormément des discussions athlètes/entraîneurs entraîneurs/entraîneurs, beaucoup de debriefing. Ce n'est pas facile à résumer.

Ton emploi du temps n'est pas vraiment figé, en fonction de l'athlète. Tu prends le temps de faire le point avec eux, tirer des enseignements de la séance.

Quand tu rentres chez toi, tu essaies de réfléchir à des solutions d'optimisation de développement.

En ce moment c'est beaucoup de réflexion.

Je suis bien formé en préparation physique, je n'ai pas de Master de préparation physique. En tous les cas ma conception évolue beaucoup et très vite.

Au début je pensais que l’entraînement c'était développer de la physiologie et des qualités physiques renforcées avec des qualités mentales. Un peu comme une addition pour avoir au final un truc bien.

Hé bien non, c'est plus complexe, tout est relié. Les athlètes doivent se questionner sur les habilités mentales nécessaires pour être performant en situation de compétition. Il y a des incontournables de qualité physiologique et physique.

Les Secrets du Kayak : La musculation en kayak s'est longtemps résumé au développé couché, tirage planche, tractions. Aujourd'hui j'ai l'impression que ça a pas mal changé, qu'est-ce que tu en penses ?

Guillaume Berge : je dirais que l'analyse du coup de pagaie en kayak t'amène à penser la musculation différemment.

La musculation a évoluée et on avance bien avec l'idée qu'il faut un corps le plus homogène possible. Et moi je pense qu'il faut avoir la capacité à rester gainer pour répondre à un déséquilibre.

Il faut avoir des ressources de force musculaire autour des articulations, pour répondre à ce déséquilibre du fait du déplacement. Pour moi le gainage doit rester au centre !

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu confirmes que l'appui et la vitesse donne de la stabilité au bateau et que par conséquent c'est plus compliqué de rester stable à l'arrêt ?

Guillaume Berge : Tu vas développer ta stabilité c'est sur, mais je pense qu'on est stable quant on a la pagaie dans l'eau. Donc les enchaînements créent de l'instabilité.

La pagaie sert de propulsion et d'équilibre, c'est le seul point d'ancrage sur l'eau. L'eau reste une matière sur laquelle on peut s’appuyer.

Donc oui à l'arrêt la pagaie en l'air, il arrive des petites surprises.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'aujourd'hui tu t’entraînes encore en bateau ?

Guillaume Berge : Non, je ne m'entraîne plus, je navigue ! Une ou deux fois par semaine. Je fais des trucs tranquille.

Je suis tellement occupé que je ne m'entraîne plus en kayak, mais j'ai un volume d'entraînement sur d'autres activités à raison d'une séance par jour. Je fais du triathlon donc tu nages, tu coures et tu fais du vélo. J'adore le trail, le VTT.

Les Secrets du Kayak : La transition est surprenante à vrai dire. Est-ce que tu as des regrets de ne pas avoir eu accès au haut niveau ? Qu'est-ce qui explique le fait que tu n'y ais pas eu accès ?

Guillaume Berge : En Australie, l'année dernière les filles m'ont posé cette question. C'est multifactoriel.

Le premier facteur c'est sûrement mon manque d'envie. J'adore le sport, mais pour le haut niveau je n'avait pas compris tous les prérequis.

Je ne suis pas quelqu'un de super régulier à l'entraînement. Je me réveillais trop tard trop près des échéances, et après je me reposais. Et ça ça ne marche pas.

Pour être athlète de haut niveau, je dirais qu'il faut bien reconsidérer le kayak dans sa situation de compétition. Bien se questionner sur comment être prêt pour bien réussir son objectif de course, et qu'est ce que je dois faire en compétition.

La logique interne, c'est battre les autres. Il faut arriver devant. Donc ça amène de l'adversité et de la confrontation.

Mon conseil : s’intéresser à ce qui se passe dans leur tête pendant la confrontation en compétition.

Ça se travaille, c'est de la préparation mentale, il faut en parler, discuter avec votre entraîneur.

Vous pouvez retrouver Guillaume sur son compte Facebook.

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