Interview : Benoit Le Roux

Ceci est une retranscription écrite du podcast enregistré avec Benoit Le Roux en novembre 2021.

Les Secrets du Kayak - Comment vas-tu aujourd’hui ?

Benoît Le Roux : Salut Rudy, ça va très bien merci. Je suis allé courir aujourd’hui.

Les Secrets du Kayak : Tu es spécialiste de surfski, est-ce que l’hiver on fait du surfski ?

Benoît Le Roux : Oui, surtout en Bretagne. C’est à cette période qu’il y a du vent et les vagues qui vont avec. Il ne fait jamais froid aux mains en kayak. On se couvre les jambes et le buste pour ne pas avoir froid.

Les Secrets du Kayak : C’est d’ailleurs à toi que j’ai acheté mes premiers vêtements d’hiver que je mets toujours. Comment as-tu débuté le kayak ?

Benoît Le Roux : Tout petit grâce à mon père. J’ai même dû descendre ma première rivière dans le ventre de ma mère. Mon père était à fond dans la descente de rivière à cette époque.

Par la suite, lorsque j’étais enfant, il a fait pas mal de wave-ski, donc j’en ai fait. J’ai vraiment découvert le kayak en bord de plage au départ, puis en grandissant j’ai pris une licence au club de Brest.

La grosse partie de l’année, on navigue en mer, dans le port avec des bateaux manœuvriers sur le plat. Et en kayak de mer, on allait jouer dans les vagues. L’hiver on allait sur les Landes, une petite rivière à côté.

Je faisais du slalom et de la descente. J’ai touché un peu à tout en terme de disciplines. Après en cadet lorsqu’on faisait les championnats de France eaux-vives, il y avait encore une ambivalence slalom et descente. Et j’ai même continué en junior.

J’ai aussi fait de la course en ligne, j’ai fait les traditionnelles régates de l’espoir en minime. En cadet, je suis parti sur l’eau-vive et la mer.

Petit j’ai aussi fait un peu de foot, de judo. Je voulais commencer la kayak en poussin à 8 ans mais je ne nageais pas très bien. Donc mon père m’a envoyé faire une année de natation afin de savoir nager avant de prendre une licence de kayak.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que tu te distinguais des autres en eau-vive ?

Benoît Le Roux : Je me débrouillais bien. En eau-vive, j’ai fait troisième en cadet en championnat de France sur le combiné slalom/descente. J’avais un niveau équivalent sur les deux. J’ai fait les deux jusqu’en junior. Puis beaucoup de descente de rivière, j’ai été champion de France de descente.

Ensuite, je me suis spécialisé en descente en équipe de France de descente jusqu’en 2008. Mes entraînements se sont faits sur du plat essentiellement et en stage sur de la rivière. A Brest, on essayait de trouver des zones qui se rapprochent de la rivière.

J’ai commencé à m’entraîner sérieusement en cadet. En junior, j’étais à Brest ensuite je suis allé à Rennes au pôle espoir. J’étais avec Arnaud Hybois. On a fait pas mal de descente ensemble.

J’ai fait ma terminale à Rennes, et ensuite j’ai fait une licence en matériau composite ce qui m’a amené à Lorient, donc j’ai refait du kayak en mer. J’avais déjà dans l’idée de construire des bateaux.

En descente, je n’ai jamais été champion du monde mais j’ai toujours été le bon partenaire d’entraînement. Pour faire partie des meilleurs, il me manquait de la rigueur. Je n’ai jamais été un acharné.

J’étais toujours coaché par Nicolas Laly. Donc j’avais un bon suivi et un bon partenaire d’entraînement. On avait de bonnes opportunités pour faire de la rivière.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’en mer, tu naviguais en bateau de descente ?

Benoît Le Roux : Oui, chose incompréhensible aujourd’hui. Quand tu as goûté à un surfski avec un gouvernail, c’est nul. Mais au moins quand tu sais faire du vent de travers en bateau de descente en mer, tu sais l’emmener partout où tu veux ton bateau de descente.

Les Secrets du Kayak : Comment on apprend à lire un plan d’eau ?

Benoît Le Roux : Ça s’explique en terme de placement. Je peux expliquer des petites choses pour le surfski, mais avec du recul et de l’expérience que j’ai à aujourd’hui.

Ça fait trois, quatre ans que je réfléchis à ce que je fais en mer, avant ça n’était que du feeling.

Les Secrets du Kayak : Avec Renaud, on se disait justement que les meilleurs savaient lire la mer de manière instinctive.

Benoît Le Roux : C’est à force d’essayer et de pratiquer que tu sais. Il faut essayer plein de truc dans tous les sens. J’ai toujours bien aimé jouer avec les limites des bateaux. De ce faire prendre de travers, essayer de les ramener. Jouer avec tout ce qui est possible, c’était de la recherche personnelle de sensations. J’en ai pris des gamelles !

C’est comme en slalom lorsque tu tentes des figures. Je suis toujours allé au bout. En surfski, c’est différent du kayak. En kayak tu embarques d’une berge, d’un ponton, on ne se mouille pas les pieds. Alors qu’en surfski il faut être dans l’eau, ça fait partie de l’activité. Pousser le bateau dans ses limites n’est pas un problème.

Les Secrets du Kayak : Pourquoi arrêter la descente en 2008 ?

Benoît Le Roux : 2006 2007 et 200, ce sont des années consacrées que à l’entraînement en descente. Je n’avais pas spécialement de boulot. J’ai fini mes études en 2006, et à un moment donné il fallait travailler. J’avais ce projet de création d’entreprise.

Et j’ai eu mon premier enfant en 2009. Je me suis lancé donc sur d’autres projets. Je voulais fabriquer des kayaks. J’ai commencé en 2009.

Les Secrets du Kayak : Ta marque c’était O’Kréa, d’où vient le nom ?

Benoît Le Roux : O pour océan, Kréa pour création, avec le K du kayak. J'ai créé ma marque parce que je pensais faire mieux que ce qu’il y avait sur le marché.

J’ai eu la chance de faire ça au tout début du surfski en France. La position n’était pas optimale, nulle d’un point de vue de l’ergonomie. Et mon premier surfski, c’était mon père qui l’avait importé, j’ai commencé par le découper pour modifier le cockpit. J’ai retrouvé ainsi une position à mi chemin entre la course en ligne et la descente. La hauteur de siège se rapproche plus du bateau de descente.

Je n’ai pas pris les risques tout seul au départ. J’avais fait mon stage de fin de licence chez Polyforme, qui fabrique des kayaks de mer, ce qui m’a permis de refaire une saison pôle France descente.

A ce moment là, mon projet de stage c’est de créer un surfski pour la marque. J’ai ensuite été embauché chez eux pour le finir. Ensuite ils ont arrêté leur fabrication au moment où j’ai monté mon entreprise, ils m’ont offert la forme que j’avais créé chez eux.

L’idée de cette forme de bateau, c’était qu’on courait sur des bateaux importés d’Afrique du Sud, avec un gabarit moyen d’1,90m pour 90 kg. Et par rapport au gabarit moyen des pratiquants en mer à l’époque en France, c’était plutôt des gabarits de descendeurs soit 1,75 pour 70 kg.

Les bateaux étaient trop gros, donc j’ai fait une réduction de volume. J’ai fait une préforme en mousse, et je voulais faire un bateau de 6m au lieu de 6,50m. La forme du bateau fonctionnait déjà bien.

Le premier prototype testé, ça ne marchait pas super, il a fallu faire des modifications. Et mon père m’a bien aidé, il avait une expérience que je n’avais pas puisque lui avait créé des formes pour développer la pratique en mer.

Rappelons que les plus anciens construisaient eux même leurs kayaks. Et il travaillait pour la ville de Brest au centre nautique. Il a bricolé quatre ou cinq formes. Il a créé les premiers merathons dans les années 1990. Il avait eu l’idée parce qu’il avait vu quelques surfski, et puis il avait fait partie des pionniers du wave-ski en France.

Les Secrets du Kayak : Quand tu essayes ton premier bateau, le « 16 », est-ce que tu es content du résultat ?

Benoît Le Roux : Une fois que la préforme est finalisée, c’est clair que c’était un bateau hyper joueur. Tu l’emmènes où tu veux, il est maniable, vif. Ensuite je lui ai fait des modifications, je l’ai appelé l’« Oya ». Je lui avait modifié le pont. Mais c’est la même coque.

Le bateau a eu du succès car assez unique. C’était un des premiers surfski de 6m. Moi j’étais leader sur le circuit français, d’autant plus que quand le bateau gagne des courses, tout le monde le veut.

Les Secrets du Kayak : La fabrication était très artisanale ?

Benoît Le Roux : Oui c’est moi qui faisait tout de la conception à la vente.

J’ai fait ensuite d’autres bateau pour répondre à d’autres publics. J’ai fait des K2 qui ont aussi bien marché car fabriqués en France.

Ma chance c’était que les bateaux en provenance d’Afrique du sud n’étaient pas confortables. Mon K2, le « Morfal » a plu à tout le monde. J’ai gommé la bosse qui te faisait basculer en arrière dans une position où tu ne peux pas pagayer correctement. Tu dois garder un minimum de bosse pour garder un certain volume de bateau pour pas que le bateau ne se remplisse d’eau lorsque tu prends les vagues. Il y a toujours un compromis à faire.

Après le K2, j’ai fait le Omania, qui est un bateau considéré débutant à l’époque mais qui aujourd’hui est plutôt un bateau intermédiaire.

J’ai aussi fait le Marmousse, un projet développé avec le comité départemental du Finistère. L’idée c’était de faire un bateau adapté aux enfants. En fait, dans le Finistère il y a les coupes du Finistère en kayak de mer. Donc en 2010, les enfants couraient avec des kayaks de mer traditionnels.

L’idée c’était de créer une forme plus compétitive proche de ce qui peut se faire en course en ligne pour les enfants. Le département s’engageait à commander un parc de bateau si je me lançais dans la fabrication.

C’est un bateau qui commence à se faire un nom, d’autres clubs me contactent. Donc si des personnes ont des solutions de production, je suis preneur. C’est une de mes plus belles réussites.

Les Secrets du Kayak : Qu’est-ce qu’il a de différent ce bateau par rapport au surfski ?

Benoît Le Roux : Ce en quoi il est différent c’est que dans le projet on voulait la polyvalence mer / course en ligne. Mais ça devait être un bateau avec lequel les clubs pouvaient faire de la descente, de la mer et de l’eau calme.

Il y avait un pont amovible dessus, un petit capot, un gouvernail relevable sur l’arrière et au final les capots sont restés au fond des clubs. Ça n’a pas si bien marché.

Au niveau de la forme l’idée, c’était d’avoir un bateau qui fasse aussi descente. Donc en longueur, il fait 4,50m. Il est adapté pour les enfants de 8 à 12 ans.

Ensuite, j’ai fait l’« Ozo », plus stable que le « 16 » mais aussi rapide. Il est un peu plus large, il a une longueur de flottaison plus importante, ce qui joue sur sa rapidité.

La ligne de flottaison, c’est la longueur de la partie immergée. Il était davantage dans l’eau que le « 16 ». Et l’« Ozo » fait 15cm de plus en longueur. Il fait 42-43cm, donc plus large au niveau du bassin. Il est plus stable donc tu engage plus le bassin et tu as une meilleure propulsion.

Les Secrets du Kayak : C’est assez intéressant d’avoir un surfski où tu es plus dominant sur l’appui. Pourquoi personne d’autre ne le fait ?

Benoît Le Roux : Je ne pense pas avoir été copié dans le sens où quelqu’un ait fait un moule de mon bateau. Je pense que la plupart des fabricants sont allés vers une modification des cockpits.

À l’époque chez Polyforme, les deux pieds étaient séparés. En 2005, j’ai fait en sorte de rassembler les pieds.

En 2005 sur une course à Tahiti, j’ai vu Oscar Chalupsky avec un Epic et il venait de faire cette modification aussi. Je pense que de plus en plus de kayakistes se sont mis au surfski et ils ont voulu se rapprocher d’une position de kayak de course en ligne.

J’ai été à fond dans la descente avec l’équipe de France, et dès que je le pouvais, je m’alignais en surfski et j’ai performé bien plus qu’en descente.

Le premier championnat du monde de surfski a eu lieu en 2013. C’était relativement facile de faire un top 3 à ce moment là.

Au moment où je m’investis dans mon entreprise, j’ai lâché la descente, je naviguais en surfski et il fallait montrer mes bateaux, donc je concourais en surfski. J’étais mon meilleur ambassadeur. Ça s’est développé en France, le niveau a bien monté.

Après l’« Ozo », j’ai refait le « Oya » qui reprend la coque du « 16 » avec un pont et j’ai tout relooké, idéal pour les petits gabarits et notamment les filles. Ma femme Angie est sur mes bateaux. Beaucoup sur l’« Oya » et aussi sur le dernier que j’ai fait (non commercialisé). C’est le Ixo. c’est une évolution de l’« Ozo ».

Sur les dernières années, j’ai réessayé d’autres marques pour comparer. Par rapport aux dernières générations de Fenn, ils manquaient d’inertie. Je voulais faciliter le départ et le maintien du bateau. J’en ai deux ici et deux en Guadeloupe.

Les Secrets du Kayak : Pourquoi as-tu arrêté de faire tes bateaux ?

Benoît Le Roux : C’est un épuisement général physique et mental. J’en avais assez de passer beaucoup de temps pour ne pas gagner grand-chose.

Il aurait fallu changer d’échelle de production. Que je trouve quelqu’un pour s’occuper de la commercialisation, une entreprise pour s’occuper de la production, pour que je me concentre sur la conception. Je n’ai pas vraiment cherché à obtenir tout cela.

Les Secrets du Kayak : Aujourd’hui, tu fais quoi comme travail ?

Benoît Le Roux : Je suis éducateur sportif dans le kayak. J’ai arrêté l’entreprise en août 2019, dans la foulée j’ai passé mon BPJEPS au sud de Quimper.

Je ne m’occupe pas d’un club en particulier. Je suis en micro entreprise et donc je fais différentes missions et là je m’occupe des formations des futurs moniteurs de kayak, afin de leur transmettre la passion.

Les Secrets du Kayak : Tu disais en rigolant : «  si quelqu’un essayais de relancer la production… » est-ce un appel du pied ?

Benoît Le Roux : Oui, je garde une certaine frustration de ne pas être allé au bout. J’ai mis toute l’énergie que j’avais mais il reste des moules à exploiter. Je me suis fait une raison. Mais si ça pouvait continuer, j’en serais heureux.

Les Secrets du Kayak : Combien de temps tu mettais à faire un bateau ?

Benoît Le Roux : En temps cumulé 35h. Entre le temps de la commande et la livraison le délai est de trois mois. Suivant les périodes, il y avait plus ou moins une liste d’attente.

Les Secrets du Kayak : Est-ce quand tu lances ton entreprise, tu continues de pagayer dans l’objectif de la compétition ?

Benoît Le Roux : Au début j’ai levé le pied. J’ai fait mes premières années sur mes acquis. Finalement de pagayer un mois avant les échéances, c’était suffisant pour s’y remettre. Le corps a une mémoire des acquis des années précédentes. Je ne m’entraînais pas comme un acharné, mais par envie.

Je m’y suis remis davantage à cause ou grâce à Angie. Je l’ai rencontré au club de Brest. Elle est plus jeune de huit ans. Quand je lui ai proposé de courir sur l’un de mes bateaux, c’était la folie pour elle.

On s’est rapproché par le surfski, et ça m’a remis à l’entraînement. Elle était partie six mois en Afrique du Sud en 2013, c’est à son retour que je m’y suis remis. D’autant plus qu’elle est rentrée avec d’autres visions de l’entraînement que ce soit par rapport à l’entraînement en groupe, ou les plannings d’entraînement en mer.

Après moi, j’étais à une heure de la mer, donc je bougeais une fois par semaine pour aller en mer, sinon je faisais beaucoup de canal. En 2019 on s’est rapproché de la mer à 10 minutes. Donc maintenant je fais quasiment que de la mer.

Les Secrets du Kayak : Tu parlais de faire un stage en Guadeloupe en janvier, tu es reparti à fond dans l’entraînement ?

Benoît Le Roux : J’ai eu du mal à mener tout de front. Depuis que j’ai arrêté la boite, je voulais performer en championnat de France, comme Angie. Je me suis raccroché à sa planification, on a beaucoup navigué ensemble, moi je mettais des freins.

Finalement, quand j’ai vu aux piges que j’étais dans le coup, j’ai continué la saison avec elle.

Les Secrets du Kayak : De mon expérience coacher sa femme, ce n’est pas à faire, donc je me demandais comment vous faisiez ?

Benoît Le Roux : Je te rejoins, ce n’est pas simple. Nos premières expériences communes en équipe de France n’ont pas été simples à vivre. Chacun a son stress.

Depuis ça va mieux mais la coacher elle, non. Elle fait son entraînement avec son entraîneur, avec Arnaud en 2019. Aujourd’hui, elle a un autre entraîneur, une autre équipe.

Niveau physiologique, elle fait son truc. Ensuite, on fait du K2 ensemble. J’essaye de lui apporter de la technique, et on s’apporte l’un à l’autre.

Les Secrets du Kayak : Est-ce que vous faites des séances hors du bateau également pour le surfski ?

Benoît Le Roux : Ça dépend des gens. Moi je consacre beaucoup de temps au bateau. Je n’ai pas trop couru cette année. Sinon je fais de la natation mais je n’en fais pas assez.

De la musculation en salle, j’en ai pas fait depuis longtemps. Par contre je suis davantage sur de la musculation spécifique bateau, travailler différemment les muscles par du spécifique.

Tout comme utiliser des bateaux de sauvetages côtiers beaucoup plus lourds. Tu fais ainsi une musculation embarquée, et tu es obligé de savoir lire les vagues, sinon tu pagayes pour rien.

Les Secrets du Kayak : Quel est ton secret pour avoir une telle endurance de force pour ne jamais cramer ?

Benoît Le Roux : Je ne suis pas certain de ne jamais cramer. Je pense qu’une des clés c’est d’être fainéant, en faire le moins possible, et pour cela il faut savoir placer le bateau au bon endroit, au bon moment.

Je pense que cet aspect du kayak, je peux l’expliquer et le retranscrire. Le fait de s’être rapproché de la mer je navigue d’avantage en mer, à force tu attrapes des automatismes, et je me suis mis à naviguer plus intelligemment, pas que sur de l’instinct.

Analyser, expliquer ce que je fais, c’est ce qui peut me permettre de l’expliquer à d’autres. Les coups de pagaie c’est être dans le tempo des vagues, pour aller le plus vite possible avec le moins de coups de pagaie possible. Tu as plus à gagner à optimiser ton coup de pagaie.

Parfois, il faut savoir poser sa pagaie sur l’eau pour mieux stabiliser et relancer derrière, c’est paradoxal parce que techniquement ça te freine.

Les Secrets du Kayak : Est-ce qu’il y a des clubs de surfski qui existent en France ?

Benoît Le Roux : Oui. Avec des gens qui ont cette connaissance là ? Très peu. Ça va être Nicolas Lambert au Grau-du-Roi, David Szlachta à Cherbourg. Avec ce niveau d’expertise, ce n’est pas évident.

Ce sont des choses qu’on a appris de nous même en 10-15 ans pour les comprendre. On est la première génération à pouvoir le retransmettre. Il faut naviguer en mer. En anglais, tu as Oscar, qui navigue depuis 50ans.

Les Secrets du Kayak : Quand on fait du kayak, on n’est pas mieux dans le Sud qu’en Bretagne ?

Benoît Le Roux : On est bien en Bretagne ! Le surfski y est bien développé. Le climat est rude mais y être habitué on s’adapte, on s’équipe.

Les Secrets du Kayak : Tu vendais les vêtements Vaikobi, c’est ce que tu trouvais de mieux lorsqu’il faisait froid ?

Benoît Le Roux : Quand il fait très froid, non. Ce sont de bons vêtement pour de mars à octobre, après c’est juste. C’est pour de l’hiver Australien.

Pour l’hiver breton, il faut passer sur du néoprène en 3/2 mm, avec un coupe vent. Les combinaisons de surf sont biens souples en général.

La mienne, c’était une Roxy modèle femme. Il ne faut pas prendre de combinaison de plongée.

En hiver, on part dans des conditions engagées, il faut prévoir de survivre dans l’eau 30 min avant que quelqu’un vienne te chercher.

Tu n’es pas à l’abri de perdre ton bateau, ton leash peut casser. Il faut sortir avec un moyen de communication. Il y a des accidents en surfski en Afrique du Sud ou en Australie qui te font réfléchir.

Les Secrets du Kayak : Tu n’as jamais fabriqué de pagaie ?

Benoît Le Roux : Si quand j’étais étudiant, dans mon garage. Je voulais lancer une production, j’étais en discussion avec Jantex et au final celles de Jantex sont top, donc j’ai abandonné l’idée.

C’était pour essayer des changements d’appuis pour adapter au surfski. J’ai toujours été animé par le côté création même si ce n’est pas toujours une réussite.

Les Secrets du Kayak : Quels sont tes objectifs aujourd’hui ?

Benoît Le Roux : Je n’en ai pas vraiment, je vais partir un mois en Guadeloupe pour le stage. Cette saison, j’ai gagné le championnat de France malgré le covid. Cet été, j’ai ramé à fond pour les gagner. Je suis toujours dans le game dix ans après.

Pour la saison prochaine, on ne sait pas encore. Les championnats du monde devaient avoir lieux en Nouvelle-Zélande mais ça serait plus le Portugal, on n’a pas de visibilité avec le contexte.

Donc la Guadeloupe fin janvier c’est pour faire The Race. Avec 10 jours de surfski au chaud. Ça va relancer la machine.

Et je refais un peu de rivière à la maison en bateau de descente ou les K2 de marathon. On a de quoi descendre pendant 1 à 2h ici.

Les Secrets du Kayak : As-tu déjà fait des compétitions de kayak marathon ?

Benoît Le Roux : En Ardèche, mais sinon type Sud Afrique non. Avec Angie à son retour d’Afrique du Sud, on a fait du surfski marathon. On a gagné les championnat en K2 mixte cette année là. On y a fait forte impression.

Les Secrets du Kayak : On peut prendre des leçons en mer avec toi ?

Benoît Le Roux : C’est quelque chose que j’aimerais mettre en place. Faire des petits camps d’entraînement ça peut être sympa.

Vous pouvez contacter Benoit directement sur sa page Facebook.

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