Interview : Amandine Lhote
Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Amandine Lhote en février 2021.
Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?
Amandine Lhote : Ça va très très bien !
Les Secrets du Kayak : Raconte nous ton parcours. Quel est ton premier souvenir de kayak ?
Amandine Lhote : Mon premier souvenir de kayak, c'est lors d'une séance à l'école primaire à Cambrai.
C'était une sortie découverte et j'avais galéré et tourné en rond.
Je me suis dit « c'est pas facile comme discipline, donc ça me plaît ! »
Les sports aquatiques m'ont toujours attiré, je faisais de la natation synchronisée avant.
En entrant au collège, il fallait choisir une section sportive et j'avais choisi ça.
En sixième, c'était une section sportive donc on avait kayak le mardi soir et le vendredi soir.
Au passage en cinquième, tu devenais automatiquement membre au club de Cambrai.
L'inscription au club ajoutait une séance le mercredi après-midi et le samedi après-midi comme dans tous les clubs.
J'en rigole maintenant, mais j'étais complètement nulle !
Je crois sincèrement détenir le record de baignade du club tellement j'étais nulle.
Mon président me suivait avec un kayak de mer prêt à me repêcher tous les dix mètres dans le canal.
Je pouvais me baigner dix fois par séance, un calvaire !
Mon entraîneur de club en était venu à dire à mes parents : « Amandine n'est pas faite pour la compétition, elle ne fera que du loisir... »
En section sportive, on a fait slalom et course en ligne.
Au début la course en ligne c'est sympa, c'est par la suite que ça se complique.
Lorsque tu commences à passer sur un Joker, un Orion... ça a été la galère totale.
Ils ont vraiment eu de la patience au club avec moi.
C'est en course en ligne où j'ai vraiment vraiment galéré.
Les Secrets du Kayak : Malgré tout c'est en course en ligne que tu as percé, étonnant non ?
Amandine Lhote : J'avais un bon physique avec seulement des débuts de musculation au poids du corps.
Une fois que j'ai acquis la stabilité, ensuite tout s'est débloqué et tout est allé vite : en cadette j'intègre l'équipe de France, en cadette 2 je gagne les sélections équipe de France, j'intègre l'équipe junior et tout s’enchaîne bien.
Cadette, tu es en fin de collège.
J'ai fait deux années en minimes où j'étais très mauvaise au point de naviguer sans siège pour être plus basse et donc plus stable dans le bateau.
J'ai navigué avec siège en cadette 1 lorsque j'ai enfin été stable.
Dès que j'étais stable, depuis cadette j'ai commencé à m'entraîner tous les jours après les cours.
Les Secrets du Kayak : Comment reste-on motivé quand on tombe autant à l'eau ?
Amandine Lhote : Mes parents m'ont un peu forcé à ne pas abandonner, et moi même ça me dérangeait d'être en échec.
J'ai persévéré, je me suis accroché et ça a finit par payer un jour, heureusement !
La stabilité est venue vraiment d'un coup, il n'y a pas de secret : il faut pratiquer pratiquer et pratiquer, ça finit par venir.
Après certains peuvent être naturellement doués, moi clairement je ne l'étais pas.
Après des milliers de baignades mon heure était enfin venue.
On me mettait une mousse épaisse sous les fesses mais tu es fixe, impossible de bouger.
C'est pas trop gênant en minime, mais il fallait vraiment que je devienne stable à partir de cadette.
On s’entraînait pour tout car en cadette on avait les tests : 200m, 2000m, musculation et course à pied.
Les piges c'était 500m et 1000m, il fallait être fort sur les deux et j'avais une préférence pour le 1000.
J'adorais le 1000m et il me le rendait bien car j'y étais performante.
Les Secrets du Kayak : Quels objectifs on se fixe lorsqu'on intègre l'équipe de France ? Rêve-t-on déjà de Jeux ?
Amandine Lhote : Au club, on était très axé performance avec notre entraîneur Michel Richard, les séances étaient très sérieuses, on était vraiment dedans.
J'ai toujours été projeté dans un projet de performance dès cadette donc tout en restant jeune.
Je ne me suis jamais dit à cette époque : je veux être championne du monde, non.
Les Secrets du Kayak : Un souvenir de ta première compétition internationale ?
Amandine Lhote : C'était une régate internationale.
J'étais alignée avec des filles d'autres pays, c'était impressionnant mais j'étais à ma place, j'étais formatée pour ça en quelque sorte.
Je n'ai pas souvenir d'avoir eu peur, l'objectif était de gagner.
Je faisais du K2 avec Camille T. On n'était pas hyper au point, j'avais été un peu déçue mais bon c'était les débuts.
Après lors de ma première année, j'ai fait les championnats d'Europe à Zagreb en K4 avec Juliette Jenicot, Angélique Thery et Aurore Dessalle.
J'étais à l'avant du K4 et là pour le coup, j'avais la pression car c'est toi qui donne le rythme, j'étais la plus jeune.
C'était génial, là je me suis dit c'est parti je veux performer et faire des compétitions.
Les Secrets du Kayak : J'ai l'impression que pour beaucoup, le kayak de course en ligne est passé par de l'équipage avant d'être à un moment peut-être une pratique solo, vrai ?
Amandine Lhote : Oui, l'équipage c'est génial et ça révèle parfois des athlètes qui seuls ne sont pas forcément bons mais en équipage deviennent très performant.
Malheureusement, on sélectionne toujours sur du monoplace et on peut parfois passer à coté d'athlètes qui sont biens meilleurs en équipage.
Les Secrets du Kayak : As tu eu une scolarité aménagée ?
Amandine Lhote : Non pas du tout, jusqu'en terminale j'allais m’entraîner après les cours. Je n'étais pas en pole.
Je ne pouvais donc m’entraîner qu'une fois par jour, sauf pendant les vacances scolaires évidemment.
Après le BAC, je suis partie à Dijon pour entrer en école de kiné mais je n'ai pas réussi donc je suis entrée en première année de médecine.
Kayak de haut niveau et médecine, ce n'est pas du tout compatible et j'ai fini par abandonner.
J'ai ensuite rejoint Nancy au pole France. J'ai passé le BPJEPS AGFF au Creps sur 2 ans.
J'ai toujours aspiré à un métier au contact du sport, en m'intéressant au BPJEPS, je me suis dit que ça me correspondait. C'était ma voie, je voulais transmettre ma passion de pratiquer le sport.
On a quitté le pole espoir de Dijon car petit à petit le gros groupe d'athlètes s'est dissout.
Le directeur équipe de France de l'époque nous a suggéré de partir sur un pole France : Nancy, Paris, Rennes ou Toulouse.
On a choisi Nancy pour ne pas trop s'éloigner de la famille et aussi car le fils de mon entraîneur de Cambrai enseignait justement là bas.
Les Secrets du Kayak : Ça marchait bien le kayak pour toi à cette époque ?
Amandine Lhote : Je suis arrivée en 2008.
Non ça n'allait pas fort... c'était ma dernière année en -23 ans.
Un mois avant l'échéance terminale, j'étais en stage avec le club de Nevers et je me lève un matin avec le ventre « décalé », j'avais un gros problème de dos.
Je n'ai pas pu courir les championnats de France de vitesse, un professionnel de santé m'avait déconseillé de forcer.
J'étais dans l'incertitude de courir les championnats d’Europe ou pas ; je les ai quand même couru.
Mais suite à ça, à la rentrée, le staff m'a dit que je n'étais plus une valeur sûre, qu'il valait mieux que j'arrête.
Ça a été très très dur !
Et je ne savais toujours pas quel était mon problème de santé, on ne trouvait pas la cause.
Le plus dur à accepter, a été qu'on avait décidé à ma place que je devais arrêter, ce n'était pas ma décision.
Heureusement que j'avais le BPJEPS à coté.
Je naviguais désormais pour le loisir ; j'ai arrêté l'international, j'ai continué seulement au niveau national.
J'ai enfin su ce que j'avais comme problème au dos en 2013, 4 ans après...
Mon rythme d’entraînement descend à deux fois par semaine, je fais de l'équipage avec les copines, et je fais quelques compétitions nationales.
C'est le fitness qui m'a sauvé !
D'enseigner, de donner des cours en salle à côté m'a tenu occupée d'une part, et d'autre part m'a redonné une condition physique qui m'a permis de revenir au niveau.
J'avais alors moins mal au dos. Le fitness m'avait redonné un équilibre musculaire plus sain.
Les Secrets du Kayak : Comment as-tu trouvé la solution en 2013 ?
Amandine Lhote : Je consulte un médecin du sport de l'équipe professionnelle de football de Nancy.
A l'IRM, il a remarqué un disque complètement écrasé et qui sortait vers l'avant du corps, un autre plus bas également complètement écrasé au niveau lombaire et un kyste dans le disque.
Tout s'est usé.
La pose de ce diagnostic m'a enfin libéré, j'ai été soulagée de savoir.
Auparavant, les autres spécialistes n'avaient rien vu, tout le monde était passé à coté : « vous êtes lombalgique à vie » voilà ce qu'on m'avait dit...
Merci au fitness encore une fois, qui je pense m'a aidé à supporter tout ça.
J'ai fait deux infiltrations sans effet car le disque sort vers l'avant et le médecin m'avait dit il faut du renforcement pour ne pas que ça s'aggrave.
Le fitness m'a apporté un bon maintient, un rééquilibre.
Les étirements sont aussi indispensables, maintenant je les fais avec plaisir car ils me font du bien.
Les Secrets du Kayak : Ensuite donc la reprise à fond ?
Amandine Lhote : Je m'y remets avant les championnats de France de vitesse, je fais 9ième de la finale en ne m’entraînant que 2 mois.
Mon fiancé Romain Marcaud était en équipe de France marathon de 2008 à 2013, champion d'Europe en K2, et vice champion du monde.
Tout ce temps même si je ne pratiquais plus, je suis resté au contact du haut niveau.
Romain était mon entraîneur de club, il a su me parler, me remotiver, ma reprise a été notre projet commun.
Être coaché par son conjoint c'est original mais ça fonctionne, on s'entend très bien, et on sait faire la part des choses entre la vie sur l'eau et la vie à la maison.
Même si je trouve que c'est difficile d’entraîner une fille, on ne peut pas parler aussi cash qu'avec un garçon je pense.
De 2008 à 2013, ce fut dur pour moi de vivre en dehors de l'eau, tout en restant dans le milieu à suivre Romain sur ses compétitions.
J'étais contente de partager ses émotions mais je m'étais faite à l'idée de tirer un trait sur le kayak, pour moi c'était fini à titre personnel.
Je n'avais plus l'espoir de revenir au haut niveau international, je restais dans les compétitions nationales avec les copines et ça m'allait bien finalement.
Je n'avais plus l'envie de faire du monoplace car je n'étais plus dans les premières places, alors que l'équipage c'était beaucoup plus sympa.
Les Secrets du Kayak : Des adaptations matériel à ta reprise ?
Amandine Lhote : Oui j'ai eu un siège tournant, indispensable pour que je puisse revenir.
C’est différent et donc difficile au début, il a fallu réapprendre un peu, mais sans ce siège tournant impossible de re-pagayer chaque jour.
On a moins de transmission au niveau des jambes mais une plus grande fluidité au niveau du dos, pas de pression et donc pas de douleurs.
Pour autant je ne suis pas retourné à la baignade, j'ai réussi à l'apprivoiser assez vite.
Pas d'autres changements techniques autre que ce siège.
Les Secrets du Kayak : Pour pouvoir reprendre le kayak à plein temps tu as mis ta carrière professionnelle en pause ?
Amandine Lhote : Non, je travaillais à temps plein et je m’entraînais en plus.
Je profitais de chaque coupure entre deux cours de fitness pour aller m’entraîner.
Je n'hésitais pas à me lever à 06h00 pour aller sur l'eau avant le travail, il fallait jongler.
Une fois que tu es sorti des listes haut-niveau, tu n'as plus de convention professionnelle pour adapter ton emploi du temps donc pas le choix.
Professeur de fitness est un métier actif, je n'ai jamais été aussi forte qu'à cette période où je cumulais avec beaucoup de kayak.
Je donnais entre 15 et 20h de cours en salle, et je faisais entre 12 et 15h d’entraînement sur l'eau.
A la reprise, j'avais une condition physique incroyable grâce à tout ces cours de fitness que je dispensais.
Les Secrets du Kayak : En moins d'une année tu reviens au top ?
Amandine Lhote : En 2013 je fais vice championne de France marathon, donc avec Romain on se dit que je vais tenter l'équipe de France marathon pour 2014.
Durant la préparation, je profite des sélections équipe de France de vitesse pour me tester voir où j'en suis en vitesse.
Je fais 5ième au général et me voilà sélectionnée en équipe de France de vitesse, c'était inattendu car pas du tout l'objectif que je visais du moins pas pour 2014 mais plutôt pour 2015.
Malgré qu'on était dans une prépa marathon, on bossait quand même les intensités donc je m'étais préparée pour le 500m mais sans repère.
De toute façon, le marathon tu bosses les intensités car finalement c'est que des accélérations et des relances, tu ne fais pas que du très long.
En bateau, d'une part j'avais déjà une bonne caisse aérobie et d'autre part je n'avais pas de grandes disponibilités horaires donc au maximum je faisais 15km, du basique.
Les Secrets du Kayak : Pourquoi cette attirance pour le marathon ?
Amandine Lhote : En 2005, avec Julie Beugnet on fait 3ième au championnat du monde en junior au marathon.
Romain lui était sur le marathon donc j'étais toujours au contact du marathon.
Je me suis dit, je me lance là dessus et puis ça me fera un travail foncier pour revenir ensuite dans la vitesse.
C'était une bonne remise en jambes.
Les Secrets du Kayak : Combien d’entraîneur as-tu eu dans ta carrière ?
Amandine Lhote : Frédéric Humbert au pole espoir de Dijon.
Alban Richard à Nancy.
Et José Ruiz qui nous a toujours connu depuis qu'on est petit.
Puis Romain qui m'a ramené au haut-niveau.
Les Secrets du Kayak : Une bonne émulation à Nancy au niveau des filles ?
Amandine Lhote : C'est les garçons du club de Nancy qui m'ont ramené au haut-niveau, c'est avec eux que je m’entraînais !
Ça m'a rapidement tiré vers le haut car c'était très dur de les tenir sur l'eau, c'est en galérant qu'on progresse.
Les gars du pole, je n'arrivais pas à les tenir, ceux du club oui.
Kayak dame et canoë homme vont à peu près à la même vitesse donc j'ai pu me trouver de bons partenaires garçons pour m'accompagner dans mes séances.
Les Secrets du Kayak : Tu fais encore beaucoup de musculation pure à cette époque ?
Amandine Lhote : C'est toujours tirage planche et développé couché, avec les tests ça reste la base.
On fait beaucoup plus de gainage instable qu'avant, pas mal de TRX également maintenant.
A part ça, rien de révolutionnaire sur les ateliers de musculation.
Je n'ai pas cherché à faire d'avantage car j'aime suivre la planification telle qu'on me la donne.
Tout se complétait avec ma pratique personnelle du fitness.
Les Secrets du Kayak : Les Jeux en 2014, tu y pensais ?
Amandine Lhote : C'était dans ma tête oui ! Je visais Rio en vitesse, c'était prévu.
Mais je continue ce rythme effréné du kayak + vie professionnelle jusque l'échéance terminale de 2014 en Allemagne.
J'ai du prendre des congés sans solde pour partir en compétition, une année très compliquée.
En 2015, j'ai un aménagement, je bosse à 50% et grâce à ça je peux revenir à deux entraînements par jour.
Paradoxalement en 2015 je régresse ! Mon corps n'était plus habitué je pense.
Je donnais moins de cours de fitness, moins d'heures actives, je pense que ce n'était plus suffisant pour moi.
Moins de fitness, moins d'aérobie finalement ça ne me convenait pas si bien, mon corps avait besoin d'une dose d'un peu de tout, multi-activité en fait.
Quand je partais en stage équipe de France pour moi c'était de la récupération, car j'en faisais moins que dans mon quotidien.
Les Secrets du Kayak : En parlant de stage, ta vidéo au Maroc est chouette
Amandine Lhote : Là bas pour travailler la stabilité c'est top car des vagues il y en a !
C'était des supers stages là bas.
En K2, je me souviens qu'on avait coulé, imagine toi la vague tellement haute qu'elle passe dessus le bateau et nous coule, il a fallu dé-juper pour sortir du bateau qui coulait, improbable !
Le climat y est bon donc propice pour bien s’entraîner, tu es dans un bon cadre.
Les Secrets du Kayak : A ta reprise, quelle hygiène de vie ?
Amandine Lhote : Pas d'alimentation stricte, je mangeais sainement tout simplement.
2015-2016, la cryothérapie m'a beaucoup aidé, vraiment.
C'était en chambres froides, la première à -60° et la seconde à -110°, c'est magique pour la récup.
Limite dangereux car en effaçant les courbatures tu peux tomber dans le piège de bombarder à nouveau à l'entraînement dès le lendemain.
Même si musculairement tu as récupéré, ce n'est pas le cas de ta récupération nerveuse.
Je ne faisais pas kiné particulière pour mon dos, je me gérais seule.
La préparation mentale oui, ça m'a aidé, à raison d'une fois par semaine à Nancy après les Jeux notamment. Une grosse aide cette préparation mentale pour débloquer au niveau psychologique.
Les Secrets du Kayak : Parle nous de ton matériel.
Amandine Lhote : Toutes les filles ne sont pas en Plastex, moi j'étais en Nelo Cinco. Je n'ai jamais essayé Plastex.
Flash-back en cadette 1, je suis médaillé aux championnats de France de vitesse et Michel mon entraîneur avait acheté un Nelo Scorpion.
Ce bateau me faisait rêver je me souviens, il l'avait acheté pour moi !
Au fil des années, j'ai pagayé en Braca, ensuite en Jantex, pour finalement revenir en Braca.
J'avais une Braca 9 ou 10, un peu comme la Gamma Jantex.
J'étais en 2,13 et demi, j'ai des longs bras et grosses épaules je pouvais tirer grand.
Les Secrets du Kayak : Tu as eu d’autres blessures dans ta carrière ?
Amandine Lhote : Oui une déchirure abdominale faite en bateau, en tirant sur mes pieds en équipage;
Rien de méchant aux épaules.
C'était le dos le plus gros souci, avec le siège tournant je n'étais plus embêtée.
En musculation, en revanche je ne pouvais plus faire de tirage planche trop lourd, donc je faisais des tractions tout simplement.
On peut toujours s'adapter en y réfléchissant.
Les Secrets du Kayak : Malgré toutes ces difficultés, tu fais les Jeux en 2016
Amandine Lhote : 2015 en équipe de France ça se passe bien oui, le bateau était sélectionné.
Il fallait maintenant que je me fasse sélectionner pour l'équipage qui ira aux Jeux.
Il faut gagner sa place, c'est les règles...
Comme on disait tout à l'heure, si t'es moins bon en monoplace qu'en équipage c'est compliqué.
En 2016 pour la première fois rien ne pouvait m'arrêter, j'étais déterminée, j'allais réussir et aller aux Jeux !
Je fais deux fois 2ième aux sélections, aux points ça me classe 3ième je crois.
C'étaient mes meilleures courses de l'année en monoplace, me voilà qualifiée pour les Jeux 3 mois plus tard.
Les Jeux c'est une énorme expérience, pour une fois les kayakistes étaient au village olympique, extraordinaire !
Tu profites à peine de tout ça car tu es focus sur ton objectif.
Au niveau sportif grosse déception car on fait 12ième, on termine en finale B.
On a toutes été déçues de notre résultat, j'ai fait une dépression après les Jeux.
Pour moi c'était un échec, encore aujourd'hui c'est dur à accepter.
A Rio, j'étais motivée à effacer cet échec, je voulais repartir à l'entraînement pour devenir meilleure.
Romain m'a conseillé de me calmer et de prendre le temps de digérer.
Au final, j'ai compris que j'avais d'autres envies et qu'il était temps de raccrocher, j'avais 30 ans t j'aspirais peut être à autre chose maintenant.
Un peu fatiguée du haut-niveau, j'avais envie de faire du sport plaisir, quand j'en avais envie.
Aujourd'hui je ne suis pas remonté dans un kayak depuis 2017, j'ai même revendu mon bateau.
Les Secrets du Kayak : Et l'après carrière alors ?
Amandine Lhote : En 2017, Romain a arrêté son boulot d'entraîneur au club de Nancy.
Pour avoir fait des stages de sélection en Corrèze, on connaissait ce département, on en est tombé amoureux et on s'y installé.
Romain a postulé comme directeur à la station de Marcillac, et moi comme coach dans une salle Orange-Bleue à Tulle.
L'aventure corrézienne commençait pour nous.
Actuellement, je suis en reconversion professionnelle, je passe le BPJEPS mention activités pour tous.
Mon projet est de travailler à la station sport nature de Marcillac-la-Croisille, d'enseigner les différentes activités natures et aussi fitness.
Je me suis mis au trail, je cours beaucoup, le lieu s'y prête bien, la Corrèze c'est top !
J'avais déjà essayé le Trail à Nancy, maintenant je m'y mets sérieusement.
Les Secrets du Kayak : Le mot de la fin
Amandine Lhote : Il ne faut pas s'arrêter aux blessures !
Ne pas s'arrêter aux avis médicaux ou des staffs sportifs, j'en suis l'exemple.
On peut toujours adapter sa pratique pour continuer.
Ne pas abandonner, on peut toujours y arriver malgré les obstacles.
Vous pouvez retrouver Amandine Lhote sur son compte Instagram.