Comment devenir explosif en Kayak ?

Dans mon article sur comment prendre de la force, j’ai abordé succinctement le fait de devenir explosif en Kayak et de son potentiel intérêt.

Apres quelques semaines d’approfondissement de mes connaissances, de test et de réflexion, je suis prêt à vous livrer mon avis sur le sujet.

On parle beaucoup de prendre de la force, du prendre du muscle mais on n’entend que trop peu parler de devenir explosif en kayak.

Or, au fil des podcasts, si j’ai bien compris une bonne partie des informations que l’on m’a délivrée, il ne s’agit pas de tremper sa pale dans l’eau mais de l’accélérer le plus possible dès qu’elle est immergée.

Alors certes, il faut de la force pour pouvoir se tracter mais il faut surtout pouvoir avoir accès rapidement à cette force.

C’est ce qu’on appelle l’explosivité ou plus scientifiquement le RFD, c’est à dire le taux de développement de la force.

Car à quoi bon être “fort” si je suis lent ?

Comment prendre de la force en Kayak est une question qui revient inlassablement, comme si cela était la qualité indispensable à développer pour aller plus vite sur l’eau mais est-ce vraiment le cas ? D’autant plus lorsque l’on a déjà le niveau de force “requis” d’après les standards internationaux ?

C’est donc ce que nous allons voir aujourd’hui ensemble : Comment avoir accès plus rapidement à sa force pour en bénéficier et ne pas laisser partir ses adversaires au loin dès le départ mais aussi pouvoir accélérer le bateau à chaque coup de pagaie ?

1 - Les différents types de contraction musculaire

Pour la compréhension de cet article, il convient, avant tout, de compartimenter les différents types de contraction musculaire.

En effet, nos muscles peuvent se “contracter” de différentes façons.

En kayak, nous utilisons surtout le mode concentrique, c’est à dire que nous allons raccourcir nos muscles à l’effort. Nous entrons la pale dans l’eau puis nous nous tractons ce qui rapproche les insertions distales et proximales des muscles impliqués comme le grand dorsal, les biceps,…

C’est ce qui en fait un sport peu traumatisant pour nos articulations, tendons et muscles à l’instar du cyclisme et/ou de l’aviron et qui expliquent une certaine longévité.

A l’inverse, nous avons le mode de contraction excentrique qui consiste à résister à une charge qui étire nos muscles. De manière simplifiée, un étirement est une contraction excentrique. Nos muscles se contractent en s’étirant.

En règle générale, nous sommes capables d’utiliser plus de charges en excentrique malgré le fait que moins de fibres musculaires rentrent en jeu. C’est ce qui explique parfois des gains de “force” potentiellement intéressant pour certaines disciplines sportives.

Toutefois, c’est beaucoup plus traumatisant que le mode concentrique avec la survenue, souvent, de courbatures handicapantes (Cf mon article sur les courbatures en musculation).

Le troisième mode de contraction est l’isométrie que l’on pourrait apparenter à du gainage pour des facilités de compréhension. C’est le fait de résister sans bouger à une charge.

Par exemple, je fais la chaise contre un mur, c’est de l’isométrie. En théorie, mes muscles ne se raccourcissent pas mais ils sembleraient, d’après mes dernières recherches, qu’au final, progressivement, celui-ci se raccourcit et que le tendon “s’allonge” à mesure que la contraction isométrique dure.

On peut dire que l’isométrie est de l’anti-mouvement.

L’application en kayak pourrait être de traverser les vagues en choisissant de résister à la déformation au lieu de laisser aller le bateau comme l’expliquait Sebastien Jouve dans l’épisode 84 des Secrets du Kayak :

C’est aussi le premier type de contraction que l’on utilise en rééducation car il est encore moins traumatisant, dans sa version classique, que le concentrique.

Toutefois, ces trois types de contractions ne sont pas le mode privilégié que l’on utilise dans la plupart des sports.

En effet, nous sommes continuellement dans une alternance entre la phase excentrique et concentrique. Lors de la phase excentrique, en plus d’utiliser la “force” des composants contractiles de nos muscles, nous emmagasinons de l’énergie élastique car nos muscles ont cette composante comme le montre le schéma de Hill datant de 1938 (qui a été développé depuis mais qui suffit pour la compréhension de cet article) :

C’est en partie ce qui explique des notions comme la compliance et la raideur musculaire, la capacité ou non à faire bloc et à se laisser déformer.

Ce mode d’alternance des modes excentriques et concentriques est ce que l’on appelle la plyométrie.

C’est ce qui explique pourquoi nous sommes plus fort en musculation, par exemple, au développé couché lorsque nous commençons par descendre la barre avant de la remonter.

Si nous commencions par monter la barre avant de la descendre, nous mettrions moins lourd. C’est d’ailleurs une méthode que recommandait le défunt Joseph Ponnier, grand champion français de développé couché que j’avais interviewé, afin d’y progresser et que j’avais utilisé avec succès lors de mon titre de champion de France de développé couché en 2005.

Joseph Ponnier recommandait, par période, de supprimer “l’aide” de la phase excentrique.

Lorsque nous sommes à vitesse “relativement lente” comme en musculation classique, c’est la restitution de l’énergie élastique qui nous permet de mettre plus lourd sur la phase concentrique.

Mais lorsque nous nous déplaçons rapidement, nous bénéficions d’une autre aide : Les fuseaux neuro-musculaires.

Il s’agit de capteurs situés dans nos muscles, parallèles à nos fibres musculaires et qui sons sensibles à deux choses ; la première, c’est l’étirement. Si nous manquons de souplesse, ceux-ci vont s’activer et nous empêcher d’aller dans l’amplitude que nous désirons en envoyant “l’ordre” à nos muscles de se raccourcir ; le deuxième, c’est la vitesse (la tension qui est accentuée par un mouvement rapide). Plus je suis “rapide” et plus ceux-ci vont “décharger” de l’influx nerveux rapidement pour que nos muscles se raccourcissent.

Ce sont des mécanismes de protection, pour éviter que l’on se blesse, même si souvent, la blessure est bien plus lointaine (Tout dépend de ce à quoi vous avez habitué votre système nerveux).

On peut faire le test de leurs interventions assez facilement en faisant des extensions de mollets sur une marche. A la fin de la série, lorsque nous n’arrivons plus à monter sur la pointe des pieds, si nous nous laissons tomber sur la phase négative, nous allons réussir à remonter alors que l’on se pensait “à fond”.

C’est que l’on appelle plus communément le réflexe myotatique.

Bien sur, cela peut être une technique dangereuse lorsque l’on y est pas préparé mais c’est ainsi que fonctionne de nombreux sports lorsque l’on sprinte.

C’est ce qui explique que l’on se blesse essentiellement sur des mouvements de type plyométriques et qu’il s’agit de la dernière phase d’une rééducation bien menée, celle où l’on met de la vitesse.

Avant de discuter plus en détails de l’intérêt de devenir plus explosif en kayak, voyons si tout le monde peut le devenir et les intérêts de travailler cela.

2 - Puis-je devenir plus explosif en kayak ?

Lorsque j’étais enfant, j’adorais regarder le sprint en athlétisme. Mes “idoles” étaient Michael Johnson, la loco de Waco mais aussi Maurice Greene, Ato Boldon, Frankie Fredericks, Bruni Surin…

A l’école, je n’étais pas particulièrement doué en sport mais dès que l’on faisait des sprints, je gagnais tout. Personne ne me battait jamais et c’était l’un de mes jeux préférés dans la cour de récrée, des sprints d’un batiment à l’autre.

Alors je me suis inscrit au club d’athlétisme du coin sous l’impulsion d’une éducatrice, Eleonora, qui prospectait à l’école des sports de ma ville qui avait lieu tous les mercredi.

Je ne peux pas dire que les entraînements (deux fois par semaine) étaient faits pour nous rendre plus rapides car à cet âge, c’est véritablement la multidisciplinarité qui est importante comme en ont témoigné, qui plus est, de nombreux kayakistes et céistes au fil des interview.

Malgré tout, lors des courses départementales et régionales, je gagnais tout sur 60 et 120 mètres, les distances en poussin.

Par la suite, en grandissant, je me suis intéressé à ce qui permettait d’être rapide et de devenir plus rapide. C’est ainsi que je suis tombé sur le livre référence de Gilles Cometti sur le sujet : L’entrainement de la vitesse.

Ce dont je me rappelle particulièrement est que l’entraînement de la vitesse, du moins son développement, la période idéale à son développement est avant 15 ans. Passé cet âge, les progrès sont assez minimes.

De plus, que son amélioration est au “maximum” de 10%.

Certes, on peut gagner en temps de réaction, en traitement de l’information mais la vitesse pure n’est que peu améliorable. On est rapide ou on ne l’est pas.

C’est comme ca qu’Ato Boldon, vice champion olympique du 100m à Sydney en 2000 a commencé le sprint à l’âge de 19 ans avec un style très particulier (il courait avec les pieds en “canard”).

Heureusement, dans la plupart des activités sportives, la vitesse "pure” n’est pas l’élément déterminant. Par exemple, en football, l’anticipation du jeu, la vision de celui-ci permet de gagner de nombreux dixièmes qui peuvent faire “croire” que l’on est plus rapide que l’on est.

Autrement dit, pour le sprint, mieux vaut être né avec les bons gènes !

Toutefois donc, comme pour la force, il existe plusieurs types de vitesse, rien que par rapport à ce dont nous avons parlé précédemment, sans parler de la possibilité d’être rapide, peut être, des bras et peu du bas du corps ou vice versa.

Et puis, ce qui nous intéresse ici, c’est notre capacité à accélérer ce que l’on appelle plus communément la puissance.

Ce que je souhaite n’est pas d’améliorer ma vitesse maximale puisque je ne m’en servirais pas ou presque pas mais ma capacité à rapidement atteindre un niveau de force. On pourrait donc parler d’améliorer ma “vitesse-force” ou ma “force-vitesse” en fonction d’où se trouve le niveau de force à atteindre par rapport à ma force maximale (C’est une question de pourcentage).

Pour une meilleure compréhension, imaginez une voiture. Celle-ci a un nombre de chevaux, une vitesse maximale et un couple. Je peux très bien avoir une voiture avec 200 chevaux qui monte à 250 km/h mais si j’ai accès à ma meilleure accélération à 6000 tours parce que c’est un moteur atmosphérique sans turbo, d’une part, cela va être difficile de doubler les voitures sur l’autoroute sans parler de la consommation en énergie.

D’où l’invention des turbo pour avoir une capacité d’accélération disponible beaucoup plutôt puisque de toute façon, on roule surtout autour de 2 à 3000 tours / minutes.

Voilà donc ce que l’on cherche : A s’installer un Turbo pour pouvoir accélérer plus tôt, plus vite.

Il y a un mantra que j’utilise souvent avec mes élèves : “Nous sommes le reflet de nos habitudes”.

Autrement dit, plus j’utilise, plus je fais quelque chose, plus je deviens bons à cela. Dans l’excellent livre de Daniel Coyle, le “Talent Code”, celui-ci va même jusqu’à dire que le talent n’est que la répétition.

Il est vrai que les exemples qu’ils citent, souvent en dehors des sports de vitesse, plus je pratique, plus je deviens bon.

Pendant de nombreuses années, la musculation a été accusée de rendre lent car les mouvements que l’on pratiquait se faisait à vitesse lente. Si l’on en suit cette règle et que l’on se contente de ne faire que du “lent”, la retranscription sportive risque d’être faible voir défavorable, c’est sur.

C’est pourquoi, de base, en musculation sportive, en dehors d’un renforcement spécifique, nous devons toujours avoir en tête, même lorsque cela est lourd, d’appliquer l’accélération compensatrice, c’est à dire de pousser ou de tirer le plus “vite” que l’on peut, même si d’extérieur, c’est lent. L’intention compte énormément !

Pour devenir plus explosif en kayak, l’intention compte plus que tout !

Si je suis tout le temps lent, je deviens lent. Par contre, si je cherche à être rapide, je deviens plus rapide.

Toutefois, vu la faible amélioration possible de ma vitesse, ai-je un intérêt à essayer de devenir plus explosif en kayak ?

D’une part, il faut voir que le kayak de vitesse comme une discipline qui porte mal son nom. Un effort de 35 secondes (ou 41 secondes pour les femmes) n’est pas du sprint si on réfléchit physiologiquement. Un effort d’1’40 à 2 minutes l’est encore moins.

D’autre part, si on s’intéresse à des disciplines comme la course à pied, le cyclisme ou encore le triathlon, on voit fleurir de plus en plus d’articles qui parlent d’améliorer son économie de course, autrement dit l’énergie que je fournis à chaque foulée ou à chaque coup de pédale.

Véronique Billat, experte mondiale en physiologie et en méthodologie de l’entraînement en "endurance” en parle très bien sur son site Billatraining.com

Pour se faire, plus on pratique en cherchant constamment à améliorer sa technique, plus notre geste devient économique nerveusement. Nos nerfs s’épaississent via l’ajout de myéline et cela devient moins demandant nerveusement et donc énergétiquement de faire ce geste (On devient nos habitudes).

Toutefois, ce qui ressort de l’amélioration de l’économie de course est que l’amélioration de la force maximale (si on est vraiment “faible”) et l’amélioration de son explosivité que je définis ici comme sa capacité à rapidement atteindre sa force maximale ou un certain niveau de force, le fameux RFD, contribue aussi à s’économiser.

C’est assez simple à comprendre : Moins de temps je perds à produire la force nécessaire à mon avancée, moins cela me coute d’énergie.

Certes, il faut un certain niveau de force pour se tracter en kayak mais une fois que je l’ai, la différence se fait dans l’accélération de la pale et ca, c’est améliorable (je simplifie volontairement).

Toutefois, le kayak, contrairement à d’autres activités, n’est pas une alternance de phase excentrique et concentrique, n’est pas de la plyométrie.

Alors se pose maintenant la question essentielle de cet article : Comment devenir plus explosif en kayak ?

3 - Comment devenir plus explosif en kayak ?

Si on analyse donc l’activité du kayak ou du canoe, on se rend compte que le mouvement est de type concentrique. Il n’y a pas de phase excentrique et encore moins de plyométrie. Par contre, il y a de l’isométrie mais celle-ci est fine et très précise (j’y reviendrais dans un prochain article).

Alors doit-on utiliser des “méthodes d’entraînement” utilisant cette alternance de contraction pour devenir explosif en kayak ?

Cela me fait penser à mon échange avec Maxence Barouh (épisode #56 des Secrets du Kayak) que je questionnais sur pourquoi il travaillait certaines choses qui me semblait parfois inutiles pour aller plus vite en bateau :

Il m’avait répondu que c’était parce que des gains, qui peuvent sembler éloigner de la pratique, peuvent parfois se répercuter positivement.

C’est ce dont je discutais avec Anne Michaud dans l’épisode 82 au sujet de l’entrainement excentrique qui, en apparence, ne peut rien apporter aux kayakistes et céistes mais dont certains en béneficient.

C’est d’ailleurs un débat vieux comme le monde en préparation physique, qui a été compartimenté en 3 périodes distinctes pour y répondre, à savoir la préparation physique générale (d’où mon article sur la PPG en kayak), la préparation physique auxiliaire (PPA) et la préparation physique spécifique (PPS) de l’utilité ou non, en fonction de la période de faire des exercices spécifiques ou non spécifiques pour progresser.

Bien sur, on pourrait aussi débattre de ce modèle aussi mais là n’est pas le sujet.

Un bon exemple de l’application de cela en préparation physique est celui de Werner Gunthor par Jean Pierre Egger que l’on peut retrouver facilement sur Youtube en plusieurs parties dont voici la première :

Autrement dit, loin de l’échéance, la non-spécificité se défend facilement ; à mesure que les échéances approchent, un peu moins.

C’est en ce sens que de nombreuses méthodes destinées à améliorer la vitesse de cette montée en force peuvent avoir un intérêt.

Classiquement, de ce que j’ai pu voir des programmes proposées, par sa facilité d’application, la méthode bulgare est utilisée.

Il s’agit de créer un contraste entre une charge relativement lourde sans que celle-ci ne génère de fatigue afin de bénéficier d’une potentation post-activation (PAP) sur une charge plus légère, une sorte de “tromperie” du système nerveux afin de nous aider à être plus “rapide”, le système nerveux s’attendant à devoir envoyer “beaucoup” d’influx nerveux (et il en enverra un peu plus que prévu).

Si on utilise la méthode bulgare, on devra donc faire attention à ne trop forcer sur la série lourde mais aussi à ne pas faire trop de répétitions pour rester “rapide” pour ne pas engorger et commencer à être “acide”.

Un bon exemple à mes yeux est de programmer 3 répétitions à 90% de son 3 rm (Si vous faites 3x100 kg au mieux, vous ferez 3 répétitions avec 90 kg ce qui vous permettra de ne pas réellement fatigué) et d’enchaîner le temps de décharger tranquillement (car l’effet de la PAP dure plusieurs minutes, il ne s’agit pas de faire des séries en s’essoufflant auquel cas, l’effort deviendrait trop cardio-vasculaire alors qu’il doit être essentiellement nerveux) 3 répétitions entre 30 et 60% de son maxi, toujours à vitesse maximale, sur 2 à 4 séries en fonction de votre fraicheur nerveuse et l’effort s’arrêtera dès que vous ralentirez.

Alors évidemment, ce type de méthode peut avoir un sens mais elle est loin d’être spécifique au kayak car je vais utiliser les composantes élastiques de mes muscles et tendons pour pour être plus explosif.

A mes yeux, loin des compétitions, cela peut se discuter dans cette optique d’être le reflet de nos habitudes, peut être après un “cycle” de développement de la force maximale.

En ce sens, l’utilisation des bandes élastiques qui a été popularisé en France par mon ami Christophe Carrio est un must. J’en avais longuement parlé dans le guide complet des bandes élastiques pour la musculation il y a plus de 10 ans.

Pour le coup, cela est moins traumatisant pour nos articulations car nous sommes délestés en bas de la phase négative qui est une position de “faiblesse” et la résistance augmente à mesure que l’on tire ou pousse.

Toutefois, plus encore que pour la méthode bulgare, on utilise énormément les composants élastiques de nos muscles. Pour s’en convaincre, chaque année, je fais faire le test à mes élèves en BPJEPS à l’école Sport Leman en leur faisant tester le développé couché avec bandes élastiques et sans et surtout l’utilisation des CES et CEP.

Si vous mettez une bande élastique et que vous laissez “tirer” par elle lors de la phase négative, vous allez voir que vous êtes beaucoup plus fort sur la phase positive.

Mais contrairement à la méthode bulgare, j’apprend fortement à accélérer en utilisant des bandes élastiques car je dois accélérer jusqu’au bout pour “tendre” l’élastique”. De mémoire, je crois que Tony Estanguet en parlait bien dans son livre “Une histoire d’équilibre” lors de la préparation de sa dernière olympiade.

C’est d’ailleurs assez surprenant d’utiliser des bandes élastiques pendant une période sur un exercice et ensuite de les enlever du jour au lendemain car cela change complètement le “mouvement”. Cela devient “lourd” en bas et “léger” en haut avec surtout une capacité d’accélération inouie.

Vous comprenez donc que tout ce que je fais avec l’intention d’accélérer va me permettre de devenir plus explosif en kayak mais comment être plus spécifique à notre pratique ?

C’est là qu’il est nécessaire de procéder à certains ajustements techniques en salle (ou pas) pour véritablement gagner “nerveusement” dans cette capacité à accélérer.

Si je veux devenir plus explosif en Kayak, les efforts doivent être “nerveux” !

Pour se faire, rappelons nous encore une fois que le Kayak et le Canoe n’ont pas de phases excentriques ce qui signifie que je ne vais pas pouvoir emmagasiner de l’énergie élastique et la restituer et que je ne vais pouvoir utiliser le réflexe myotatique non plus.

C’est pourquoi je “dois” à un moment, après ces phases préparatoires et auxiliaires, à mon avis, faire des exercices qui n’utilisent pas ces facteurs.

Je vois trois “techniques” principales à utiliser :

La première, c’est la plyométrie avec la suppression de la phase négative, voir avec une pause en position “basse”.

Au lieu de faire des pompes claquées et de me servir de la phase négative pour exploser encore plus, je vais faire une pause en bas du mouvement avant d’avoir l’intention d’exploser sur la phase concentrique.

Mon but est véritablement d’utiliser mon système nerveux central (pour caricaturer) sans intervention autres qui modifieraient la quantité et la fréquence des influx nerveux envoyés.

Cela peut se faire aussi bien sur le haut du corps que sur le bas du corps, n’étant limité que par votre imagination.

Par exemple, vous êtes assez fort, on peut ainsi imaginer des tractions “claquées” et si vous manquez un peu de force, l’utilisation d’un élastique pour vous délester fera l’affaire.

Mais surtout, évitez l’enchainement des répétitions qui seraient alors non-spécifique pour devenir plus explosif en kayak.

Ainsi, de nombreux exercices sont réalisables sans matériel.

La deuxième, c’est ce que l’on appelle l’entraînement à la claque en musculation (cf mon article : S’entrainer à la claque pour progresser au développé couché).

Il s’agit, ici aussi, de faire une pause en bas du mouvement afin, vous l’avez compris, de supprimer l’intervention de capteurs et autres composants du muscle qui “fausseraient” notre accélération.

Cela peut se faire sur tous les exercices que vous pratiquez même si cela est extrêmement demandeur nerveusement.

Pour rappel, ce type de travail se fait essentiellement entre 30 et 60% de son maxi (d’où la nécessité de base qui est d’avoir suffisamment de force, je vous renvoie donc à mon article référence sur le sujet “Prendre de la force en kayak”) et est vraiment drivé par cette notion d’accélération et de vitesse.

Devenir plus explosif en kayak consiste à travailler sa “force-vitesse” ce que l’on appelle aussi plus communément sa puissance

Si je commence à ralentir, je dois stopper l’effort. Cela n’a aucun sens de continuer.

On pourrait imaginer une méthode bulgare modifiée ainsi.

C’est un travail moins traumatisant que la plyométrie et qui peut être donc utilisé judicieusement après un cycle de force maximale.

La troisième, c’est ce dont j’avais commencé à parler, à savoir l’utilisation de l’iso-inertie et qui requiert l’utilisation de matériel qui n’est pas donné.

J’ai personnellement une poulie iso-inertielle portative comme ceci :

L’iso-inertie est un must pour devenir plus explosif en kayak

Les poulies portatives sont actuellement l’outil le moins cher (Il existe différentes marques mais il faut tout de même compter autour de 1000 euros) mais permettent rapidement de gagner en explosivité très spécifique au Kayak car la majorité de la résistance se situe au début du mouvement après que celle-ci est emmagasinée l’énergie de la précédente phase concentrique sur la phase excentrique.

Ainsi, on se retrouve avec une phase excentrique très “lourde” où l’on ne peut utiliser nos capteurs et composants élastiques pour exploser et où la pause s’impose d’elle-même avant la phase concentrique.

Les risques de blessure sont minimes car il n’est pas possible d’aller vite même si on en a fortement l’intention (et cela doit être notre leitmotiv avec).

On se renforce ainsi sur la phase excentrique qui est accentuée tout en travaillant sa puissance sur la phase positive.

Les gains en explosivité sont très rapides puisque l’on n’est pas habitué à ce type de résistance et que l’on se retrouve comme un débutant lors des premières séances.

De nombreuses marques existent comme Kbox à priori disponible à l’INSEP ou encore RSP Inertial très utilisé par les kayakistes espagnols au vu de leurs publications instagram.

Enfin, très important, le travail de puissance n’est pas quelque chose qui se fait sur des séries longues mais via des séries courtes de 1 à 5 répétitions en moyenne car le but est de générer le moins de fatigue musculaire et énergétique.

C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas de nombres de séries déterminés mais bien un arrêt de l’exercice lorsque l’on n’est plus capable d’accélérer, de mettre de la vitesse ce qui implique de changer ce que l’on souhaite travailler dans la séance à ce moment là.

Comme nous sommes essentiellement sur un effort nerveux comme pour les efforts de vitesse, celui-ci doit être fait en début de séance après un bon échauffement en musculation et idéalement, en étant “reposé” et “frais”, notion toute relative lorsque l’on s’entraine énormément.

5 - Conclusion sur comment devenir explosif en kayak ?

Devenir plus explosif en kayak et travailler réellement sa puissance me semble primordial pour quiconque veut performer.

Certes, améliorer sa force maximale est important et ce n’est pas le plus déterminant dans la performance de nombreux sports.

En effet, dans de nombreuses activités sportives, ce n’est pas un manque de force qui est le problème mais le temps d’arriver à la force suffisante pour se mettre en mouvement à la bonne vitesse.

Rien ne sert donc d’être très fort si c’est pour être lent sauf si l’on fait de la force athlétique / du powerlifting et que l’on est jugé par le poids que l’on soulève.

On ne fera jamais d’un âne un cheval de course mais il n’empêche qu’améliorer son “couple” se fait en travaillant en ce sens avec les bonnes méthodes et techniques et que cela est décisif pour faire accélérer son bateau.

J’espère en tout cas vous avoir éclairé et donné des pistes pour devenir explosif en kayak et en canoe.

A bientôt à l’écrit ou à l’audio,

Rudy

Ps : Si vous souhaitez réagir à l’article, n’hésitez pas à le faire via l’onglet contact.

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