Le Kayak en Afrique du Sud avec Jeremy Candy
Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Jérémy Candy en mars 2023.
Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?
Jérémy Candy : Ça va super, merci bien.
Les Secrets du Kayak : Il y a eu les pré-piges, tu t’en es bien sorti ?
Jérémy Candy : Oui, je les ai faites pour faire le 2000m juste pour voir ce qu’a donné mon entraînement en Afrique du Sud. Je ne m’en sors pas trop mal. Je voulais faire sous les 8 min, c’est semi-rempli je n’ai pas gagné. Le 2000m se faisait avec un virage.
Les Secrets du Kayak : Comment étaient les conditions ?
Jérémy Candy : On a eu un bon vent de travers, c’était compliqué. Il fallait être costaud sur les abdos.
Les Secrets du Kayak : On fait ce podcast « hors série », c’est notre deuxième rencontre sur ce podcast, car tu reviens d’Afrique du Sud. Qu’est-ce que tu as fait là bas ?
Jérémy Candy : J’ai fait un mois de canoë-kayak avec des sud-africains, avec des U23 champion du monde en marathon notamment. Il y avait aussi des anglais, dont le champion du monde du 5000m. On était une dizaine d’athlètes, un bon groupe et des grands noms. Belle découverte de leur pays et de leur façon de s’entraîner.
Les Secrets du Kayak : Comment ça s’est organisé ?
Jérémy Candy : Aux championnats du monde j’ai rencontré les parents d’Hamish, on a passé plusieurs jours avec Quentin et Hamish. On discutait et il nous a proposé de venir nous entraîner là-bas. J’étais libéré dans mon travail dès le mois de février. Donc au moment de trouver un stage, j’ai pensé à lui. Entre temps les anglais se sont greffés au projet.
Les Secrets du Kayak : Si on écrit, nous aussi on peut louer l’hébergement ?
Jérémy Candy : Ils ont plusieurs endroits d’hébergement à louer oui. On était dans une maison pas encore disponible à la location.
Les Secrets du Kayak : Combien t’a coûté le voyage ?
Jérémy Candy : J’ai du payer 950€, vu la distance à parcourir ce n’est pas si cher. Ça m’a paru raisonnable, j’ai eu le vol de nuit, parfait.
Les Secrets du Kayak : Tu avais planifié tes entraînements pour ce mois là-bas ? Ou tu as décidé de suivre le groupe ?
Jérémy Candy : Je me suis laissé guidé. J’aime bien m’imprégner et m’entraîner de la même façon que les locaux quand je me déplace. Hamish nous avait au préalable envoyé la trame que j’avais envoyé à Nico, ça lui paraissait faisable. On a fait la première semaine telle quelle, la deuxième quasiment identique, et la troisième on a fait des ajustements. J’ai proposé des petites choses qu’on faisait sur Vaires.
Les Secrets du Kayak : L’entraînement sud-africain apparemment, c’est toujours à fond. Tu confirmes ?
Jérémy Candy : J’ai eu la chance d’être avec d’autres européens et à un moment donné il a fallu calmer un peu les ardeurs de nos amis africains, ça partait fort. Ce qui m’a le plus choqué c’est qu’on ne fait pas d’arrêt. Le rythme est clairement différent qu’à Vaires. Mais ça fait du bien, le corps est capable de suivre.
Sur la première semaine on sentait que c’était à qui se ferait le plus mal pendant son relais. C’était rigolo, mais le matin au réveil c’était compliqué. Mais on était là pour ça, donc on y allait. On a joué à fond le jeu.
Les Secrets du Kayak : Le volume d’entraînement était beaucoup plus important que d’habitude ?
Jérémy Candy : La première semaine j’en suis à 24h d’entraînement pour 230km de kayak. Sur la deuxième 21h pour 210km, la troisième on a fait 19h pour 195km. C’était ce pour quoi j’y allais.
Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a eu des séances un peu cool ?
Jérémy Candy : Il y en a eu. On a fait environ 10 jours sans repos. Il y a eu des séances sur des 20km où on est allé tranquille. Parfois ça pouvait finir fort quand même. Mon cœur au début était haut mais il se régulait, je pense que le corps était un peu fatigué à force. Le fait de prendre des vagues en groupe même si tu n’as pas l’impression de kayaker, ton cœur travaille. Quand tu es tout seul pour faire ton 20km, le ressenti est bien différent.
Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’en Afrique du Sud il y a du travail technique, ou est-ce que tu vas faire des éducatifs à basse vitesse ?
Jérémy Candy : En tous les cas avec les gars avec qui j’étais, non. Genre pour faire un 15km je voulais décomposer la séance avec des récup, et eux me disaient que si on va doucement il n’y a pas besoin de récupérer. Donc non, la technique ils n’y attachent pas une importance particulière. Si bien qu’ensuite tu ressembles à un zombi dans ton canapé.
Les Secrets du Kayak : Tu as fait de l’océan aussi ?
Jérémy Candy : Oui, j’ai eu l’occasion d’en faire. C’était sympa, ils ont des spots géniaux. Les conditions de glisse étaient au top. Quand tu fais du 17 km/h de moyenne, 25km ça passe vite.
Les Secrets du Kayak : Durant ce stage tu as pu constater les différences de pagaies ? Elles sont réellement plus petites ?
Jérémy Candy : En majorité oui, ils sont sur des petites pagaies. C’était marrant de voir les anglais arriver avec leur grosses pagaies. Ils mettent des tours, ils aiment la cadence. Moi, je suis autour de 95 rpm.
Là bas j’ai gardé ma pagaie, même si je me suis posé la question de la rétrécir, mais je ne l’ai fait que pour aller en mer. La seule chose que j’ai changé c’est mon siège qui n’était pas adapté. J’ai quand même gardé des restes de mon stage puisque aujourd’hui même si ma pagaie est plus grosse que celle d’un marathonien, elle reste une petite pagaie pour ma pratique.
Les Secrets du Kayak : Tu expliques que vous avez fait d’autres activités que le kayak à côté ?
Jérémy Candy : La course à pieds c’était pour se tester dans un premier temps. Par la suite, on faisait juste des petits 5km tranquillement pour soigner les corps et laver un peu le sang. Sinon on faisait trois musculation par semaine, et là c’est moi qui prenait les rennes. A la fin c’était juste pour garder de la technique. Mais rien qu’avec le bateau, j’avais mon du. Et pour eux la musculation, ce n’est pas leur truc. Pour eux, 35min c’est suffisant.
Les Secrets du Kayak : Est-ce que ça ne te fait pas relativiser sur l’importance de la musculation pour la performance en kayak ?
Jérémy Candy : Je ne saurais pas te dire. Ça me confirme que moi j’en ai besoin. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Moi, je crois que la musculation a un intérêt dans tout ce qui est traumatisme de ton sport, pour moi c’est de la prévention des blessures. Ça reste important. D’autres se développent autrement. On en revient à la morphologie.
Les Secrets du Kayak : Comment ça se passait l’hygiène de vie autour de toute cette charge d’entraînement, et l’alimentation ?
Jérémy Candy : Moi ça a été compliqué. J’ai 32 ans, j’étais avec des jeunes de 24 ans, c’était la catastrophe. Des dames venaient nous faire à manger pour le soir, beaucoup de riz et pâtes. Sinon on s’entraînait tôt le matin, certains partaient à jeun. Donc eux mangeaient en rentrant. Sauf que moi à midi, je mange mais eux non ! Ils attendaient 14h-15h. Mais à 17h on allait sur l’eau, on grignotait encore, et le soir il y avait le repas.
Moi j’étais carré sur petit-déjeuner et repas, et il y a des jours où on se faisait un vrai déjeuner et d’autres pas. L’alimentation, c’est une réelle piste de progression pour eux, il y a de quoi faire.
Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’autour de cela il y avait des séances de récupération, de relaxation, de kiné… ?
Jérémy Candy : Certains allaient au kiné, moi j’avais mon pistolet d’auto-massage. Mais pour les étirements, on remettait toujours au lendemain. On ne les a jamais fait, alors qu’on en avait tous besoin. Il faut aussi savoir que souvent, là-bas on te coupe le courant entre 19-20h pour économiser l’énergie. Donc tu manges à la lumière du téléphone et tu vas te coucher. On avait pas mal de temps pour dormir. C’était l’été, il faisait chaud, c’est aussi pour cela qu’on s’entraînait tôt. Mais là où j’étais les hivers sont doux. J’étais côté Océan Indien.
Les Secrets du Kayak : Tu naviguais sur un lac assez plat ?
Jérémy Candy : J’ai navigué sur un lac à une heure de la ville, c’était en fait un petit fleuve qui se jette dans la mer. Parfois on avait l’impact des marées. C’était un endroit calme et sympa. La grande boucle faisait 25km.
Les Secrets du Kayak : Au niveau logistique, comment ça s’est passé pour aller là-bas ?
Jérémy Candy : J’ai eu de la chance. Hamish a réussit à nous trouver des bateaux pour tout le monde, il a même demandé à se faire prêter des K2. Il a fait jouer ses contacts pour nous. Là-bas, les kayaks sont équipés de pédales. Alors qu’en France, les gars n’ont pas de pédales. Les gens font beaucoup de kayaks là-bas pour pécher, du coup ils ont tous des bateaux de mer, ils sont équipés de pédales donc je pense que c’est pour cela que les pédales sont la norme.
J’ai eu l’occasion de faire du K2 avec des pédales, je m’en suis bien sorti. Ce n’est pas hyper intuitif, mais je comprends leur besoin d’en avoir. Eux ils poussent avec leurs talons. Il y en a qui ont des T dans leurs bateaux en France pour pousser avec leurs talons, tout dépend du besoin de chacun.
Les Secrets du Kayak : Est-ce que les courses mythiques d’Afrique du Sud t’ont donné envie de les faire ?
Jérémy Candy : Oui, quand tu les regardes ça a l’air génial. Mais quand tu en discutes avec les gars, on te prévient qu’il faut être prêt à être malade pendant une semaine après parce que l’eau est clairement catastrophique, c’est un cocktail de germes assez efficace pour perdre du poids. Donc ça me refroidit. Mais effectivement ça peut donner envie.
Mais la meilleure course à faire, c’est la Fish River qui se coure en octobre. En Afrique du sud, si tu le veux vraiment tu as une course par semaine, et parfois même en semaine. Pareil pour la course à pieds, tu te donnes rdv à 5h du matin et tu cours à plus de 200 personnes sans classement, juste comme ça.
Les Secrets du Kayak : Comment c’est niveau sécurité en Afrique du Sud ?
Jérémy Candy : C’est sûrement beaucoup moins sur qu’en France, mais ça m’a fait penser à la France. De toi même tu évites certains endroits. Là où on était on n’était pas du tout en insécurité. C’est comme partout.
Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu vas y retourner ?
Jérémy Candy : Il y a énormément de conditions à remplir de mon côté, mais oui j’aimerais bien en faire un passage obligé pour commencer la saison. C’était une belle expérience, les conditions font que c’était exceptionnel. Le ressenti est top. C’est un stage qui en appellera d’autres je l’espère. Ça me donne envie d’y retourner l’année prochaine.
Il faut s’organiser en amont. Les hongrois ont acheté de l’immobilier là-bas, ils ont leur centre d’entraînement sur place. Ils achètent des bateaux tous les ans. Mais il faut un contact sur place.
Les Secrets du Kayak : Si des gens sont intéressés pour faire un stage en Afrique du Sud, est-ce que tu peux les mettre en contact avec des gens sur place ?
Jérémy Candy : Oui, il faut que mon contact soit sur place à la période demandée, mais oui. Il ne sera pas contre avoir de la viande fraîche. Là-bas, toi, tu te ferais vraiment plaisir !
Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu fais les piges ?
Jérémy Candy : Non, je préfère aller à Amsterdam. Il y a une course à ne pas manquer. C’est une course où il faut aller. Elle est super. Ça permettra à des pré-piges d’être sélectionnés.
Les Secrets du Kayak : En tous les cas, je souhaitais te dire que tes posts Instagram étaient cool à suivre.
Vous pouvez retrouver Jeremy Candy sur son compte Instagram.