Interview de Albert Pernet

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Albert Pernet en juin 2024.

Les Secrets du Kayak : Salut Albert, comment vas-tu ce matin ?

Albert Pernet : Ça va plutôt bien, il fait beau. J'ai travaillé un peu, fait un break, je suis au top, je t'attends de pied ferme.

Aujourd'hui je suis fonctionnaire au Ministère des Sports, en tant que professeur. Là je suis en disponibilité, mais mon dernier poste était à la Direction des Sports. Je vais bientôt reprendre des fonctions, voir d'autres choses avant de m'arrêter définitivement. Pourquoi ne pas passer à Annecy, il y a l'air d'y avoir de bonnes ondes.

Les Secrets du Kayak : Je voulais revenir sur ton parcours, notamment dans le canoë-kayak. Tu es d'une génération lointaine, peu de jeunes te connaissent. Comment as-tu commencé le canoë ? Tu as peut-être commencé par le kayak ? Comment ça s'est passé ?

Albert Pernet : J'ai eu une formation tardive, j'ai fait pas mal d'athlétisme et d'haltérophilie avant toute chose. J'ai démarré en réalité vers 15-16 ans le kayak. L'initiation se faisait davantage dans des barquettes. Très vite j'ai fait du canoë, et surtout typé course en ligne. C'était un peu des CAPS, des bateaux assez larges, plutôt faciles.

Fin des années 70, tu faisais un parcours en pagayant d'un côté, un parcours en pagayant de l'autre, ça se faisait par l'addition des deux temps. Ça avait l'avantage de ne pas spécialiser les gens trop tôt.

Les Secrets du Kayak : Démarrer à 15-16 ans, ce n'était pas un peu tard pour s'exprimer dans le bateau par la suite ?

Albert Pernet : Oui certainement, il y a des choses que je n'ai pas maîtrisé suffisamment de ce fait là, et avec un physique et une maturité déjà costaud. Tout ne repose pas dessus, il faut une certaine intelligence motrice qui permet aussi de sentir les choses, et il y a l'encadrement. C'était l'époque où on te mettait dans un bateau et tu te débrouillais un peu.

Les Secrets du Kayak : A 15-16 ans, comment s'organisaient tes entraînements ? Tu as démarré directement à fond ?

Albert Pernet : Assez vite, oui.

Ça me convenait bien, j'étais lycéen, c'était rapidement deux ou trois séances par semaine, avec un peu de préparation physique, et tu rajoutes les vacances scolaires. Ça fait vite pas mal de pratique.

Les Secrets du Kayak : Tu as eu des résultats rapidement avec cette pratique accélérée ?

Albert Pernet : Oui, l'année d'après j'étais champion de France junior. Ensuite, on est allé aux championnats continentaux. Ça s'est bien passé assez vite.

Les Secrets du Kayak : Comment tu as choisi ton côté pour naviguer en canoë ?

Albert Pernet : C'est assez anecdotique.

Je me souviens que la personne qui encadrait mon premier club, « la société nautique du tour de Marne », Bernard Bouffinier, quand il fallait tester la première fois les canoës de course en ligne, C1 CAPS, je me souviens qu'il m'avait demandé de quelle main j'écrivais.

J'ai répondu droitier, il m'a dit tu pagayeras à gauche. Je n'ai pas compris de suite le lien, mais ça venait de l'histoire de la main sur l'olive. La main droite était la plus précise. C'était la raison.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as connu des évolutions majeures dans ta carrière ?

Albert Pernet : En canoë, il n'y a pas eu de révolution d'ampleur contrairement au kayak avec les pagaies. Il y a eu des pagaies avec une rainure centrale, mais ce n'était pas systématique.

L'évolution majeure c'est le carbone, tout est passé carbone : le bateau, les manches. Il y a eu des montages un peu hybrides pendant la transition, puis le tout carbone est arrivé. Ce n'était pas évident au début.

Il y avait des soucis sur les manches quand tu les fabriquais toi même au début. Maintenant, c'est la norme. Les bateaux sont passés assez vite au carbone comme en kayak. Tu gagnes en rigidité, en poids. Les poids minimums des bateaux n'avaient pas changé pour autant, donc tu devais mettre du poids dans ton bateau.

La révolution, c'est la suppression de la largeur qui s'est faite aux alentours des années 2000.

En 1996, les allemands avait déjà fait des tentatives. La norme en canoë, c'est que le poids le plus haut du bateau doit être situé à l'avant.

A partir de la, la réduction de la forme qui a fait progresser les chronos en C1. Pour les biplaces ou autres, il n'y a pas eu de rupture kilométrique.

La réduction de la largeur a joué sur la stabilité, il faut faire la distinction entre encombrement du bateau et largeur mouillée. Les formes étaient plus ouvertes, plus plates. Aujourd'hui les canoës sont plus étroits que les kayaks. En canoë à l'inverse du kayak tu ne peux pas t’asseoir, ce qui les rends plus instables. Après c'est une question d'adaptation. Les jeunes apprennent directement sur des bateaux étroits.

Les Secrets du Kayak : Comment s'est déroulé ta carrière d'athlète alors ?

Albert Pernet : J'ai fait une carrière internationale ordinaire. Je n'ai pas été brillant. J'ai été sportif de haut-niveau une dizaine d'années, fait quelques championnats du Monde, à l'époque il y avait peu de championnats d'Europe. J'ai été senior de 1980 à 1988.

Je ne suis pas allé aux Jeux. Après j'ai arrêté l'international, j'ai fait un peu de compétitions nationales au club. J'ai pagayé en compétition jusque 1992. Pas de podium, des queues de finales. C'était une carrière basique.

Les Secrets du Kayak : J'ai vu malgré tout que tu as été champion du monde de marathon ?

Albert Pernet : J'ai fait les championnats du monde de marathon en 1988, juste après j'ai arrêté, ce n'était pas pour moi. C'était à Nottingham : 45km en C1, très léger moins de 10kg. Ensuite ça s'est réduit, maintenant ça doit être des distances de 30km.

Les Secrets du Kayak : Comment on s'entraînait dans les années 1970-1980 ? Certains avaient une approche quantitative, est-ce le cas pour toi aussi ?

Albert Pernet : Oui globalement, c'était la culture dominante.

Ceux qui étaient passés avant nous et qui avaient bien réussi nous transmettaient cette pratique. Ils avaient souvent des repères quantitatifs et ça se mesurait en milliers de kilomètres par an. En dessous de 3-4000 km/an, tu ne faisais pas grand chose. Tu étais un peu un touriste. Ça paraissait compliqué pour les normes de l'époque pour aller faire du haut-niveau.

C'était aussi la période pendant laquelle tu faisais de la préparation physique lorsque tu naviguais peu ou pas. Soit pour la météo, soit pour des rivières en crues.

Souvent la saison type, c'était la reprise après les vacances de septembre jusque octobre-novembre. En décembre, moins de bateau ou plus du tout, donc préparation physique, course-à-pieds, musculation pendant deux mois.

Il y avait des gens qui n'aimaient pas, et pour qui il ne fallait pas arrêter le bateau. Il y avait toujours des variables. C'était un peu dommage de changer la pratique en espérant un transfert qui ne se fait jamais vraiment. En finalité, tu ne fais que t'adapter à d'autres activités. Ça a vite évolué ensuite.

De temps en temps j'ai rejoint le groupe qui s'entraînait à l'INSEP, la séance sur la Marne c'était « si tu embarques en dernier tu es mort ». Pas tout le temps, mais souvent.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'avec le reculn tu conseillerais de faire cette coupure hivernale ?

Albert Pernet : Sur le moment cette coupure ne m'a jamais posé problème, c'était un mouvement collectif.

Tout doucement quand les stages hivernaux se présentaient, où tu pouvais naviguer dans de bonnes conditions, la coupure a naturellement disparue.

Il y a eu quelques spots qui ont commencé à se créer. Les pays nordiques le faisaient depuis très longtemps, les canadiens aussi. On les a retrouvés sur des spots comme la Floride, l'Espagne, le Portugal.

Les Secrets du Kayak : Comment tu deviens entraîneur ?

Albert Pernet : Par erreur.

Je n'ai pas fait d'études dans ce domaine, moi j'ai fait des études techniques.

J'ai bossé dans l'industrie aéronautique en parallèle de ma carrière de sportif de haut-niveau. A la fin de ma carrière en 1988, je ne me voyais pas bosser sur des pièces d'avions, le sport c'était sympa alors pourquoi ne pas bosser dedans.

A part passer le concours de professeur de sport et passer sur un poste de conseiller technique ou régional, ou idéalement entraîneur. J'ai démissionné de mon job, en tant que sportif de haut-niveau, j'ai pu entrer dans les formations réservées à l'INSEP. J'ai passé mon BE, préparé le concours, je l'ai l'obtenu rapidement, et les circonstances ont fait que je me suis retrouvé très vite entraîneur en 1990 en canoë.

Le modèle faisait que tu étais entraîneur de ta spécialité. Ça a mis un peu de temps à se démocratiser. A l'époque, Alain Lebas allait entraînait les canoës, après avoir été entraîneur de kayak au début de sa carrière d'entraîneur.

Alain s'occupait des meilleurs et moi j'étais en deuxième ligne pour m'occuper des plus jeunes, des bateaux mono, olympiques, et C4.

Les Secrets du Kayak : Tu as des résultats avec les gens que tu entraînes en canoë ?

Albert Pernet : En 1990n les jeunes en C4 s'en sortent bien en finale mondiale. Plus tard en 1991 ils font podium, en 1992 également.

Les Secrets du Kayak : Qu'est-ce qui te fait passer au kayak ?

Albert Pernet : Après les JO de 1992, Alain arrête d'entraîner, je m'occupe des canoës jusqu'aux Jeux de 1996.

Je passe au kayak homme avec l'arrivée de Kersten Neumann. On était dans une phase de reconstruction, un autre positionnent sur la structure de la planification. Son arrivée a changé le processus de décision. I

l était positionné comme entraîneur chef. Son travail c'était « le qui fait quoi », beaucoup d'évaluations, ce qui n'était pas culturel chez nous. Moi je n'étais pas surpris.

Il a harmonisé la planification entre tous les athlètes, avec l'idée de proposer aux différentes étapes de la carrière des planifications globalement adaptées en terme de volume et d'intensité. Les français aimaient bien s'en mettre plein la tête. Au final ce qui était déstabilisant pour un grand nombre, c'était le manque d'intensité dans les entraînements.

Un travail techniquement exigeant. Travailler la qualité unitaire de chaque propulsion. Les fameux tests progressifs avec test de lactate. L’idée c'est d'aller plus vite en étant qualitatif, et en repoussant le taux de lactate. Les français savaient partir vite et arriver vite, mais il leur manquait la condition physique pour maintenir cette intensité tout le long de la course. Les français relançaient au milieu mais trop modestement. En kayak, il faut pouvoir pagayer à 70 de cadence par minute, en canoë à 40 tours de cadence par minute.

Il y a eu des différences philosophiques entre Eberhardt et Kersten, mais sur le fond c'était le même protocole. Le niveau de l'équipe s'est globalement élevé. Il faut avoir un réservoir minimum d'athlètes, il faut de l'émulation, ça a marché assez bien. Et des choses étaient proposées pour les plus jeunes.

Les jeunes qui ont démarré sous ce nouveau format, avec de la musculation sous la forme d'endurance de force, sous la forme de circuits durs. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils faisaient cela, ça n'avait pas de sens à leurs yeux par rapport à l'épreuve sur laquelle on leur demandait de performer. Ça a mieux fonctionné sur l'aviron, mais ça marchait assez bien.

Pour Kersten, un entraînement difficile c'était une course facile. Il y avait peu de travail à vitesse de course. Ce qui était choquant sur 1997-1998 en stage, en début de saison avant d'aller en stage, il y avait un test progressif à faire.

Il a mis en place le concept de l'EB1 à faire une fois par jour (cadence max 70, FC max 140-150 pulses). A côté de cela il y avait un circuit et tu allais courir en séance de récup. C'était éloigné des standards de l'époque. Ça a fonctionné assez rapidement. Les athlètes qui ont vécu la transition, l'ont très mal vécu, ils n'ont pas réussi à exprimer ce que ça aurait pu être. L'autre partie a essayé, a trouvé d'autres repères. Il y avait aussi la possibilité d'individualisation. Les coachs devaient mettre le programme en œuvre.

Les Secrets du Kayak : Comment tu travailles un manque de condition physique, avec cet entraînement très normé, sans avoir de séance de type EB1+ ?

Albert Pernet : Au début, et c'était stratégique, il y a eu beaucoup d'EB1 et un peu d'EB2. Quand tu es efficace musculairement tu peux déjà aller assez vite. L'idée étant que, chez les athlètes de haut-niveau, dans tous les sports cycliques, plus tu augmentes la cadence plus ils vont vite. Tant qu'ils peuvent augmenter la cadence, ils augmentent la vitesse. Et quand ils sont au bout, ça plafonne et ça décroche, mais ils sont près de la fin.

Kersten voulait améliorer ça, le consolider. Au début l'individualisation n'existait pas, c'est arrivé après, ça a choqué beaucoup. Pour lui, si les gens sont incapables de faire les choses harmonieuses par rapport aux autres, ça ne va jamais marcher. On ne peut pas lui donner tort aujourd'hui encore. Il a imposé de tirer le frein à main pour tirer à 65-70, faire des trous et s'arranger pour aller plus vite sans tricher sur la physiologie. C'était assez cadré, évalué avec des tests toutes les 6 semaines. L'hiver sur des 1000m, et en pleine saison test progressif 3x 250m.

Ça pouvait être frustrant pour ceux qui faisaient des séances monstrueuses, et qui avaient l'habitude de finir en vomissant. Pour améliorer ce milieu de course, je pense qu'il a voulu jouer sur l'aspect psychologique. Une idée sur la façon dont il fallait courir. Il fallait déconstruire les schémas dans lesquels on relançait. Il fallait faire de son mieux pour que la vitesse ne plonge pas. Reprendre les bases de la course à pieds. Il y a ceux qui ont vu ce que ça pouvait apporter, et ceux qui ont perdu de l'énergie pour lutter contre.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu penses que travailler l'endurance de force en musculation, ça reste l'objectif numéro un ?

Albert Pernet : Dans tous les cas, ça garde de l’intérêt sur le global. Se préparer et développer des capacités globales psychologiques, énergétiques, neuro-musculaires, d'amplitude... qui permettent de maintenir un niveau d'intensité relativement élevé, une fréquence régulière pendant 2 minutes. C'était s'appuyer sur l’expérience des données qui sont arrivées, sur cette base de 2 minutes. Il a été beaucoup critiqué, ceci étant il s'est bien approprié le contexte particulier de la France où il n'y avait pas de standard dans la formation.

Les athlètes venaient d'univers différents, il a essayé d'ajuster les choses. Il maintient une image de rigidité au regard des athlètes et des coachs, mais aussi la capacité de pouvoir individualiser. Il fallait aussi gagner sa confiance. Mais comme il disait « la confiance c'est bien, le contrôle c'est mieux ». Il évaluait régulièrement, il voulait être certain que la trajectoire des objectifs fixés était respectée.

On s'est assez bien entendu dès le départ. Moi j'étais à Vaires-sur-Marne, il était dans le secteur, on a collaboré, appris à se connaître. Sa force c'était aussi de ne pas faire ce qu'on était tenté de faire, mais plutôt guider les athlètes, et non pas que les accompagner.

Les Secrets du Kayak : Tu as entraîné Bâbak, qui a été champion du monde en 2001, est-ce qu'il est un pur produit de cet entraînement ?

Albert Pernet : Il venait de la descente, en étant champion du monde junior sur de la classique.

On a commencé ensemble en 1997-1998 peu de temps après l'arrivée de Kersten. Je pense qu'il en a bénéficié. C'est plutôt un profil de sportif qui collait assez bien à la préparation du 1000m. Le point fort des allemands !

Quand ça s'est mondialisé, que l'Est a explosé, que les compétences sont parties partout, ça été déterminant. Il en a profité avec de l'individualisation. Il bénéficiait aussi du programme type. Il y a trouvé son compte. Ça lui a mis une grosse pression sur le volume d'entraînement.

Les Secrets du Kayak : Les Allemands, les Hongrois, les Espagnols, ont tous leur technique. J'aurais pensé que lorsque Kersten est arrivé, il aurait normalisé la technique à la française. Moi qui arrive depuis peu dans le monde du kayak, je constate que chacun a sa technique, pour moi il n'y a pas d'école Française ?

Albert Pernet : Pour cela, il aurait fallu qu'il reste beaucoup plus longtemps. Lui, il est resté jusqu'aux Jeux de Sydney. Ensuite son contrat s'est arrêté.

Là où il a pu agir, il n'en reste quasiment rien de ce que j'en perçois. Les jeunes de l'époque ont pu en tirer profit. Ça les a sans doute aidé à aller plus loin bien après son départ. Mais cette idée de modèle que tu évoques, de schéma partagé, en France il aurait fallu beaucoup plus de temps pour que ça fonctionne.

Sur les aspects techniques, il a apporté beaucoup de travail avec les athlètes avec lesquels il était en contact au niveau de l'équipe de France. C'était des modèles difficilement transférables, car antérieurs à la pagaie creuse. Cette homogénéisation n'a pas laissé de trace, elle n'est pas allée suffisamment loin. Et je ne suis pas persuadé que l’écosystème de la course en ligne en France est capable d'accepter ça.

Les Secrets du Kayak : Tu as participé à un DVD sur le canoë-kayak qui est aujourd'hui introuvable. Est-ce qu'on y apprenait la technique et savoir comment poser les bases ?

Albert Pernet : C'était l'idée. Le pilote du projet c'était Jean-Christophe Gonneau. Je dois encore en avoir un. Il y avait quelque chose qui aurait pu être exploité pour accompagner la formation des entraîneurs fédéraux.

Les choses ne pouvaient se faire que sur la durée, sans garantie de ce qu'ils en auraient fait. C'est le genre de chose qui prend 10 ans pour changer.

En France, on n'est pas prêt de reconnaître un pagayeur français de loin quand on ne le connaît pas.

Les Secrets du Kayak : Qu'est-ce qui fait que tu as décroché du milieu du kayak ?

Albert Pernet : J'avais fait le tour du sujet. J'ai entraîné pour quatre olympiades. J'ai pris un poste de CTR. Tout mis bout à bout j'ai fait une trentaine d'années dans le milieu.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'aujourd'hui ça t'arrive encore de naviguer ?

Albert Pernet : Oui l'été quand il fait beau. Très peu, et de moins en moins. Malgré les évolutions, je reste davantage à l'aise dans un canoë plutôt que dans un kayak.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu'il y a un sujet que tu souhaites évoquer en complément ?

Albert Pernet : L'actualité est ce qu'elle est. Je ne peux pas ne pas suivre se qu'il se passe dans la perspective des Jeux de Paris.

J'ai vécu d'autres périodes, et il n'y a rien à comparer. Je ne suis pas du style « c'était mieux avant », les conditions sont toujours difficiles. De ce que j'observe, et ce qui me paraît être le plus inquiétant, ce n'est pas tant le C2 ou le K2 qui peuvent faire des choses sympas. Je suis moins convaincu sur les autres catégories, mais on fait comme on peut avec ce qu'on a.

L'animation nationale ne favorise pas l'émergence de beaucoup de talents. Mais ce n'est pas pire qu'avant.

Il n'y a jamais eu vraiment de français capables de faire simultanément un podium. En tous les cas, je n'ai pas connu cette période là. De mémoire, les résultats d'avant n'étaient pas très différents.

Ce qui est un peu plus embêtant, c'est je n'ai pas l'impression qu'il y ait des indices de quelque chose de meilleur rapidement. On a toujours fonctionné avec des effectifs modestes et peu nombreux pour ceux étant capables de monter sur un podium mondial ou olympique. Mais il y avait quand même une certaine continuité dans la difficulté.

C'est là où pour moi, et en toute modestie, cela me semble être nouveau. Mais je constate cela sans être assez près, et par le constat des résultats internationaux.

Les résultats bruts ne mentent pas trop. Il y a du boulot pour ceux qui veulent s'y coller. Il faudrait installer des choses, et sur de la durée. On verra !

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Interview de Pierre Vilella