Comment devenir champion de Kayak ?
Lorsque j’ai eu l’idée de créer le podcast “Les Secrets du Kayak”, ma trame était simple. Je voulais savoir comment devenir champion de Kayak.
C’est ainsi que je me suis pris au jeu d’interviewer les meilleurs athlètes, récents et anciens, mais aussi les entraineurs et tout l’entourage qui participent à la construction de la performance de haut niveau.
En rigolant, hors antenne, je disais souvent : Quel est le secret pour devenir champion olympique ? A l’instar de ce que j’avais dit lors de ma première séance en bateau plastique.
Aujourd’hui, après 99 épisodes, il est temps pour moi de faire le point sur ce que j’ai appris au fil de ses échanges.
Qu’est ce qui fait que l’on devient champion de kayak ou pas ?
0 - Episode 100 des Secrets du Kayak - Mon Interview
En préambule de cet article, je vous invite à écouter mon interview lors du centième épisode des Secrets du kayak où j’explique ma démarche, mon parcours, qui je suis et ce que je fais :
1 - Qui peut devenir champion de Kayak ?
Dès le début, il était clair pour moi, en observant les champions et les championnes que la morphologie en kayak comptait énormément.
On a beau se persuader que celle-ci ne compte pas pour se donner des ailes, pour croire en ses possibilités mais il n’empêche que quelque soit l’activité, elle compte énormément.
Il faut assurément des longs bras, les plus longs qui soient à la manière d’un Sebastien Jouve.
Il n’y a pas besoin d’être le plus grand possible mais avoir la plus envergure possible joue pour beaucoup. Dans les manuels de l’ICF, on parle de 13 centimètres en envergure en plus que sa taille en moyenne.
Je rajouterais aussi qu’avoir de longues jambes par rapport à son buste est un handicap dans le sens où c’est du poids mort. Ce qui compte, c’est la taille assise à l’instar de Bernard Bregeon qui assis, par sa légendaire vertèbre en plus, était grand. Il est facile de comprendre que plus, on est assis haut et plus on domine son appui.
Cela est en rapport avec les détections qui sont faites au collège en Hongrie ou en Australie comme l’a fait un temps Valentin Henot.
Même si avoir les mauvaises proportions n’est pas un gage de moindre performance, autant avoir le plus de chance dès le début de son côté.
Grand et long, c’est d’une aide non négligeable, même s’il y a toujours des exceptions qui confirment la règle.
Un autre point sur l’hérédité important, notamment en sprint, c’est sa propre capacité à être explosif. L’adage le dit bien : On nait explosif ou on ne l’est pas.
Bien que l’on puisse améliorer sa force et sa capacité à atteindre rapidement cette force comme je l’ai expliqué dans mon article sur “Comment devenir explosif en Kayak”, il reste surtout vrai que la vitesse a une part génétique importante. On ne fait pas d’un âne un cheval de course.
Ce n’est pas pour rien que l’on peut déterminer son profil force / vitesse en préparation physique et que celui-ci ne s’améliore que peu avec l’entraînement.
Cela me fait penser à Nicolas Lambert du club du Grau du Roi qui a rapidement su qu’il était fait pour les efforts longs.
Après, rien n’empêche d’aller contre sa nature, mais d’expérience, on ne prend jamais autant de plaisir et on ne progresse jamais autant que lorsque l’on exploite ses points forts.
2 - Quand et où débuter pour devenir champion de Kayak ?
Les meilleurs sont ceux qui commencent le plus tôt possible. On a beau penser qu’on peut commencer tardivement qu’au fil des épisodes, aussi bien Edwin Lucas que Francis Mouget ou encore Margot Maillet m’ont partagé le fait qu’avoir commencé tard faisaient qu’ils leurs manquaient un petit truc en plus.
C’est pour cela que parfois mes questions sont restées sans réponses notamment sur les notions de stabilité dans le bateau car quand on commence à 3 ans, à 5 ans ou à 7 ans, on n’a jamais eu à se poser ses questions.
Je me souviens de mon échange avec Vanina Paoletti quand je lui demande si elle a eu des soucis de stabilité lorsqu’elle est passée en course en ligne : Aucun !
De ce que j’ai pu comprendre également, c’est que si l’on n’a pas commencé tôt, il est extrêmement difficile d’être un bon starter, de bien démarrer, comme s’il manquait une finesse dans la coordination.
L’un des secrets pour devenir champion de Kayak, c’est de démarrer tôt, idéalement avant 10 ans pour que les fameuses 10 000 heures de pratique délibérée de Malcolm Gladwell qu’il explique précisément dans son livre “Tous Winners” se fassent à un moment où l’on n’a pas 15 000 choses à penser à la fois quand on est dans la vie active et que l’on perde son côté “joueur”.
“Il faut” jouer 10 000 heures en moyenne pour devenir un champion dans son domaine d’activité tout en sachant qu’il y a, en plus, des âges propices au développement de certaines habiletés sportives comme l’explique Sebastien Ratel dans son livre “La préparation physique du jeune sportif”.
Mais débuter tôt ne suffit pas. Encore faut-il démarrer au bon endroit, c’est à dire avec un club proche de chez soi avec des bénévoles investis d’une mission et un entraîneur dévoué et passionné.
Il est assez évident que si le club de kayak se trouve à 50 kilomètres et qu’il n’y a que deux bateaux avec aucun entraineur, c’est “cuit” d’avance pour devenir champion de Kayak.
Dans ce club, j’ai même envie de dire que la multidisciplinarité doit être enseignée. C’est ce qui ressort de nombreuses interviews ; il faut savoir faire de la rivière, du slalom, de la descente, de la course en ligne… tout en ne se cantonnant pas non plus qu’à des activités nautiques mais aussi courir, faire du vélo, découvrir d’autres activités sportives pour développer une proprioception, c’est à dire une conscience de son corps dans l’espace la plus vaste possible.
Si on ne sait naviguer que sur un bassin plat, ce sera handicapant quand le plan d’eau sera démonté avec du vent et des vagues de travers.
C’est pourquoi le “avec qui” compte énormément car il conditionne, surtout à ses âges où l’on se construit, qui on va devenir.
La notion de jeu mais aussi de travail doit être inculqué. Jouer, le plaisir, c’est bien mais cela n’a que rarement suffit à faire un champion de kayak, voir un champion tout court.
Quelqu’un doit nous apprendre que le travail bat le talent quand le talent ne s’entraîne pas et surtout que si on a le talent et qu’on travaille, alors qui sait jusqu’où on ira.
Il s’agit donc de démarrer au bon moment, au bon endroit et avec les bonnes personnes !
3 - Le plaisir ne suffit pas
De nombreuses personnes ont insisté sur la notion de plaisir pour performer avec presque mot pour mot cette maxime : “Si ca fait du bien à la tête, ca fait du bien à la performance”.
Il est clair que si l’on éprouve aucun plaisir à pratiquer une activité, on ne peut la pratiquer sur le long terme et performer puisque l’on atteint pas l’excellence en quelques mois ou années.
Mais pour vraiment performer et devenir champion de kayak, il faut éprouver du plaisir dans la difficulté. Il faut aimer avoir “mal” et en redemander. Il faut avoir le couteau entre les dents, avoir le sourire quand “l’impossible” se présente à nous.
Dans mon podcast “LeaderCast”, je répète souvent à mes auditeurs : “C’est parce que c’est difficile qu’il faut le faire”.
Si l’on se contente de se faire plaisir, à rechercher sa petite dose de dopamine, autant rester chez soi et manger des saloperies, aller sur l’eau et se promener en se concentrant sur les sensations de glisses.
Parce que l’être humain a toujours recherché le confort que le champion est celui qui éprouve du plaisir dans la difficulté, à relever les défis. Plus c’est difficile, plus il éprouve du plaisir et plus il en redemande.
C’est une catégorie à part de la population mais plus que de plaisir, je parlerais d’envie de gagner tout en sachant que pour gagner, il faut avoir perdu d’innombrables fois.
Carole Dweck dans son livre “Osez réussir” l’explique bien. Aujourd’hui, plus personne ne veut échouer, se faire mal, prendre de risque parce que l’échec est diabolisé, comme si l’échec était fatal et définitif.
Or, il faut retourner le “problème” et comprendre que c’est par l’essai / erreur que l’on apprend et que l’on s’améliore.
C’est une question d’état d’esprit, de Mindset.
C’est pour cela que commencer et être entouré des bonnes personnes aident énormément parce qu’elles aident à comprendre cela rapidement, à l’ancrer en nous.
Si l’on ne veut pas échouer, si on fait tout pour ne pas échouer alors on ne réussira jamais rien.
Michael Jordan le dit bien : “C’est parce que j’ai échoué encore et encore que j’ai réussi”.
4 - L’entrainement sur l’eau
Comme dans toutes activités où l’on souhaite exceller et performer, chaque séance doit avoir un but. Il ne s’agit pas de juste de faire, il faut faire avec une intention, s’impliquer dans ce que l’on fait à chacune.
Si la séance apparaît facile sur le papier, l’engagement technique la rend difficile, intense psychologiquement, fatiguante moralement puisque comme j’en parlerais après, le travail technique est sans fin.
A partir de là, le rythme moyen d’entraînement se situe autour de 10 à 12 séances sur l’eau par semaine, composées généralement de 2 à 4 séances difficiles physiologiquement pour 8 à 10 séances faciles, sans parler des entraînements hors de l’eau (cf plus bas).
La planification de l’entraînement évolue au fil de la séance et est différente en fonction de l’échéance que l’on prépare.
En sprint, plus les compétitions se rapprochent et plus l’entrainement polarisé en kayak a la faveur des entraineurs.
Si l’on se prépare plutôt à des longues distances, comme le 5000 mètres et le marathon, la planification au seuil ou pyramidale fait l’unanimité avec parfois l’absence même de séance facile si l’on prend les Sud-africains en exemple. J’ai abordé ces différentes planifications dans mon article sur les bases de l’entraînement en kayak.
Dans tous les cas, il faut pouvoir s’entraîner au moins 2 fois par jour si ce n’est 3 comme c’est le cas parfois en Nouvelle-Zélande avec des séances exclusivement pour travailler son aisance dans le bateau avec des éducatifs qui sont peu populaires à priori en France à partir de ce que j’ai pu récolter comme informations dans les podcasts.
A mon humble niveau, plus je passe de temps dans mon kayak, plus je progresse en stabilité et plus je peux m’exprimer.
En terme de planification sur la semaine, les bases sont de 2 entrainements le lundi, de 2 entrainements le mardi, 1 le mercredi, 2 le jeudi, 2 le vendredi, 1 le samedi et repos complet le dimanche.
Concernant la durée des cycles de “développement”, celui-ci est basé sur les travaux russes des années 1970-1980 qui me convainc peu étant donné le dopage omniprésent mais dont Jean Pierre Egger dans l’épisode hors série #5 du podcast Objectif Performance de mon ami Julien Astouric a apporté des réponses qui font réfléchir sur des durées de 2 à 3 semaines pour 1 semaine de récupération active (Cf la fameuse phase d’affutage vu dans mon article sur les bases de l’entrainement en kayak).
Enfin, le nombre de kilomètre par semaine peut énormément varier en fonction de la distance que l’on prépare mais en deçà de 3500 kilomètres par an, il ne faut rien espérer, soit en moyenne 70 km par semaine.
Nicu Ciharean, entraineur actuel à Mulhouse, m’a même parlé de 5000 km par an lorsqu’il était en équipe de Roumanie dans les années 1990-2000.
5 - La technique pour devenir champion de Kayak
Bien qu’il y ait quelques bases communes, rares sont les entraineurs d’accords pour envisager la technique en kayak de la même façon.
Comme vu avec mon ami Matthieu Toulza, spécialiste des préférences motrices (mais pas que) dans l’épisode 40 des Secrets du Kayak, chaque individu va s’organiser à sa façon. De manière caricaturale, on parle d’aérien et de terrien.
Les terriens s’organiseraient par le bas, à partir des pieds tandis que les aériens s’organiseraient par le haut.
Personnellement, j’adhère à la vision développée par Michael Fargier dans l’épisode 67 que tout commence par le bas, après quoi seulement on peut organiser le haut car si l’on n’est pas “solide” en bas, on ne pourra pas s’exprimer.
Si le bas ne va pas, le haut ne peut pas aller.
Un autre point important est la hauteur de la main supérieure, un grand débat où chacun y va de sa vision.
Lorsque l’on regarde les meilleurs pratiquant en sprint, on ne peut s’empêcher de voir une main supérieure relativement haute au moins à la hauteur du menton. Plus bas, c’est rare, du moins chez les gagnants.
Mais ce qui fait la différence et là, c’est communément admis, c’est la fixation de cette main supérieure à une hauteur donc fixe tout le long du coup de pagaie. On voit que la fixation de cette main permet réellement de faire bloc et de mieux transmettre à l’instar d’un Maxime Beaumont en compétition.
A mes débuts, je pensais aussi qu’il ne s’agissait que de tirer sur la pagaie, le plus fort que l’on pouvait, comme sur un exercice de rowing à un bras avec haltère en musculation. Or, il s’agit de se tracter comme en saut à la perche et pour se faire, ce qui est ma plus grande difficulté à ce jour, c’est de “libérer” le bassin, de vraiment tournoyer et de glisser sur le siège, en poussant d’un pied et en tirant de l’autre sur la sangle du cale pied.
Celui-ci doit rester fluide sans crispation même quand on force. J’en parlais d’ailleurs la semaine dernière avec Etienne Hubert et Quentin Bonnetain, de passage à Aiguebelette, sur leurs intentions de rester relâcher jusqu’à la fin de leurs 1000 mètres.
Il suffit de regarder Balint Kopasz pour se convaincre que c’est une bonne stratégie.
L’entrée de la pale dans l’eau doit se faire le plus devant possible sans compromettre son gainage et sa fluidité de bassin, puis celle-ci doit accélérer (d’où mon article sur “Comment devenir explosif en kayak ?”) avant de sortir rapidement pour ne pas se retrouver en oblique arrière ce qui ralentirait le bateau et utiliserait plus d’énergie que nécessaire.
Un bon exemple d’une technique “parfaite” à mes yeux est l’allemand Tom Liebscher :
On voit que tout est connecté, que c’est fluide, que c’est beau, même si beau ne signifie pas forcément aller vite comme le disait Hervé Duhamel dans l’épisode 91.
6 - L’entrainement hors de l’eau (Ma spécialité)
Venant d’autres sports, j’ai souvent été surpris des réponses des personnes que j’ai interviewé sur ce qui était fait hors de l’eau pour mieux performer.
Cela fait des années, pour ne pas dire des décennies, que l’on sait que la récupération n’est jamais meilleure que lorsqu’on l’a prend en main.
Toutefois, c’est sans doute le rythme des séances sur l’eau et de temps passé à faire des footings et de la musculation qui limitent l’énergie nécessaire pour prendre celles-ci en main. Nos ressources énergétiques et psychologiques ne sont pas illimitées.
De mon point de vue, bien trop de séances inutiles sont faites hors de l’eau. Quand j’entends des 3 ou 4 séances de musculation “archaiques” par semaine, cela m’hérisse un peu le poil quand les gains à espérer dessus sont proches du néant, surtout avec le volume global fait autour.
Que dire des footings à très basse intensité ? Dans quel but ? Evidemment, pour développer son système cardio-vasculaire, cela a du sens avec une réelle planification comme c’est le cas dans certains club mais sinon, c’est pour moi, rajouter de la fatigue inutilement. Courir pour courir…Et puis, une fois qu’on a atteint un bon niveau, est-ce ce qui limite en terme de performance ? (Cf mon article sur la PPG en Kayak).
C’est en ce sens que j’ai écrit ma Formation Gratuite pour donner des pistes de réflexions aux kayakistes et céistes désireux de progresser parce que je vois de l’énergie gâchée.
Plutôt que de rajouter du volume d’entrainement inutile, des pistes sont à creuser du côté de la reprogrammation neuro-posturale comme ont fait Maxime Beaumont et Sarah Guyot avant les Jeux Olympique de 2016 à Rio. J’ai abordé le sujet dans l’épisode 68 avec mon ami Sebastien Zimmer, l’un des meilleurs spécialistes français sur le sujet.
Quid de l’entrainement du système respiratoire ? Même si l’on a peu de recul dessus, il est facile de comprendre que le manque de développement de nos muscles respiratoires comme le diaphragme peuvent limiter nos performances ? Surtout que l’on parle de 10 minutes deux à trois fois par semaine d’où les deux podcasts sur le sujet que j’ai fait avec mes amis Sean Seale dans l’épisode 48 et Stephane Janssoone dans l’épisode 95.
Que penser du travail des muscles profonds comme le transverse avec le Pilate par exemple ?
Mais je crois que c’est du côté de l’alimentation et des compléments alimentaires que j’ai été le plus surpris. Dès l’épisode 6 avec Vincent Lecrubier, j’avais saisi la marge de manoeuvre de ce côté là pour mieux performer.
A mes yeux et c’est sans doute parce que j’ai grandi dans un milieu où les résultats dépendaient énormément de son sérieux à table que pour devenir champion, qu’une bonne alimentation, c’est toute l’année.
Ce n’est pas au pif, au ressenti, c’est calculé, mesuré et évalué à l’instar de la micro-nutrition et de la “médecine fonctionnelle” qui me semble indispensable pour atteindre son meilleur niveau.
Evidemment, certains compléments alimentaires font du bien à tous comme j’en avais parlé dans mon article sur les meilleurs compléments alimentaires pour le kayak mais il n’empêche, que pour atteindre son haut niveau, c’est de la personnalisation à tous les niveaux dont on a besoin.
Pour moi, c’est vraiment ici qu’il y a le plus de travail à faire parce que c’est dans les gains marginaux pour paraphraser Yann Gudefin dans l’épisode 10 que tout se joue.
7 - Les a-côtés
Pour devenir un champion de kayak, il faut aussi avoir l’esprit libre, ne pas avoir de soucis, ni de contrariété (en théorie).
Cela commence par avoir les ressources financières qui permettent de ne pas avoir à se soucier de ce que l’on va pouvoir manger.
En ce sens, de nombreux aménagements sont mis en place que ce soit au sein d’entreprise partenaires ou pas avec, en fonction de son niveau, parfois un détachement total, c’est à dire aucune obligation de “travailler” pour toucher un salaire.
Mais cela ne suffit que rarement car c’est un des points faibles du kayak en France, c’est que c’est un milieu associatif.
Hors, nous sommes le reflet de notre environnement ce que je ne cesse de répéter et d’expliquer en détails dans mon podcast Leadercast et les meilleurs dans leurs domaines dont on a besoin pour atteindre son meilleur niveau ne sont pas “gratuits”.
Bien sur, il y a des exceptions mais cela reste rare.
C’est un des points faibles que j’ai rencontré personnellement à mes débuts où aucun club ne “pouvait” (voulait) m’apprendre le kayak et où il n’y avait pas de possibilités de prendre de cours particuliers (Une piste à explorer / développer ?).
Pour rester sur le sujet de l’entourage, il faut être bien entouré et surtout avoir choisi son entourage. Idéalement, choisir son entraîneur, ses partenaires d’entrainement, son groupe. C’est un des problèmes en France où il n’y a que peu de pratiquants à réellement s’entraîner à fond comme l’expliquait Valentin Henot dans l’épisode 98 et qui l’a “obligé” à se délocaliser à l’étranger.
Cela signifie que beaucoup sont loin de leurs amis, de leurs familles et n’ont pas le soutien “nécessaire”, leur “cocon” pour vraiment être bien psychologiquement.
Car, bien que je ne l’ai pas abordé, nombreux sont ceux qui ont recours à la préparation mentale. Personnellement, j’apprécie particulièrement l’approche de Pierre David de l’académie de la haute performance mais chacun doit trouver la personne avec qui cela fait “match”. Il n’y a pas vraiment de consensus sur son utilité ou pas, dépendant donc des athlètes.
Comme le recours à des personnes extérieures, non issus du milieu associatif, nécessite de l’argent, la recherche de sponsor me semble obligatoire.
Pour avoir sponsorisé de nombreux clubs et sportifs ces 10 dernières années, il faut toujours avoir en tête que le partenariat doit être gagnant-gagnant.
Or, malheureusement et je le déplore, les performances ne suffisent plus. Il faut se mettre en avant sur les réseaux sociaux, publier de contenu de qualité visuellement, partager une bonne partie de soi… y passer du temps ce qui est difficile lorsque l’on s’entraîne autant et que le “marketing” n’est pas son métier.
On en revient donc à l’entourage, à déléguer ce travail à quelqu’un ce qui coûte encore une fois de l’argent. C’est le serpent qui se mord la queue mais c’est un passage indispensable à mon avis pour aller plus loin dans sa pratique et d’autant plus important pour démocratiser la pratique de la course en ligne qui a tendance à tomber en désuétude.
Bien sur, il y a toujours des mécènes mais ils sont de plus en plus rares.
8 - Conclusion pour devenir champion de kayak
Vous l’aurez compris, pour devenir champion de kayak, il ne s’agit pas rarement de ne faire attention qu’à un seul paramètre ; la réussite est toujours multifactorielle.
De plus, elle implique d’être bon dans de nombreux domaines. On ne peut se contenter, en tout cas pour du sprint, de ne faire que du kayak. Il faut être un athlète complet. C’est d’ailleurs une des premières choses qui m’avaient surpris lorsque j’ai découvert le milieu.
Aujourd’hui, la pratique du kayak de course en ligne est menacée à haute niveau au profit d’autres activités comme le kayak cross et cela est dû en grande partie au monde d’aujourd’hui où faire des performances ne suffit plus.
Il faut être présent sur les réseaux, créer sa propre marque, se montrer, se faire aimer… Tout un programme mais indispensable pour que les sponsors suivent et que les gens puissent s’identifier.
C’est aussi à ce prix que les pratiquants se renouvelleront plus nombreux sans quoi, nous assisterons comme en canoe à de moins en moins de pratiquants comme j’en parlais au dernier championnat de France à Vichy avec différents CTR.
Il y a comme un changement de paradigme à intégrer mais c’est seulement à ce prix que l’on aura demain des champions de kayak, capable de se concentrer uniquement sur leurs rêves, se de donner les moyens pour.
C’était ma vision pour devenir champion de Kayak.
A bientôt à l’écrit ou en audio,
Rudy