Interview : Martin Farineaux

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Martin Farineaux en janvier 2021

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd'hui ?

Martin Farineaux : Ecoute ça va super, enchanté !

Les Secrets du Kayak - Comment as-tu débuté le Kayak ?

Martin Farineaux : J'ai une maman pédiatre, un papa prof d'EPS, et moi j'ai un handicap.

C'est par ce handicap que je suis arrivé dans le milieu du kayak.

A l'âge de deux ans j'avais une boule de gras au niveau de l'insertion de la moelle épinière, qui a été retirée malgré que c'était bénin.

Malheureusement lors de l'opération, les nerfs ont été touchés. De là en découle beaucoup de problèmes neurologiques au niveau des membres inférieurs notamment.

J'ai subi 35 opérations dans ma vie, vécu 3 ans de ma vie à l’hôpital, et l'équilibre que j'ai eu par mes parents est passé par le kayak.

Mon père a cherché un sport qui pourrait être le moins handicapant par rapport à mon handicap. Il était conseiller technique régional en aviron, donc toujours proche du kayak, il m'y a emmené, ça m'a plu de suite.

J'ai pu m'épanouir rapidement, en étant à égalité par rapport aux autres et mon handicap. C'était plus par intérêt au début, mais je suis content, c'est ma passion, et avec le recul je remercie mon père d'avoir trouvé cette idée.

Les Secrets du Kayak : Des antécédents sportifs avant ça ?

Martin Farineaux : Oui, car je suis un fana de sport, mais ce n'était pas épanouissant : pour courir j'ai des grosses difficultés...

L’épanouissement s'est fait au kayak car mon handicap était invisible, du moins à l'époque.

J'avais 12 ans et j'ai pu commencer le kayak au club de Lille, mon club de cœur, mon club référent, entre deux opérations.

Les Secrets du Kayak : Beaucoup de kayakistes sont originaires du nord, as-tu une explication ?

Martin Farineaux : En fait, il fait toujours beau dans le nord !

C'est une question d'habitude : qu'il pleuve, qu'il vente, on est content de faire du bateau, donc on ne s'occupe pas du temps qu'il fait, on a appris a ne pas s'en occuper.

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Les Secrets du Kayak : Tu te rappelles tes débuts sur l’eau ?

Martin Farineaux : J'ai commencé comme une personne normale, valide.

J'ai eu un entraineur à l'époque, Armand, qui m'a formé et qui n'a pas du tout pris en compte mon handicap, qui m'a poussé vers le haut.

Du coup, j'ai assez rapidement évolué au niveau des bateaux, toujours des bateaux pour valide.

Malheureusement, je n’ai jamais fait ni de rivières, ni de descente, ni de slalom parce que à mon époque la politique régionale n'était pas ouverte aux autres disciplines, et on était vraiment ancré sur la course en ligne.

Je n'ai jamais fait de slalom, ni de descente de ma vie. Je le regrette, c'est quelque chose que je ferai peut être plus tard, quand j’arrêterai.

Culturellement, on était course en ligne.

Pour l’entrainement, j’ai évolué assez vite. A Lille, il y avait une bonne dynamique.

Une fois que tu ne tombes plus dans l'eau, tu restes un ou deux mois à l'école de pagaie.

Une fois qu'on a les bases, on passe dans un groupe semi-compétition. Il y a plusieurs phases.

Et comme je me débrouillais bien, j'ai vite rejoint le groupe compétition, et là dès 13-14 ans, je m'entrainais presque tous les jours.

Culturellement, mon père nous a vraiment poussé, on est 5 enfants et on a tous quasiment été en équipe de France , et on est tous fana de sport. C'est un besoin vital chez nous.

Mon grand frère de part ma maman, qui était en équipe de France de hockey sur gazon en tant que gardienne, a lui aussi fait du hockey.

Mes deux sœurs ont été en équipe de France de kayak junior, donc 3 Farineaux à faire du kayak avec à notre tableau de chasse d’innombrables titres nationaux.

Et mon petit frère qui est très sportif, multi disciplines.

Donc que des sportifs de haut niveau.

Un entourage propice à la compétition.

C'est surtout nos parents qui nous ont montré le chemin vers le sport de haut niveau.

Les Secrets du Kayak : Quels souvenirs gardes-tu de ta première compétition ?

Martin Farineaux : Ce n’était pas terrible.

C’était à Boulogne-sur-mer, en kayak et je n'étais pas très bon.

Après cette compètition, l'entraineur m'a dit « tu vas plutôt faire du canoë toi »... je m'y suis mis et en effet j'étais plus à l'aise en canoë plutôt qu'en kayak, de fait les compétitions suivantes furent meilleures.

Les Secrets du Kayak – Quelle évolution ?

Martin Farineaux : Jusqu'en 2000, j'étais en équipe de France valide de Canoë et est même été meilleur français en 1998.

En C2, on a fait huitième aux championnats du monde avec mon coéquipier Cédric mais j'ai stoppé en 2000 pour les études.

Moi et ma sœur devions intégrer l'INSEP mais j'ai raté mon BAC.

Je suis déçu d'avoir raté l'opportunité et je me suis décidé à me recentrer sur les études pour décrocher mon BAC puis mon BTS.

Je suis revenu au kayak plus tard lors de mon emménagement sur Rouen.

Durant cette pause, je n'ai jamais vraiment arrêté le sport pour éviter d’accroître mon handicap notamment, mais j'ai quand même stoppé durant 4 à 5 ans le haut niveau.

Je faisais de la natation, de la musculation. Au fil du temps, j'ai compris que c'était le kayak et le haut niveau qui m'animait.

Suite à mon BTS assistant gestion en alternance à EDF, ils m'ont embauché pour un poste à Rouen, et j'y suis resté 10 ans.

J'ai trouvé à Rouen un club très familial, très à l'aise. L'eau y est un peu plus agité mais à force de travail, j'ai pu revenir dans les premières places grâce à Sébastien Jouve, toujours en canoë.

En 2009, la fédération est venue nous annoncer que le kayak devenait discipline paralympique.

Ils m'ont proposé de reprendre le haut niveau en paracanoë.

Le club de Rouen et Sébastien m'ont soutenu, et je me suis embarqué dans un nouveau challenge

J'ai stoppé le canoë en compétition, et j'ai débuté le kayak à haut niveau en handisport.

J'ai beaucoup d'équilibre grâce à mon handicap, je sais par exemple marcher sur les mains, j'ai développé beaucoup de compensation grâce à mon handicap.

Lorsque je marche j'utilise énormément de force, beaucoup de gainage, et j'ai des compensations du haut du corps qui me permettent d'être très stable kayak.

Je n'ai pas le souvenir d'être déjà tombé à l'eau même lorsque j'ai débuté.

C'est une force, qui m'a valu le surnom de petit-singe lorsque j'étais petit.

Rapidement, j'ai eu des résultats en kayak car j'étais déjà entrainé en canoë.

J'ai mis 6-7 mois à trouver le geste, à trouver les sensations.

En 2010, aux premiers championnats du monde, je fais vice-champion du monde.

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Les Secrets du Kayak : Peux-tu nous détailler un peu ton handicap, que l’on comprenne tes difficultés ?

Martin Farineaux : Les conséquences neurologiques se situent aux membres inférieurs.

Au niveau de mon mollet droit, j'ai seulement un pousseur et un releveur très très faible. C’est presque comme si je marchais sans mollet.

A droit, j’ai également le fessier atrophié.

Au niveau articulaire, mes pieds ont été opérés, mes chevilles sont bloquées donc j’ai beaucoup de raideur.

Pour faire simple : lorsque je marche, je déploie l'énergie de quelqu'un qui court.

C'est malheureusement évolutif, donc je fais de plus en plus de kiné pour limiter les problèmes à venir, notamment en avançant dans l'âge.

La fatigue me raidit. Mes orteils sont « en griffe » j'ai très peu d'appui au sol

Les médecins se demandent souvent comment j'arrive à marcher malgré tout.

C'est grâce entre guillemets à ce déficit du bas du corps que j'ai su développer un très bon équilibre du haut du corps, d'où la mise à profit en kayak.

J'ai moins le besoin de travailler spécifiquement les obliques ou les abdos que les autres individus car je les bosse naturellement en marchant.

Je fais certes un peu de proprioception et d'exercices d'équilibre sur swissball mais clairement c'est un point fort donc je n’y consacre pas beaucoup de temps.

Les Secrets du Kayak : Arrives-tu à pousser sur les jambes ? A connecter avec le bateau ?

Martin Farineaux : J'ai beaucoup moins de force donc c'est particulier. J'arrive à transmettre grâce à des adaptations. J'ai beaucoup de chance au club de Lille car j'y suis bien entouré.

Le club renaît de ses cendres grâce notre entraineur Olia, et notre nouveau président Manu Voynnet qui était entraineur de Maxime Beaumont, de Etienne Hubert... lorsqu'il y avait un Pole France à Lille.

William Tchamba et Sarah Troel sont arrivés à Lille après leur carrière et sont devenus kinésithérapeutes.

Et enfin Barnabé Lefevre, un céiste très fort, qui est podologue ergothérapeute. Il va me réaliser des calages sur-mesure pour me permettre d'avoir un max de transmission.

J'avais négligé cet aspect mais maintenant je m'intéresse à ces petits détails. Le siège va être adapté, ainsi que des semelles qu'on mettra au fond du cale pied. Le but final étant de se rapprocher au max d'une transmission « valide ».

Les Secrets du Kayak : Guillaume Burger précédemment me disait justement s'être fabriqué un siège personnalisé pour adapter son assise à sa hernie discale.

Martin Farineaux : En effet j'ai discuté avec Guillaume et on en a discuté.

Ma démarche est la même oui, on travaille dans le détail pour une optique de haut niveau grâce aux moyens mis en place par le club de Lille.

Les Secrets du Kayak : Quelles sont les distances en paracanoë ?

Martin Farineaux : Ca se court uniquement sur 200m et en monoplace.

Il y a une norme en matière de bateau et plusieurs catégories :

  • KL1 : paraplégique qui n'ont usage ni de leurs jambes ni de leurs abdos. Les bateaux sont beaucoup plus larges et beaucoup plus gros... un peu à l'image d'un Nelo Viper.

  • KL2 et KL3 peuvent embarquer dans des bateaux valides.

Sans abdominaux, c'est compliqué de tenir ton bateau donc en KL1, il y a un seul type de bateau : large et stable, pour harmoniser et simplifier l'organisation des compètes handisport.

Les KL2 ont l'usage d'une partie de leurs abdos et très peu des jambes. Je t'avoue que c'est très complexe comme classification...

En KL3, c'est ma catégorie, c'est les amputés sous-fémoral. Il y a transmission des jambes car chacun est muni de sa prothèse.

C'est très difficile d'avoir une équité en handisport car les handicaps ne se ressemblent pas... la classification est toujours très compliquée.

En KL3 et KL2, on milite pour avoir les mêmes bateaux que les valides, sauf que la fédération a décidé que tout le monde aurait le même bateau comme les KL1.

Nous sommes donc tous avec des bateaux type Nelo Viper, un peu profilé certes, mais en terme de sensation, ce n'est pas la folie... surtout lorsque tu as connu la sensation d'un bateau valide. J'évite d'ailleurs maintenant de remonter dans des bateaux valides pour éviter la frustration lors du retour dans mon bateau large et stable.

Les Secrets du Kayak : Ton entraînement est-il adapté ?

Martin Farineaux : Etant en KL3 je n'ai aucune contrainte de déplacement ou de mise à l'eau comme un KL1 qui est en fauteuil par exemple.

Je peux m'entrainer exactement comme un valide de haut niveau, ce qui donne 2 à 3 entraînements par jour. Je suis le programme de Manu Voynnet qui gère ma plannification pour le 200m.

En revanche, en paracanoë, un athlète en fauteuil comme Rémi Boulle par exemple, c'est une tout autre organisation logistique due aux transferts entre le fauteuil et le bateau. La fatigue générée est différente car justement le handicap est différent.

Par conséquent en KL1 et KL2, ils s'entrainent un peu moins.

En KL3 notre handicap étant plus faible, on peut s'entrainer comme les valides.

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Les Secrets du Kayak : Tu fais des stages à l'étranger ?

Martin Farineaux : J'ai stoppé en 2017 pour la naissance de ma fille, dont je me suis occupé durant presque 2 ans et demi.

J'étais en plus resté sur une frustration de Rio où j'avais fait septième où je sais que je n'étais pas à ma place, que j'aurais pu faire beaucoup mieux.

Tout ça fait que je ne suis plus dans le collectif handisport. Je compte y revenir l'an prochain. Je n'ai donc fait aucun stage ces dernières années.

Mais sinon, c'est comme pour les valides, mes camarades reviennent d'ailleurs de Guadeloupe avec l'intérêt des stages hivernaux au soleil justement.

Mais ça ne me gène pas de braver l'hiver ici à Lille, ça passe.

Cela dit concernant les stages, je serais davantage intéressé de partir avec les juniors valides ou les kayak dames.

Avec le collectif paracanoë, je risquerais de moins m'entrainer que si j'étais resté seul à Lille, car ils font une séance par jour ou deux très adaptées vu que l’on n'a pas tous le même handicap.

Les Secrets du Kayak : Fais-tu de l'endurance aérobie en dehors du bateau ?

Martin Farineaux : Oui, je fais beaucoup de natation, un peu de vélo, un peu de machine à pagayer.

D’ailleurs, William et Sarah m'ont prêté leur KayakPro. Chez moi, le dimanche pour récupérer, c'est pas mal, ça dépanne lorsqu'on ne peut pas sortir.

La KayakPro est très souple alors on peut prendre des défauts à trop en faire donc j'essaie de ne pas en faire trop longtemps : 30 à 40 minutes dans un but de récupération.

Il ne faut pas pas en abuser sous peine d'avoir des difficultés à retrouver le bon geste ensuite sur l'eau.

Les Secrets du Kayak : En musculation, travailles-tu les jambes ?

Martin Farineaux : Je peux travailler les jambes mais si je les fais trop, je peux parfaitement ne plus être éligible au handisport.

Il y a en fédération handisport des personnes qui n'ont pour but que de traquer les athlètes pour les déclasser.

Cindy Moreau qui a fait troisième à Rio était éligible mais sa maladie n'était pas référencée à l'OMS.

Les anglais ont porté réclamation pour la déclasser et depuis elle n'a plus eu le droit de concourir en handisport... Certaines nations n'hésitent pas à accuser des athlètes d'exagérer leur handicap, de tricher…

On en revient donc toujours au problème de la classification au départ qui compte les points et attribue un score global de handicap.

Tout ça pour dire que si je développe trop mon bas du corps, je prends le risque d'impacter le nombre de points attribués à mon handicap.

En athlétisme, le handisport bénéficie d'un recul plus important en nombre d'années, ils ont développé une quinzaine de classifications.

Nous, il n'y a pour le moment que trois classifications. Tu peux chaque année changer de classifications, la fédération tâtonne et affine au fil des années, ce n'est pas évident.

Les Secrets du Kayak : Quelles sont tes performances en musculation ?

Je fais 145 kg au développé couché et 120 kg au tirage planche en maxi.

Je suis assez fort car j'en ai fait plus que les autres, ne pouvant pas courir, je n’entraînais plus en musculation.

Néanmoins je n'aime pas ça, et encore moins l'hiver où il faut prendre de la masse pour préparer la saison mais il faut en faire donc je m'y colle.

Je préfère clairement faire du bateau.

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Les Secrets du Kayak : Quel est ton plus gros défaut technique ?

Martin Farineaux : Je manque de souplesse du haut du corps notamment.

Je sais être souple, mais ce n'est pas suffisant. Les étirements me font beaucoup de bien.

Grâce à mon entourage à Lille, je n'ai plus d'excuse pour tout faire correctement.

Les Secrets du Kayak : Quelles sont tes séances préférées ?

Martin Farineaux : Manu Voynnet a axé ma plannification sur les kilomètres durant l'hiver, donc avec un bateau qui n'a pas énormément de glisse, faire 20km, ça me prend 2h sur l'eau.

Ce n’est franchement pas marrant à faire. Cette partie EB1 longue est maintenant terminée au moment où je te parle et je vais reprendre les intensités.

Ce que je préfère c'est la vitesse, les séances spécifique 200m. Là j'adore, c'est motivant car on récolte le travail effectué en EB1 en cadence basse.

Dans un premier temps, l'EB1 cadence basse fait perdre de la vitesse car on perd un peu en explosivité mais en technique et en placement c'est l'effet inverse.

On est obligé de passer par l'étape 'beaucoup de kilomètres' pour par la suite exceller en vitesse. J'ai fait le boulot hivernal, maintenant reprise des intensités, ce n’est que du bonheur !

Les Secrets du Kayak : Comment c’était les JO ?

Martin Farineaux : En 2015, je décroche ma qualification paralympique à Duisbourg.

Rio étaient donc mes premiers jeux paralympique.

C’était vraiment magique.

Mais je suis passé un peu à coté, j'étais plus spectateur que acteur de mes jeux.

Ca se déroule 15 jours après les JO car logistiquement c'est impossible à faire en simultané avec les valides.

Les brésiliens avaient un peu boycotté les jeux valides.

Par contre, aux paralympiques, les places étaient gratuites et les gradins étaient pleins, c'était fantastique. L'organisation était top.

Je suis déçu de ma septième place.

Un mois avant, je fais troisième au championnats d'Europe.

Avec le recul, j'ai compris que pour performer, il faut que tous les domaines de ta vie soit alignés, que tous les signaux soient au vert.

Or à cet époque, ma concubine du moment n'était pas du tout dans mon projet, elle ne m'a pas soutenu.

Je suis passé à coté de mes jeux.

C’est pour cela que j'ai une revanche à prendre à Tokyo et que je suis motivé à effacer le souvenir de cette septième place. Je veux être médaillé !

On est beaucoup en KL3, c'est la catégorie la plus dense.

Pour la plupart ce sont des anciens “valides” qui un jour ont eu un accident de la vie, qui sont coupés sous fémorale.

L'allemand et l'ukrainien sont dans ce cas. On est tous à peu près du même niveau, tu peux finir premier ou huitième car tout va se jouer sur du détail, c'est très serré.

Les Secrets du Kayak : Quel matériel utilises-tu ?

Martin Farineaux : Je suis en Plastex Rio mais le club m'a acheté le dernier Plastex Paracanoë Tokyo que je vais recevoir prochainement

Pour la pagaie, c'est un peu atypique, je pagaie en Braca 2.

Les “viper” sont larges et ont une vitesse critique rapide, on a moins d'intensité et de fréquence que les autres mais beaucoup plus de puissance.

Au lieu d'être à 130-140 coups de pagaies à la minute, on est plutôt à 120 mais il nous faut une pelle bien large justement pour compenser la sous vitesse de ce bateau.

On a des gros braquets, je pagaie donc très long et les pelles sont très larges.

Avant, je la réglais en 2m22 et là je suis remonté en 2m23.

Et j'ai la plus grande pagaie qui existe chez Braca il me semble.

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Les Secrets du Kayak : Pourquoi es-tu en Plastex ?

Martin Farineaux : En fait, ils se sont partagés le gâteau avec Nelo.

Nelo ont conçu des KL1 et KL2 qui ressemble à l'avant d'un Vanquish mais qui a par contre l'arrière très large ainsi que le pont très bas.

Si tu fais plus de 80kg tu ne peux pas monter dans ces bateaux car tu coules le pont à la moindre vague, ce qui n'est pas adapté au KL3.

Plastex s'est donc concentré sur le KL3.

Chaque fabricant a donc sa spécificité concernant le Paracanoë.

Les Secrets du Kayak : As-tu déjà concouru en valide ?

Martin Farineaux : Je voulais être en final des france sur le K1 200m pour me confronter, car en handi je n'ai pas d'adversaire en France.

Sauf que passer d'un viper à un bateau valide, ça n'a rien à voir... les changements sont trop nombreux et ingérables, donc j'ai choisi de courir chez les valides mais avec mon bateau de KL3. Difficile d'aller chercher les finales chez les valides avec un viper...

J'essaie juste d'aller le plus loin possible.

Les Secrets du Kayak : Suis-tu une alimentation particulière ?

Martin Farineaux : Je mange correctement, équilibré, mais je ne suis pas encore dans le détail.

Je me réserve encore cet axe d'optimisation pour les deux ou trois mois avant la compétition.

Psychologiquement, je me sentirais frustré si je mettais en place une alimentation millimétrée dès maintenant.

Les Secrets du Kayak : Quelles différences avec 2016 ?

Martin Farineaux : Le changement avec 2016, c'est que je me suis séparée de ma concubine de l'époque qui ne s'impliquait pas du tout dans mon projet.

Ma fille a grandi, je l'ai en garde alternée.

Et j'ai un suivi parfait au sein du club.

Vraiment, tous les signaux sont au vert cette fois, tout est en place pour que je puisse performer.

Les Secrets du Kayak : L’importance de la sieste

Martin Farineaux : C'est un sujet de moquerie dans mon entourage mais oui, c'est très important pour moi.

Avec l'âge, on récupère moins vite qu'avant donc le sommeil est un sujet d'importance pour moi.

En général, je fais des siestes de 15 à 20 minutes, parfois plus si j'ai très mal dormi la nuit.

Maintenant à 40 ans, je sens nettement la différence avec ma capacité de récupération comparé à il y a 20 ans.

L'échauffement est plus long, la récupération aussi.

Mais comme Maxime, nous ne sommes pas vieux. Nous sommes dans la force de l'âge.

Et à la différence des valides, en Paracanoë, nous avons des jeunes comme des moins jeunes, si bien qu'avec mes 40 ans je suis juste dans la moyenne en KL3.

Les Secrets du Kayak : As-tu un emploi actuellement ?

Martin Farineaux : Non, je bénéficie d'une allocation adulte handicapé.

j'ai une maison prêtée par ma famille, je ne roule pas sur l'or, mais je vis bien.

Etant focus sur les jeux, je mets de coté ma vie professionnelle pour me consacrer à 100% sur ma vie sportive.

J'ai eu travaillé chez EDF pendant longtemps et ensuite j'ai eu un partenariat avec la région chez Humanis où je n'ai pas eu le CDI que j'espérais.

Ensuite il y a eu la naissance de ma fille en 2017 et j'ai arrêté de travailler.

Financièrement je peux vivre correctement, donc je verrai mon avenir pro après les jeux olympique.

On a deux stagiaires au club qui sont en charge de trouver des sponsors mais avec la Covid c'est très compliqué, tout est en standby.

Heureusement que le club de Lille me soutient énormément.

Aller chercher des sponsorings est compliqué et chronophage donc je ne me pollue pas l'esprit avec tout ça.

Je ne pense qu’à mon objectif de Tokyo.

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Les Secrets du Kayak : As-tu subi des blessures durant ta carrière ?

Martin Farineaux : Les épaules ça va, mais le handicap me procure des blessures par frottement au niveau du fessier et des pieds.

En tant qu'athlète de haut niveau, on a une tolérance à la douleur bien supérieure à un individu normal, je me plains rarement mais c'est mon entraineur qui me freine lorsque j'en fais trop.

J'ai été opéré 35 fois mais je n'ai jamais été blessé.

Les Secrets du Kayak : La constance, ton secret ?

Martin Farineaux : Depuis que je suis à Lille non, je suis toujours avec Olia.

A Rouen, j'ai eu le même entraineur pendant 10 ans.

Au club, je suis également entouré de beaucoup d'anciens sportifs de haut niveau comme Mathieu Goubel par exemple.

Ils m’apportent une certaine complémentarité avec notre entraineur de tous les jours.

Vous pouvez retrouver Martin Farineaux sur son compte Instagram.

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