Interview : Benoit Bayeux
Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Benoit Bayeux en novembre 2022.
Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?
Benoît Bayeux : Pas trop mal, je suis en convalescence. Je viens de me faire opérer d’une épaule, l’usure du kayakiste. Ce sont les ligaments de la coiffe des rotateurs qui étaient quelque peu perforés. J’en ai pour un mois sans bouger et deux mois de rééducation derrière. Mais le kayak est ma passion. En attendant je fais du vélo d’appartement, je promène mon chien, je vais me promener au club, je ne peux pas m’empêcher d’observer ce qu’ils font.
Les Secrets du Kayak : Tu ne peux pas entraîner, aller sur un bateau moteur ?
Benoît Bayeux : Je pense que ça va me démanger. Mais il faudra qu’on me démarre le moteur, qu’on m’y conduise.
Les Secrets du Kayak : Pour quelles raisons te faire opérer, tu ne pouvais plus pratiquer la kayak ou lever le bras ?
Benoît Bayeux : Si, j’ai réussi à faire les championnats de France de marathon mais c’est douloureux, et en vieillissant ça n’allait pas s’arranger.
Les Secrets du Kayak : J’espère pour toi que ça va s’arranger. Aujourd’hui on fait ce podcast parce qu’on s’est vu aux Championnats de France à Vichy. J’ai senti la passion du kayak en toi. Ça fait trente ans que tu entraînes en kayak ?
Benoît Bayeux : C’est ça. Tout d’abord je suis un passionné de kayak, et je dois dire que j’apprécie beaucoup tes podcasts. Je voulais te remercier pour ton travail parce qu’on les écoute avec les copains. Le travail que tu fais est hyper intéressant. C’est génial, merci pour ce que tu fais.
Les Secrets du Kayak : Merci à toi ! Mais toi Benoît, comment as-tu commencé le kayak ?
Benoît Bayeux : J’ai commencé en 1977, j’avais la chance d’avoir une école primaire qui proposait cette activité. Ça commençait en CE2. Mais j’ai pu en faire un peu avant. Mon père avait était initié au kayak, il m’en a donné l’envie.
Le club de Bouchemaine était en face de l’école. Avant c’était dans un vieux hangar près de la Maine proche du camping. Les bateaux étaient rangés au bord de la Maine, accessibles à tous. C’était une autre époque. De fil en aiguille, j’ai pris ma licence au club. J’ai commencé à 7 ans. J’y allais le mercredi et le samedi.
Les Secrets du Kayak : Tu as commencé par de la course en ligne directement ?
Benoît Bayeux : Non. Le club de Bouchemaine jusque dans les années 1980 faisait de la descente. On faisait beaucoup de courses critérium. Ça nous apportait les bases, on faisait des courses en bateaux de descente. Au début, on prenait des bouchons. On faisait un petit circuit. Notre entraîneur, c’était Yves Chauveau. On s’est vraiment mis à la course en ligne en 1983 avec l’éclosion de Pascal Boucherit. Après les JO de Los Angeles, une grosse équipe de course en ligne s’est mise en place. Les bateaux de descente ont petit à petit pris la poussière, même si parfois en cadet je faisais les championnats de France en descente.
Les Secrets du Kayak : Tu te souviens de la première fois que tu es monté dans un bateau de course en ligne ?
Benoît Bayeux : Je suis passé comme tout le monde en CAPS. L’idée, c’était d’aller se sélectionner dans l’équipe régionale. À l’époque, on courait sur 300m. Il n’y avait pas de finale B. J’ai aussi fait du 3000m, c’était un peu rude. Il n’y avait pas d’équipage à cette époque. Si tu n’étais pas dans les trois premiers, tu rangeais ton bateau, et tu passais ton championnat de France à regarder les autres courir.
Les Secrets du Kayak : Comment tu t’en sortais en comparaison aux autres minimes ?
Benoît Bayeux : Moi, j’ai fait les séries-remorques. Je suis revenu plus fort pour les championnats de France des clubs en cadet. On était dans de vrais bateaux. On commençait les équipages, ça donnait plus de possibilités. Mais je n’ai jamais eu de bons résultats.
Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce qui t’a motivé à persévérer dans le kayak ? Tu es plutôt petit !
Benoît Bayeux : Je fais 1,63m pour 83 kg. J’aime bien l’idée de se dire que tout le monde à sa chance. J’ai vu des petits, des champions, monter sur des podiums. On compense autrement, on a un rapport poids puissance intéressant. Il y en a qui s’en sorte. En tant qu’entraîneur, c’est important de laisser sa chance à tout le monde. Il y a le caractère, le toucher d’eau et pleins d’autres facteurs qui font qu’aujourd’hui l’activité kayak n’appartient pas que aux grands et aux costauds.
Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’à un moment en cadet, tu vas avoir l’ambition du haut niveau ?
Benoît Bayeux : J’ai toujours pagayé dans le sillage de champions. C’était formidable de naviguer avec Pascal Boucherit et de faire de l’équipage avec lui. Et bien d’autres. J’ai eu la chance de naviguer avec de grands noms du kayak. Ils me faisaient rêver. Moi je savais que je n’y arriverais pas, mais que je pouvais accompagner les sportifs vers ce rêve là.
C’est ce qui me passionne : accompagner les sportifs. J’aime naviguer dans leurs vagues. Même avec mes athlètes actuels. Je n’ai jamais eu le potentiel pour espérer plus, et je le vivais très bien.
Les Secrets du Kayak : Donc toi tout de suite, tu te dis je vais devenir entraîneur de kayak ?
Benoît Bayeux : Non. Dans les années 1980, le professionnalisme dans le monde du kayak ce n’était pas l’idée. Mes parents m’ont toujours dit que le kayak ne me ferait pas manger. Le premier levier quand l’école ne marche pas, c’était le kayak. Si je n’avais pas mon brevet des collèges, je n’allais pas aux championnats de France. C’est motivant. Je ne me suis jamais entraîné énormément à cette époque là. Il n’y à qu’à partir de junior 2 où j’ai eu des résultats. Je m’entraînais 4-5 fois par semaine, mais il fallait que les résultats scolaires soient là.
Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce que tu fais comme étude dans ce cas ?
Benoît Bayeux : J’ai fait un BAC technologique. Puis un BTS bureau d’étude. Rien à voir avec le kayak. C’est après le BTS que je voulais faire mon service militaire en coopération. Ça n’a pas été accepté. Tous mes copains partaient au bataillon de Joinville, sauf moi. Ils étaient plus fort que moi, j’étais vexé.
J’ai fait mon service civil dans un club. Ça m’a permis de continuer à m’entraîner avec les copains et à me former. Ça m’a plu, j’ai été pris dans un centre de haut niveau à Angers, un CPEF pas encore classé pôle France. J’ai travaillé avec les grands kayakistes du moment, j’ai passé mon service civil, et j’ai passé mon brevet d’état d’éducateur sportif.
Ensuite le club voisin m’a embauché à la sortie de mon service. J’ai commencé en juillet 1994 à travailler au club de canoë-kayak de l’ESACK et j’y suis toujours. Donc au total, ça fait plus de 28 ans que je suis au club d’Angers et sur le lac de Maine.
Les Secrets du Kayak : Si tu devais résumer toute cette expérience qui est la tienne, tout ces échanges avec tout ces entraîneurs et les athlètes de haut niveau, comment le ferais-tu ?
Benoît Bayeux : Quelqu’un comme Pascal Boucherit m’a énormément appris. Il m’a suivi aussi dans ma formation, il a été mon maître de stage, on a fait de la bio-mécanique ensemble. Ensuite j’ai rencontré Philippe Renaud champion olympique en 1988 à Séoul, avec qui j’ai commencé mon métier d’entraîneur. Il était fabuleux. J’ai rencontré beaucoup d’autres personnes comme Jean-François Millot, et tant d’autres. Des gens qui m’ont marqué et envers qui je suis reconnaissant.
Les Secrets du Kayak : Quel était le sujet de ton mémoire de BE2 ?
Benoît Bayeux : C’était sur de la bio-mécanique et notamment l’étude des leviers de la pagaie. Je voulais essayer d’isoler la pagaie pour voir les actions de levier entre la main supérieure et inférieure, par rapport à l’ondulation de l’entrée de la pagaie.
Les conclusions sont que la main supérieure agit comme un levier. Elle est un point de rotation qui bouge. C’est vraiment la main inférieure qui va tirer l’eau en tournant l’épaule. Auparavant, lorsqu’on nous entraînait, on nous demandait pour rentrer la pagaie dans l’eau d’imaginer que nous donnions un coup de poing à quelqu’un. C’était un autre temps. Les évolutions techniques des pagaies ont permis une approche clairement différente.
Les Secrets du Kayak : A quelle hauteur faut-il mettre cette main supérieure ?
Benoît Bayeux : Moi je ne pagaie pas très bien, et ma main supérieure descend presqu’au niveau des genoux. Moi j’aime les gestes assez aériens. Je pense que les yeux sont un bon repère. Chaque pagayeur a sa position idéale. Il ne faut pas que ça tombe. C’est l’articulation par le bas qui reste importante. La main supérieure ne doit ni monter ni descendre.
Les Secrets du Kayak : Quand tu deviens entraîneur, tu es en charge de quoi, de qui ?
Benoît Bayeux : Dans les clubs on s’occupe de tout le monde y compris des scolaires, des centres aérés, des colonies de vacances. Moi à 95% du temps, j’entraîne les athlètes du club. Aujourd’hui après 28 ans de carrière les athlètes qui sont entrés en équipe nationale se comptent sur les doigts d’une main et demie. Ce qui est intéressant, c’est d’amener les jeunes vers de l’épanouissement. Le haut niveau, c’est bien mais ce n’est pas un but en soit.
Les Secrets du Kayak : Ça ressemble à quoi une journée d’un entraîneur de club ?
Benoît Bayeux : Ça dépend. En 1994, quand j’ai commencé c’était différent. Le métier a bien changé. La moitié du temps, on construisait les bateaux. On n’achetait pas les bateaux. On avait les moules de nos kayaks. Seuls les très grands champions avaient des bateaux fabriqués en usine. On construisait tout le matériel nécessaire, que ce soit les canoës de location, de loisirs. On résinait dans des conditions pas super. On n’avait pas de masque, les locaux n’étaient pas aérés. Mais on le faisait.
Et le reste du temps j’encadre les scolaires, les lycées, les STAPS. C’est un gros boulot que de les évaluer aussi. Je les mets dans des kayaks de mer, kayaks manœuvriers, en plastique. C’est un super public.
Les Secrets du Kayak : Aujourd’hui le métier d’entraîneur consiste en quoi ?
Benoît Bayeux : Aujourd’hui, je suis davantage sur une tâche administrative, je suis un peu trop souvent derrière un ordinateur à faire de la compta, préparer des bilans, des dossiers de subvention. L’autre partie du temps, je suis en bateau à moteur ou en kayak.
Les Secrets du Kayak : Un club, c’est une association. Il n’y a pas un secrétaire, trésorier, président qui s’occupent de faire cela ?
Benoît Bayeux : Aujourd’hui, le problème dans les clubs c’est qu’il y a de moins en moins d’élus qui veulent s’investir. Trouver un trésorier pour une grosse association, il faut quelqu’un qui a ces compétences. C’est compliqué à trouver. Il y a un trésorier mais je fais le boulot de comptabilité.
Les Secrets du Kayak : Je te pose ces questions puisque moi de mon côté, je forme des jeunes qui veulent devenir entraîneur en musculation. Et bien souvent l’idée qu’ils se font du métier ne colle pas avec la réalité. Ils ne pensent pas à l’aspect administratif du métier, la comptabilité. Ils pensent entraîner les meilleurs athlètes dans leur domaine, alors que bien souvent ce sont des gens comme Monsieur ou Madame tout le monde qui se fixent des objectifs à atteindre et qui vont avoir besoin d’eux pour cela. Ici dans le kayak c’est pareil, on pourrait penser que l’entraîneur passe ses journées à entraîner d’abord les écoles, puis le club, puis s’entraîne lui…
Benoît Bayeux : C’est un peu de cela, l’été on a les colo, les centres aérés, et le soir les entraînements club. Ce qui est riche, c’est qu’on change de public. J’aime encadrer un peu tout le monde. J’adore entraîner les athlètes du club, les jeunes, les plus vieux. Suivre les champions. J’essaie d’accompagner ces gens aussi par des subventions, des partenariats. C’est une grosse partie de mon travail.
Les Secrets du Kayak : Le club d’Angers est un groupement de clubs c’est bien cela ?
Benoît Bayeux : Oui. En 2015 et même avant on a créé l’ESACK c’est l’Entente Sportive Anjoux Canoë Kayak. On est une région avec beaucoup d’eau sur un rayon de 10km. Il y a donc 5-6 petits clubs. On se piquait les jeunes. Avec la générations 2000, on a eu un peu plus de jeunes. On a donc décidé de s’entendre pour ne pas se les piquer. C’est toujours difficile à vivre. Donc on a créé une entente.
On nous a mis des bâtons dans les roues. On a créé une association où on licencie nos sportifs. On n'a pas de moyens, on n'a que des adhérents qui veulent faire de la compétition. On a des clubs ressources qui alimentent et payent les déplacements. Comme cela, les jeunes courent tous sous le même maillot. On est devenu un club qui s’est tout de suite placé dans le top 10 français. Il y a une émulation formidable, les jeunes s’entraînent un coup dans un club et d’autres dans les autres clubs de l’entente, et ils adorent cela.
C’est compliqué à gérer. L’argent est le nerf de la guerre. Mais c’est une super aventure. On en est fier. On a fait venir des athlètes comme Vanina qu’on a pu suivre aux JO de Tokyo , et qui portait nos couleurs, on l’a adoptée.
Les Secrets du Kayak : Donc les trois clubs ont fusionné, mais il y a toujours les trois points d’accès à l’eau avec un entraîneur sur chaque entrée à l’eau.
Benoît Bayeux : Oui c’est ça. Souvent on monte le samedi et on se retrouve sur l’eau. Parfois il n’y a que 5 km qui séparent les clubs. Parfois on peut se retrouver à 15 sur l’eau. On a mutualisé les moyens, les déplacements en compétition sont plus simples. Les camions et les entraîneurs s’organisent mieux, des vacances sont possibles pour nous.
Les Secrets du Kayak : Tu parlais des sponsors. Comment ça fonctionne, il y a une personne dédiée à ça ? Pour que les athlètes se dégagent un maximum de temps pour s’entraîner ?
Benoît Bayeux : Non. Je m’en occupe un peu avec des bénévoles. C’est nouveau pour nous cela. On a une grosse mairie qui nous aide, et même pour le haut niveau. Vanina et Titouan sont aidés par la mairie. On fait partie des clubs élites. Pour avoir des partenaire à côté, c’est des relations. On a un grand restaurateur dans nos contacts, il connaît tout le monde sur Angers, il a réussi à trouver les partenaires de Vanina. On a aussi des anciens qui ont des relations qui nous permettent d’y parvenir. Et la lumière des JO nous a beaucoup aidé. Avant, c’était compliqué. Dès qu’on est arrivé au JO, ça nous a ouvert davantage de portes. On a toujours des parents qui viennent aider, des relations se nouent. Ça crée des liens, c’est passionnant.
Les Secrets du Kayak : Comment ça marche pour organiser des stages quand tu es entraîneur de club ? C’est de plus en plus dur avec les normes de sécurité ?
Benoît Bayeux : Normalement pour faire un stage, tu fais une déclaration à la DDJS. Mais quand tu fais un stage avec des adultes, souvent on oublie de la faire cette déclaration. Ce n’est pas le plus dur. Le plus dur, c’est la concordance de tous les emplois du temps. Si tu veux un super lieu, c’est à Mervent, la base est magique. En Vendée, Charente, en plein cœur d’une grande forêt. Le seul petit hic, c’est qu’on n’a pas le droit au bateau à moteur. Ça permet de naviguer un peu aussi. Tu as les petits avec les grands, c’est génial.
Tu as pleins d’endroits partout en France sympa pour faire des stages. J’essaie de faire attention au temps de trajet pour que ça ne grignote pas trop sur la semaine de stage. Apparemment en Espagne, les gens font du kayak comme ici les gens font du footing. Il faudrait que je passe voir mes athlètes qui vont bouger à Séville voir comment c’est.
Les Secrets du Kayak : Je suis souvent surpris dans les podcasts par le fait qu’après leur carrière, les athlètes arrêtent totalement la pratique du kayak. Toi qui est dans le milieu depuis longtemps, tu ne t’es jamais arrêté de pagayer ?
Benoît Bayeux : J’arrive à rester constant dans ma pratique. J’ai du participer environ à 80 championnats de France tout confondu. Ce qui est intéressant, je n’ai jamais performé certes mais en vétéran je me suis toujours entraîné, j’ai réussi à performer un peu. J’ai quelques médailles. Je me suis retrouvé avec Philippe Aubertin et Sébastien Maiyer sur le 200m dans le même dixième. J’aurai pu rêver de cela 20 ans avant.
Aujourd’hui, je navigue avec ces anciennes stars et c’est sympa. Certes, certains arrêtent mais pas tous. J’ai eu la chance après ton podcast d’avoir Philippe Boccara qui est venu sur Angers pour naviguer avec Pauline, il nous a fait un cours de kayak c’était un moment fabuleux. C’était comme dans ton podcast. Il était hallucinant. C’est l’un des grands moment de ma carrière. Je pense qu’il en a encore, c’est un monstre.
Les Secrets du Kayak : Comment tu t’entraînes avec l’âge ? Tu te sens moins stable qu’avant ?
Benoît Bayeux : Ça m’est arrivé de tomber en compétition ces derniers temps. Mais je n’ai jamais arrêté. Je reste relativement à l’aise. Je m’entraîne 4-5 fois par semaine. J’ai arrêté la musculation. Je fais abdos et gainage. Je me blessais trop souvent. Peu être parce que je n’ai pas eu tes conseils. Nous la musculation, c’était de la musculation empirique, on ne la faisait pas très bien. Je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de cela pour me maintenir à mon petit niveau.
Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu fais d’autres sports à côté du kayak ?
Benoît Bayeux : Oui je cours beaucoup. Actuellement, avec ma blessure je cours 4 à 5 fois par semaine. J’adore le ski. J’en fais dans le massif central, le Jura et les Pyrénées.
Les Secrets du Kayak : Toi qui a entraîné beaucoup de personnes, est-ce que l’envie, le spirit est quelque chose que tu arrives à déceler chez les jeunes que tu entraînes ? Qui n’ont pas le gabarit pour le kayak, mais qui ont cette envie ?
Benoît Bayeux : Oui, mais pas sur la première séance. Des Pauline ou des Vanina, c’est plus difficile à détecter dans les clubs. Ce sont des jeunes qui sont plus assidus, qui viennent régulièrement. Qui posent des questions, qui sont intéressées et investies. Je les trouve fabuleuses.
Les Secrets du Kayak : Comment est le plan d’eau chez toi ?
Benoît Bayeux : Pour moi, c’est le plus beau bassin du monde. Ça ne vaut pas Aiguebelette mais il est pas mal. Le matin, c’est un miroir. Parfois avec le vent, ça lève un peu. Mais il y a toujours des endroits abrités. On est une réserve ornithologique. Il y a 110 hectares pour naviguer. Tu ne peux pas suivre du bord mais il y a plein de balisages, deux grandes plages. Tu peux embarquer, débarquer. Pour moi, c’est un bel endroit. Je ne m’en lasse pas. Ça donne sur la Maine et la Loire. Tu peux remonter sur la Mayenne et sur la Sarthe.
Les Secrets du Kayak : J’ai fait le tour de mes questions, est-ce que tu voulais rajouter un point ?
Benoît Bayeux : Il y a quelque chose qui a marqué ma carrière. C’est un accident mortel en 1996, un saisonnier de la base. Il y a eu deux morts. Ça a marqué ma carrière, j’ai été mis en responsabilité alors que ce n’est pas moi qui encadrait. J’ai pris pour le club. Il y a eu un procès qui a duré très longtemps, avec des expertises. J’ai pris une peine de prison avec sursis. Mais ça a renforcé ma carrière. Aujourd’hui un salarié dans un club, tu l’écoutes. On peut dire non aux élus, notamment en terme de sécurité. Je me suis battu pour cela. Encore aujourd’hui, j’en parle parce que ça marque.
Les Secrets du Kayak : Merci pour tout et pour ton temps. Tu m’avais conseillé d’interviewer Philippe Renault. Est-ce qu’il y a une question que tu lui poserais ?
Benoît Bayeux : J’aimerais que tu abordes le côté familial de cette grande famille de canoë. Est-ce qu’il y a des gênes ? Lui c’était une référence techniquement !
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