Interview : Ronan Tastard

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Ronan Tastard en décembre 2022.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Ronan Tastard : Très bien, merci.

Les Secrets du Kayak : Tu as fait une plus grosse séance que d’habitude aujourd’hui ?

Ronan Tastard : Effectivement, je profite de ta présence pour faire des séances un peu plus longues qu’à l’accoutumée. Habituellement, je m’entraîne le lundi midi en course à pieds avec les copains. On navigue le mardi, jeudi et vendredi. On fait 10-12 km maxi. Et j'ajoute une course à pieds le jeudi matin, à titre personnel.

Les Secrets du Kayak : Quand tu cours tout seul, tu fais un footing ?

Ronan Tastard : Oui, moi c’est rarement du fractionné. On n’est pas forcément sur des séances construites. On court sur un terrain vallonné, ça fait un fractionné naturel. Le jeudi j’accompagne mon fils à l’école, pendant qu’il est à vélo je cours et je poursuis un peu derrière.

Les Secrets du Kayak : Comment as-tu commencé le kayak ?

Ronan Tastard : Je devais avoir 14 ans, avant ça je faisais du football dans une commune en Bretagne. Mes parents ont déménagé, on habitait près d’une rivière, je voyais passer des kayaks, j’étais intrigué, ma mère m’y a emmené et voilà. J’ai commencé par des bateaux stables. De mémoire bateaux de descente, et un peu de CAPS et Orion pour la course en ligne.

Les Secrets du Kayak : Au début, c’était un rythme de deux séances par semaine ?

Ronan Tastard : Oui, le samedi et le mercredi.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que les premières compétitions sont arrivées vites ?

Ronan Tastard : Oui et non, dans mon idée au début il n’y avait pas la connaissance de compétitions. Je ne sais pas combien de temps ça a pris mais ma première course c’était celle organisée par mon club, une course de fond, et je sais que j’ai nagé ! Je ne sais plus quelle distance faisait la course. Il y avait un peu de courant sur le canal, mais c’était minime. C’était entre deux écluses.

Les Secrets du Kayak : Comment est né cette passion pour le kayak ?

Ronan Tastard : Il y a eu la passion pour le kayak et ensuite pour la compétition. C’est l’ambiance du club qui y a contribué énormément. On n’était pas trop nombreux mais ça m’allait. Les copains étaient plus âgés mais bienveillants. Les cadres étaient bénévoles, bienveillants et source de motivation. Je leurs dois beaucoup. Dans les compétiteurs, pour moi ils étaient tous forts. A l’époque, ça m’inspirait.

Une course importante en Bretagne en descente, c’est le Critérium du Scorff. Une course mythique. Un parcours super sympa. Ça m’a marqué. Un des points de départ de mon envie de compétition, c’était une course de descente en Côtes-d'Armor. Ça a été le déclic, je me suis mis à m’entraîner. J’avais la volonté de progresser, d’aller courir, faire du bateau à chaque opportunité.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu faisais déjà un peu de musculation à cette époque ?

Ronan Tastard : Non, peut être juste des pompes mais ce n’était pas intense. C’est dès junior que j’ai augmenté le rythme d’entraînement pour m’entraîner le soir après le lycée. Les copains étaient déjà à l’Université.

Les Secrets du Kayak : Il n’y avait pas d’entraîneur au club ?

Ronan Tastard : Non, mais des bénévoles. Des personnes qui ont été importantes et qui ont su me donner les bases de l’entraînement. Avec de quoi avoir une petite programmation pour varier les séances sur plusieurs semaines.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’en augmentant ton rythme d’entraînement, tu as eu de meilleurs résultats en compétition ?

Ronan Tastard : Oui. Mon sentiment, c’est qu’à l’époque les choses sont allées assez vite. Mon premier championnat de France, je suis junior 1. C’était dans les Pyrénées, en descente. On faisait que de la classique. Les quinze premiers du jour étaient retenus pour une finale le lendemain. C’était le classement de la finale qui comptait pour le résultat. De mémoire je vais en finale, je devais être aux alentours de la quinzième place. Ça m’avait boosté pour junior 2.

Je passais davantage mon temps à m’entraîner au détriment des résultats scolaires. J’ai passé les sélections pour les championnats du monde junior, on y avait été en stage avant. Ils en prenaient quatre et moi j’ai fait cinquième. Dans les quatre premiers, il y avait Benoît Peschier, qui avait du faire le choix entre descente et slalom, du coup j’ai été repêché et j’ai pu y aller. Mon objectif était déjà atteint. Pour moi, il était difficile d’espérer mieux que la sélection. J’ai fini 33ième. Je suis le seul français sans médaille.

Les Secrets du Kayak : Tu fais quand même des études à côté ?

Ronan Tastard : Oui, j’ai fait mon Bac S. Mes parents m’ont soutenu. Ensuite j’ai fait Staps, je suis rentré en pôle France suite aux championnats du monde. Je pars à Rennes au pôle espoir descente, basé au club de St Grégoire. Assez rapidement, je m’entraîne davantage. Je ne sais pas si j’étais tous les jours à deux fois par jour, mais j’étais très assidu chaque jour. La Fac se déroulait bien, sans accrocs. J’étais dans le flou de ce que je voulais faire. A Rennes, il y avait un entraîneur partiel qui nous faisait des programmes. Pour moi ça a été la rencontre d’Arnaud qui a été déterminante dans mon parcours, encore aujourd’hui.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce qu’il t’a apporté ?

Ronan Tastard : Au début, on s’est engueulé, il m’avait recadré. C’était quelqu’un de respecté notamment par ses performances. Ça lui donnait encore plus de crédit. Il m’a appris le dépassement de soi, la capacité d’aller hyper loin dans l’effort. Il me donnait énormément confiance. Il ne naviguait plus, mais de l’avoir vu courir ça me donnait confiance et l’envie d’aller loin dans l’effort.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que grâce à tout ça tu rentres rapidement en équipe de France senior ?

Ronan Tastard : Non pas rapidement. Juste avant les championnats de France donc vraiment au dernier moment je fais une chute à vélo qui avorte ma fin de saison. Donc je ne fais pas les France. Pour moi, c’était la course pour me sélectionner chez les senior. Mais j’ai fait une super récupération en six semaines.

La deuxième année, toujours à Rennes, les sélections sont à Bourg-St-Maurice et je fais quinzième environ. Je progresse mais je ne me sélectionne pas. J’avais fait une lettre de motivation pour intégrer le pôle France de Poitiers. La réponse c’est que mes résultats ne le permettaient pas mais ils m’ont inscrit au pôle espoir de Poitiers mais tout en m’entraînant avec le pôle France. Du coup là-bas j’y suis resté quatre ans, avec deux entraînements par jour. Avec un groupe fort et du haut niveau.

Le suivi avec Jean-Pascal était régulier. Et il y avait de la concurrence. Au début je restais dans les vagues, je me suis mis des défis de suite. J’ai progressé. J’ai avancé avec Olivier Boukpeti. Mon objectif c’était les championnats de France pour pouvoir rentrer en équipe jeune. Et là je fais troisième sur la course, et en finale. J’étais sur le podium avec Boris Saunier et Maxime Clérin. C’est Olivier qui m’avait mis en confiance, et j’avais cette impression de facilité.

Je rentre en équipe jeune, ça m’ouvre des stages. Aux piges, je décroche une place pour la coupe du Monde à 22 ans en 2002. En descente ça va vite, tu rames, ça passe trop vite. L’année d’après, je casse mon cale-pieds pour la course je finis septième. En 2004 c’était en Allemagne, je me sélectionne pour les championnats du monde. Là, je n’y vais pas en touriste. Je fais huitième en classique, on fait une médaille en équipe.

Les Secrets du Kayak : Tu continues tes études en parallèle ?

Ronan Tastard : Oui, j’ai fait ma licence, je m’inscris en Master sans conviction. Je travaille à mi-temps comme surveillant au CREPS de Poitiers.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu continues à progresser après ?

Ronan Tastard : Après en 2004, les grands étaient partis de Poitiers, JP aussi. Moi j’avais passé le concours de police. J’avais demandé à entrer à l’école de police de Vincennes. Et là, je monte à Paris pour faire de la course en ligne.

Avec le recul, maintenant je te dirais que je ferais différemment, mais à l’époque de perdre mes potes et JP, j’ai suivi. Je ne pars pas avec beaucoup de conviction, d’autant plus que le sprint ce n’est pas mon truc.

Ça aurait été possible de performer en équipe de France, mais il aurait vraiment fallu qu’il y ait de ma part une vigilance sur tout et beaucoup de travail et d’implication. J’étais trop arrogant, de venir de la descente et le transposer sur la course en ligne. Je me débrouillais bien, mais pas au point d’aller super vite. J’ai eu plein de difficulté sur la stabilité, être capable de sprinter en exprimant son potentiel, je n’étais pas capable de le faire bien d’un point de vue mental. Ce n’est venu qu’après beaucoup de travail, et que le jour où c’est arrivé j’ai quasiment arrêté. Je me suis enfermé dans les solutions que je connaissais de la descente. Je ne suis pas allé cherché l’expertise des gars de la course en ligne. Ça ne pouvait pas marcher pour le sprint. Je naviguais assez mal.

Les Secrets du Kayak : Il y avait du monde en course en ligne en région parisienne lorsque tu y es allé ?

Ronan Tastard : Oui, j’arrive à Paris, je m’entraîne pendant un an avant d’entrer à l’école de police en 2005. Boris et Olivier avaient déjà fait leurs transferts. J’avais la chance de naviguer avec des grands noms et de m’imprégner d’eux. Mais j’en ai conscience qu’avec le recul aujourd’hui. Je n’étais pas assez ouvert pour avoir l’espoir que ça puisse marcher. Je n’ai pas su me donner toutes les chances pour performer alors que tous les ingrédients étaient disponibles.

Les Secrets du Kayak : Lorsque tu rentres à l’école de police en 2005, tu continues à t’entraîner sur ce rythme ?

Ronan Tastard : Beaucoup moins. J’étais toujours sur les listes, mais l’année de l’école j’étais pris toute la journée, donc les entraînements c’était à 6h le matin ou le soir à 18h. C’est de suite moins efficace. Une année, j’ai aussi fait du ski et du marathon.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu étais plus à l’aise avec ton profil au marathon ?

Ronan Tastard : Oui, même si le volume d’entraînement n’était pas toujours au rendez-vous. Et ça n’a rien a voir avec ce que font les gars aujourd’hui. Ma chance, c’était le K2 avec Vincent. En 2006, on fait sixième en K2 aux championnats du monde de marathon en France. On était content. On a fait dernier du groupe, mais j’étais satisfait, épuisé de concentration parce que ça attaquait de partout, il fallait être vigilant en permanence. Peut être qu’aujourd’hui en voyant la course, on trouverait ça naze.

Les Secrets du Kayak : Après ton concours, tu reprends à fond ?

Ronan Tastard : Je sors en septembre 2006 du concours, je dois travailler pendant 3 mois en police. Je choisis un commissariat à Neuilly sur Marne à côté de Vaires. L’école de police ça fait un choc. Avec les listes, ensuite je suis détaché à plein temps dès janvier 2007. Je pars à Toulouse.

A Toulouse, je suis payé pour m’entraîner. Je n’ai fait que deux ans. Je ne trouvais pas de sens à ce que je faisais. Fin 2007, je repars en descente. Je me remets à faire les choses bien. J’étais investi à mes yeux. En terme de confiance, j’étais moins dans le doute. J’ai fait les championnats de France de descente en tant qu’ouvreur pour me tester. Ça l’a fait en 2008, je repars à fond sur la descente.

A Toulouse, c’est l’année où je fais le plus de volume. J’y allais quatre matin par semaine pour une séance d’une heure, fin de matinée j’allais faire de la musculation et je m’entraînais l’après-midi. Je ne faisais rien ni le vendredi ni le dimanche. A Toulouse c’est génial, tu as tout à proximité, les gars étaient top que ce soit en descente, en ligne ou en slalom. La dynamique était top.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu performes en compétition internationale à ce moment là ?

Ronan Tastard : Oui 2008, je fais les championnats du monde de descente en Italie, les piges c’était top, facile. Et les mondiaux, la classique c’est l’énigme. La course se passait sur un canal et le sprint se faisait dans le bassin de slalom. On s’échauffait sur un lac, j’avais de super sensation. J’ai couru tout seul, et au moment de passer, j’étais tout éteint. Je n’étais même plus dans le truc. C’était devenu le pire moment de ma vie. Une absence totale, je finis dernier. Pendant quatre jours j’ai enchaîné, j’étais au plus mal. C’était une épreuve difficile.

2009, je repars à Paris, mes mises en listes avaient évolué, et les critères en police se resserraient. Je repartais travailler avec un tiers de mon temps libre pour l’entraînement. Les conditions restaient top, j’étais prioritaire sur les congés, je pouvais m’organiser. Je me pose rapidement sur Champigny. Le club était top, le niveau était bon. J’étais suivi par Michaël Fargier. Peu de temps avant les piges, j’ai déclenché une appendicite. Je vais aux piges mais le mental était entamé, je ne me sélectionne pas. Donc je sors des listes.

Au commissariat, ils m’ont quand même maintenu mon tiers temps en off. 2010 je m’entraînais moins, mais j’étais en train d’optimiser le volume des années précédentes. J’ai fait les mondiaux en Espagne. J’ai gagné les deux classiques, et aux piges j’étais cinquième. C’était mes meilleurs résultats. En équipe, on fait une médaille en classique. Je me suis retrouvé même à faire du C2 alors que je n’en n’avais jamais fait. J’ai fait ce que j’ai pu et on a fait une médaille. 2011, c’était moyen et après c’était fini.

Les Secrets du Kayak : Tu n’avais plus envie ?

Ronan Tastard : 2011, je ne m’en souviens pas. Je ne sais plus où étaient les piges. Et 2012, j’étais déjà dans un autre projet. J’avais l’esprit tourné vers le club de Libourne.

Les Secrets du Kayak : Avant, il n’y avait pas de club à Libourne ?

Ronan Tastard : Non, il est apparu en 2009-2010. Moi je ne connaissais pas Libourne, j’étais très attaché au club de St-Grégoire. L’ambiance y était incroyable. Mais avec Olivier, on a eu cette idée de s’investir soit dans un club existant soit dans un nouveau club. On est parti sur un nouveau club. On a choisi ce site.

Les Secrets du Kayak : Tu ne te voyais pas faire carrière dans la police ?

Ronan Tastard : Non c’était une expérience intéressante, mais ce n’était pas mon feeling. C’est un métier difficile, je tire mon chapeau aux gars.

Les Secrets du Kayak : Mais à un moment il faut bien bosser quelque part ? Qu’est-ce que tu fais ?

Ronan Tastard : Administrativement, le club de Libourne est déjà créé, il y a une dynamique de lancée. Il fallait être tous les deux sur site pour s’engager. Il y a eu un gros appui du comité régional. La qualité du bassin, les appuis locaux ont fait que ça s’est vite développé. Je ne prenais pas beaucoup de risque, je n’avais pas d’attache. J’ai vite trouvé du travail en intérim, j’ai travaillé pour la ville et j’ai évolué ensuite au sein de la ville.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as continué à t’entraîner un peu ?

Ronan Tastard : Oui jusqu’aux piges de 2012. Mais dès que je suis arrivé ici, je ne m’entraînais plus beaucoup. Je ne considère pas que je m’entraîne, je fais juste du sport. Si je n’avais pas les copains, je ne ferais pas tout cela.

Les Secrets du Kayak : Malgré tout tu fais toujours des compétitions ?

Ronan Tastard : Oui, c’est toujours marrant d’en faire, sur le fond je suis dans les meilleurs français. Tu retrouves les gars que tu connais. Je m’y amuse beaucoup. Je préfère tout de même les équipages.

Les Secrets du Kayak : Comment fonctionne le club ?

Ronan Tastard : Depuis un an et demi, je suis salarié du club de Libourne après avoir longtemps était président du club. J’ai la caquette d’agent de développement et une deuxième d’entraîneur, c’est à dire école de pagaie jusque première étape pour progresser. J’initie à la pratique en réalité. On organise des événements comme les courses de fond 2022-2023-2024-2025. La qualité du bassin est reconnue.

Les Secrets du Kayak : Tu parlais de tes doutes et difficultés mentales, tu as essayé la préparation mentale ?

Ronan Tastard : Oui. Je doutais essentiellement sur le sprint en descente de rivière. A Poitiers, on avait un suivi hebdomadaire. C’était un suivi apprécié par de nombreux athlètes. On a travaillé la visualisation, beaucoup d’échanges. C’est comme pour aller au kiné. C’était pas mal.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu avais une préparation footing comme certains l’ont aujourd’hui ? Et ou musculation ?

Ronan Tastard : C’était intégré très simplement en complément d’entraînement ou de récupération. Il n’y avait pas une volonté de progression en course à pieds. La musculation, ce n’est pas beaucoup mon truc, on faisait des séances de 2h. Je n’étais pas très fort mais je me sentais fort sur du gainage. Je ne le faisais que parce que c’était utile. Ça m’est arrivé de me prendre au jeu pour faire des séances de max. Avec le recul, je ne sais pas si c’était autant profitable que si j’avais fait ces heures davantage sur le bateau.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu as eu des blessures ?

Ronan Tastard : Non, j’ai été épargné. J’ai toujours travaillé mes épaules. Mon premier soucis est arrivé il y a un an, en tombant en K2. Je l’ai senti commencer à sortir et revenir, et sans doute que sans musculation ça aurait été pire. Autrement je ne me suis jamais blessé musculairement. Je me suis juste galéré avec mes jambes à cause de varices. J’aurai du me faire opérer plus jeune. Maintenant depuis ma récente opération, ça va un peu mieux, mais c’est héréditaire. Je dois régulièrement les faire scléroser.

Les Secrets du Kayak : Comment ça se passait d’un point de vu de l’alimentation ?

Ronan Tastard : Je n’ai jamais vraiment fait attention à l’alimentation, je n’ai jamais eu trop de galère de ce côté là. Je me sentais bien à 75kg. Aujourd’hui, je fais 79kg. Si je me mets des défis avec les copains, pour les tenir je redescends à 75kg. C’est sans fondement mais ça me semble être mon poids de forme. J’ai une addiction au sucre. J’en comprends les drogués.

Les Secrets du Kayak : Tu parlais du relâchement. Quelle en est ta définition ?

Ronan Tastard : Pour moi, c’est d’aller rechercher l’économie maximum en terme d’énergie pour produire l’effort. Ça passe d’abord par le visage, si j’arrive à m’exprimer à fond avec un visage relâché, tout le reste suit. Il faut que les gens pensent de moi que c’est facile. Ainsi, j’ai le sentiment de tenir plus longtemps. Je ne pourrais pas aller plus vite, mais ce n’est pas la déchire débile. Il faut que ça paraisse facile, et ça me paraissait facile.

Après je sais vers quoi je veux tendre en technique dans mon esprit, mais le résultat n’est pas forcément celui-là. C’est un bout de chemin, c’est un début.

Les Secrets du Kayak : Dans ton esprit, c’est quoi la technique idéale ?

Ronan Tastard : Pour moi ça passe par les jambes, le timing entre le moment où la pagaie est dans l’eau et le moment où je vais mettre une pression sur le cale-pieds.

Les Secrets du Kayak : Tu fais une différence entre pousser sur le cale-pieds et pousser le cale-pieds ?

Ronan Tastard : Oui, ça m’a parlé à moi, si je pousse sur le cale-pieds, moi je pars derrière, si je pousse le cale-pieds, je vais à l’avant. D’avoir ça à l’esprit, ce travail et ce timing, c’est un élément important en plus du relâchement. A Poitiers, on faisait des heures et des heures de visionnage de vidéos techniques. Maintenant j’y ai réfléchi beaucoup, mais je n’y pense plus aujourd’hui, c’est ancré…

Les Secrets du Kayak : Avec quoi, tu navigues aujourd’hui ?

Ronan Tastard : Avec un bateau du club, un Infusion. Il est léger. A la fin de ma carrière de descente, j’avais une pagaie que j’aimais et je l’ai gardé. J’ai juste changé la taille. Avec le temps je la baisse.

Les Secrets du Kayak : Aujourd’hui, quel est ton objectif ?

Ronan Tastard : Mon travail c’est de développer le club. Il y a un attachement. A la base le projet, c’était accueillir des compétitions, des stages, former des jeunes. C’est toujours le cas, mais j’évolue aussi sur mon approche pour les jeunes. En écoutant tes podcasts, je me suis aperçu que le plaisir est ultra important. Donc je veux faire en sorte que les jeunes aient un max de plaisir et soient heureux dans le sport, et se sentir bien dans leur corps. Il n’y a pas de limite.

On est ouvert à l’accueil des clubs ou des individuels comme toi qui veulent ramer. A chaque fois, on met tout ce qu’on est capable d’apporter pour que ça se passe bien. Les clubs viennent, ils ne payent pas. L’accès au plan d’eau est gratuit. On ne fait payer que le matériel pour 5€ la journée. Tu peux naviguer facilement sur le plan d’eau. Il n’y a jamais beaucoup de vent.

Stratégiquement, je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus d’actions à Libourne. On a juste l’équipe paralympique qui est venue, mais jamais les équipes de France. Je trouve que politiquement c’est dommage. La ville de Libourne met tout ce qu’il faut pour que ça marche. Le seul point noir c’est l’hébergement, donc trois semaines de stage ça peut être compliqué, mais autrement c’est jouable. Pour moi, seul l’aviron l’a compris, ils viennent faire leurs piges ici.

En tous les cas je voulais te dire que je prends beaucoup de plaisir à écouter tes podcasts. Certains sont exceptionnels. Découvrir différemment les gens, ça donne une autre vision d’eux. Ils faut que les jeunes t’écoutent.

La folie de chacun peut apporter beaucoup aux autres.

Vous pouvez retrouver Ronan sur son compte Facebook.

Précédent
Précédent

Interview : Florent Nowakowski

Suivant
Suivant

Interview : Bruno Dazeur